Chapitre 124

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— Pas besoin d'être devin pour savoir que je ne l'ai toujours pas retrouvée

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— Pas besoin d'être devin pour savoir que je ne l'ai toujours pas retrouvée. Je suis nul à ce jeu !

— Ce n'est pas toi qui n'es pas assez bon. C'est lui qui est trop fort.

— Merci, Rub's. C'est gentil. Dommage que tes paroles ne parviennent pas à émouvoir mon petit cœur de pierre, lui qui n'aspire qu'au réconfort.

— Il doit y avoir un moyen de te sortir de là ! Il existe toujours une clé pour se défaire d'une malédiction, ça fait des jours que tu me le répètes.

— Tu as bien appris ta leçon, lance-t-il d'une voix amère. L'ironie du sort, pour une personne qui ne ressent rien, c'est que la solution est débordante de sensibilité. D'après les quelques shamans que j'ai été consulté, je dois « trouver le véritable amour » pour m'en sortir. Plutôt triste lorsqu'on sait que mon âme sœur, la seule et unique personne que j'étais, suis et serai capable d'aimer, est morte sous mes yeux.

Je ne peux m'empêcher d'éprouver de la compassion à son égard. Malgré toutes les atrocités qu'il a pu commettre, Aaron ne mérite pas d'endurer ça.

Aucun homme ne le mérite.

— Tu ne peux rien faire pour m'aider, poursuit-il, anticipant déjà ma demande. Pendant des années, j'ai tout essayé, mais ça n'a jamais fonctionné : coup d'un soir, agence matrimoniale... Rien que tu ne désires réellement savoir.

Des craquements de brindilles résonnent dans la forêt, signe que quelqu'un arrive. Le Diamant se rapproche de moi, comme si son corps suffisait à me camoufler aux yeux de l'intrus.

— Voilà, je t'ai tout dit. Je sais que je peux te faire confiance...

— Mais il y a toujours un « mais ».

— Exactement.

— Tant que tu ne me tues pas, je comprends.

— Pourquoi devrais-je exclure le meurtre de mes possibilités ?

— Parce que ce serait trop facile et vu ce que tu as vécu, je suis désormais certaine d'une chose : tu aimes la difficulté.

— Très bien, même si tu ne vas plus en être sûre pour très longtemps. Prête à oublier cette conversation ?

— Seulement si tu me dis une chose avant.

— Je t'écoute.

— Si ton âme revient, ça veut dire que tu pourras ressentir la peine et la douleur qu'aurait dû te causer la perte de Camille, non ?

— Je suppose que ça fait partie du contrat, oui.

— Et ça ne te dérangerait pas de te retrouver plus seul que tu ne l'as jamais été, de te noyer dans une mer de désespoir ?

— Non, parce que ce sera le seul moyen pour moi de faire mon deuil, de la laisser partir.

Je hoche la tête en signe de compréhension, m'attendant à tout moment à redevenir celle que j'étais il y a quinze minutes plus tôt : la Rubis méfiante d'un Aaron dont elle ne voyait que le reflet transfiguré d'une silhouette mal-éclairée.

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