Chapitre 113

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Je m'empresse de l'éloigner de ce fichu rocher avant que mon corps ne soit trop faible pour le déplacer

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Je m'empresse de l'éloigner de ce fichu rocher avant que mon corps ne soit trop faible pour le déplacer.

Avec le peu de forces qu'il me reste, je l'allonge sur le côté ; l'un des seuls apprentissages de ma vie de mortelle qui m'est encore utile.

La main du Saphir s'agrippe à la mienne. Difficile de savoir lequel rattache l'autre à la réalité. Est-ce lui ? Est-ce moi, l'ancre ? Il entrouvre les yeux et murmure d'une voix faiblarde :

— J'allais l'avoir, il ne me restait plus qu'à tendre le bras et...

Mais mes oreilles ne l'entendent plus. Ma tête est trop lourde à supporter. Sans pouvoir lutter, je plonge dans un long, très long sommeil...

💎💎💎

Au début, je ne distingue pas grand-chose.

J'erre un bon moment entre cauchemar et réalité, avec cette impression terrible de tomber dans un gouffre sans fin. La même scène se répète inlassablement, sans un seul instant de répit pour mes membres endoloris.

Après une énième chute, mes pieds percutent le sol.

Le choc est tellement brutal que je laisse échapper un cri, qui se transforme bientôt en sanglots. J'ai mal, affreusement mal. Une douleur m'oppresse la poitrine, me transperce de part en part. Cette sensation ne m'est pas inconnue.

Cette absence étouffante, ces pleurs répétés... C'est l'isolement qui me gagne à nouveau, encore plus vif que dans mes souvenirs...

Tic, tac, tic, snif, tac, tic, tac, snif...

Les spasmes coïncident strictement avec le balancier de l'horloge, mécanisme presque rouillé tant il est devenu routinier.

Tous les jours, c'est la même mélodie.

Une porte qui claque, la serrure qui se rétracte, une douzaine de pas puis une ou deux larmes qui coulent, et le rituel qui commence.

Roulée en boule sur son vieux canapé, en proie à une solitude totale, la jeune fille reste sans bouger durant une heure, parfois deux, seule.

Quand cela a-t-il débuté ?

Depuis combien de temps les maux l'assaillent-ils ?

Pourquoi ?

Elle ne se rappelle plus, tout est beaucoup trop confus. Les sanglots redoublent, et le trou s'agrandit.

Rubis.

Une voix, enfin.

Est-ce le fruit de son imagination ou un véritable appel ?

Ce n'est qu'un murmure, prononcé tellement bas qu'elle croit l'avoir rêvé. Pourtant, elle se raccroche corps et âme à ce dernier espoir, une nouvelle jointure à sa corde effilée.

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