Chapitre 39

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Plume verte, plume verte,

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Plume verte, plume verte,

Espoir, lueur d'émeraude,

Au revoir chère Solitude.

— On ne retourne pas à la stèle ? je demande, de plus en plus perdue.

— Non.

— Alors où va-t-on ?

— Quelque part.

— Ça te dérangerait d'être un peu plus explicite ?

— Oui.

— Mais qu'est-ce que j'ai fait ? À croire que tu es vraim...

Les mots restent bloqués au fond de ma gorge. Alors qu'il était devant moi pendant tout le trajet, Gauthier se retrouve subitement derrière mon dos, un doigt sur mes lèvres et la main sur mon ventre, m'empêchant de faire un pas de plus.

L'idée de le mordre me traverse l'esprit, mais je me résigne. Mieux vaut éviter de le contrarier davantage.

Avec une précaution extrême, je pivote sur moi-même pour me retrouver face à lui. Je l'asphyxie probablement avec mon soupir, mais peu importe.

C'est la deuxième fois aujourd'hui que nous sommes aussi proches l'un de l'autre.

C'est un moyen de pression, une façon de me faire comprendre que c'est lui, le plus fort. Il n'a sûrement pas tort, cela dit, même si ce n'est pas moi qui irai dans son sens.

Pas cette fois.

— C'est drôle, j'allais justement...

BOUM.

— Aïe ! Ça va pas, ou quoi ? T'es complètement malade !

Je suis bien contente d'avoir assez de souffle pour lui faire remarquer que son croche-patte était particulièrement stupide et déraisonné. Si Gauthier veut me faire taire, il peut bien trouver autre chose que m'étaler par terre pour ensuite me rattraper de justesse, le tout en installant une proximité déconcertante entre nos deux corps.

En plus, il n'est même pas fichu de me relever complètement : je dois m'agripper à ses épaules pour ne pas perdre l'équilibre.

Il devrait commencer à me connaître maintenant ! Il aurait dû savoir qu'éviter la chute, c'est mission impossible pour moi.

Ou il l'a anticipée.

Difficile à dire, quand on le voit là, par terre, étalé en pleine rue, une pauvre fille enchevêtrée entre ses pieds. Pour une fois, je n'ai pas envie de fustiger la quelconque administration en charge de l'éclairage de nuit – leur oubli m'évite la honte des pavés.

C'est ce que je crois pendant un instant, à tort.

Les pierres ont beau rester insensibles, un passant semble s'amuser de notre cascade. Un ricanement nocturne qui me fait froid dans le dos, dos auquel Gauthier s'adosse pour me chuchoter :

ESMANTIUMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant