Chapitre 104

6.9K 904 409
                                    

La pointe de jalousie qui perce dans sa voix est évidente, un peu trop selon moi

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

La pointe de jalousie qui perce dans sa voix est évidente, un peu trop selon moi.

S'il se doute un instant de l'évolution de ma relation avec Gauthier, je ne donne pas cher de sa peau.

Ni de la mienne, d'ailleurs.

Si les choses deviennent un peu plus sérieuses entre nous, je serai bien obligée de le dire à mon ami, mais si ça ne dure pas, autant que cette histoire reste secrète. Elle fera bien moins de dégâts ainsi.

— Tu es devin, ou quoi ?

— Pas besoin ! Tu passes tellement de temps avec lui. Même un charlatan serait capable de te prédire l'avenir : un Diamant, des papillons roses et des licornes multicolores. Tu as bien conscience qu'il n'est pas clair, au moins ?

Un air de dégoût s'affiche sur mon visage, qu'Aloïs remarque aussitôt. Il grimace.

Son hypocrisie est tellement déroutante que je suis obligée de me détourner de lui pour ne pas le fixer en lui sortant ma réplique cinglante. Mes yeux rencontrent pourtant un autre regard que le sien, entouré de cheveux de bronze aux reflets de diamant.

Aaron.

Les dizaines de luminaires pourpres déteignent sur ses mèches, et cette couleur m'est tellement familière que j'en oublie instantanément ce que j'allais balancer au Saphir.

Sa présence est tout sauf un hasard, après la menace qu'on m'a envoyée ce matin.

Il vient s'assurer que je serai bien à la stèle ce soir.

J'ai beau être une sorcière, le voir disparaître pendant des semaines pour revenir le jour même où je reçois un message incongru de Nomis, c'est tout sauf une coïncidence.

Et c'est suffisant pour planter Aloïs sans lui donner aucune explication.

Croyez-moi : se frayer un chemin entre les allées de la salle, c'est le meilleur moyen de connaître les dimensions exactes du pôle pédagogique.

Alors que je déambule à travers les rangées en fixant l'épi pourpre, éclat fugace se noyant dans l'herbe rouge, une foule de plus en plus dense se regroupe près des gradins. De façon totalement inconsciente, j'expérimente la technique de Gauthier et zigzague entre les chaises.

Mes calculs sont exacts, même si quelques centimètres d'approximation suffisent pour me prendre un Rubis en pleine face.

Un instant décontenancée, je reprends mes esprits et me rue sur Aaron, qui affiche une mine surprise. Il devrait se lancer dans la comédie : il a un sacré talent d'acteur !

L'utilisation de la magie sur les étudiants est théoriquement interdite à Talesia, mais j'hésite grandement à lui lancer un sort de pétrification pour me laisser le temps de lui donner une bonne paire de baffes ou le propulser à l'autre bout de la planète, histoire de ne pas le revoir avant un bon moment. Mais, soucieuse de ma réputation, je me contente de lui lancer une petite pique sur un ton sarcastique :

ESMANTIUMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant