— Tu es égoïste, Rubis. Hier soir, Gauthier s'est fait un sang d'encre parce qu'il n'avait plus aucune nouvelle de toi. Il n'arrêtait pas de me répéter que si tu étais avec ta mère, tu pouvais au moins répondre à ses textos... Il m'a envoyé une tonne de messages, c'est à peine si j'ai réussi à fermer l'œil de la nuit !
C'est étrange. Lorsque j'ai regardé mon téléphone, ce matin, il n'y avait rien. À moins que...
Évidemment. Nomis a pris un malin plaisir à brouiller les ondes.
— Tu veux dire que ça l'a vraiment tracassé ?
— Bien sûr ! Quand est-ce que tu réaliseras que malgré son fichu caractère, il tient énormément à toi ?
En partant, jamais je n'aurais pensé que le Diamant se serait autant inquiété : c'est bien la preuve qu'il ne joue pas – ne joue plus – avec moi.
Confuse, honteuse aussi, je décide d'écouter Alix et d'aller lui parler.
Quelques minutes après être sortie des Appartements, je reçois un énième appel de sa part. Pour une fois, je décroche. En entendant le soupir de soulagement à l'autre bout du fil, je ne peux m'empêcher d'éclater de rire.
— On se rejoint sur la terrasse près de l'amphithéâtre dans dix minutes, et c'est non négociable.
Pas besoin d'en dire plus. Lui comme moi préférons nous parler en face et non à travers une conversation téléphonique. C'est plus naturel.
J'ignore comment, mais il réussit à arriver avant moi, alors que le balcon n'est situé qu'à quelques pas d'où je me trouvais quand il a appelé.
Question bête. Il guettait sûrement le moment où je sortirais de ma tanière. Si je n'avais pas décroché, j'aurais eu droit à un kidnapping dans les règles de l'art.
Adossé à une colonne, le visage tourné vers le soleil couchant, il ressemblerait presque à Apollon descendu de l'Olympe, si sa posture ne trahissait pas sa colère.
Ses traits sont crispés, eux aussi, plus encore que lors de notre dernière entrevue. Ça s'annonce plutôt mal pour moi, on dirait.
En passant devant lui pour m'asseoir sur le banc de marbre, j'ai l'impression d'être une condamnée à mort face à son bourreau.
Pourtant, mon tortionnaire n'entame pas immédiatement son labeur. Il prend le temps de me laisser observer le crépuscule avant d'ouvrir la bouche et de laisser parler son cœur :
— J'ai discuté avec Aaron, aujourd'hui.
Je n'émets aucune réaction, alors il continue :
— Brièvement. Pas plus d'une minute. Je n'ai même pas parlé, en fait. Tu sais à quel point il peut être bavard...
Il attend une réponse, un signe de ma part ; je le sens. J'articule lentement, savourant les derniers instants avant que le couperet tombe :
— Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
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ESMANTIUM
FantasySeule. Rejetée. Incomprise. Rubis n'a plus rien à espérer, mais une pierre précieuse va tout changer. *** Quand Rubis Brightwood, adolescente tourmentée et asociale, décide de se rebeller, son quotidien de lycéenne devient un enfer. Élève indésirab...