Chapitre 18

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Au fur et à mesure que les gradins se remplissent, le phénomène se répète, tant et si bien que je commence à me demander si la réaction des autres élèves à mon passage ne résulte pas d'une anomalie personnelle

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Au fur et à mesure que les gradins se remplissent, le phénomène se répète, tant et si bien que je commence à me demander si la réaction des autres élèves à mon passage ne résulte pas d'une anomalie personnelle.

Alors que je débats intérieurement sur le sujet, une fille aux cheveux d'un noir de jais m'interroge du regard pour savoir si elle peut s'asseoir à côté de moi. J'acquiesce d'un signe de tête, en me souvenant qu'elle fait partie des rares adolescentes à ne pas avoir eu besoin d'effectuer un aller-retour à l'infirmerie.

Son tourbillon de terre m'a impressionnée : l'humus s'est mêlé à des feuilles mauves et argentées qui ont recouvert son émeraude.

Quelques secondes plus tard, elle se mord les lèvres et se tourne vers moi, laissant deviner qu'elle essaie de m'aborder sans savoir comment s'y prendre. Je prends mon courage à deux mains et la devance :

— Tu t'appelles comment ?

— Gabrielle Ulock. Mais tu peux m'appeler Gaby, si tu veux.

Je lui adresse un sourire d'encouragement, attendrie par cet évident manque de confiance en elle. On dirait moi !

— D'accord ! Je suis Rubis. Rubis Brightwood.

Vous voyez ? Je ne suis pas mieux ! Elle ne semble pas s'en offusquer et me rend mon sourire. Je lui suis reconnaissante de ne pas se moquer de ma timidité à l'égard des inconnus. Cette preuve de sympathie m'incite à faire plus ample connaissance.

Contrairement à moi, Gaby n'est pas ignorante de ce monde magique. Les membres de sa famille sont très importants pour elle, et elle se sent coupable de les avoir abandonnés pour partir étudier. Je l'étudie plus en détail : de grands yeux noisette encadrent son visage et même son nez crochu n'enlève rien à son charme naturel. Elle tient sa peau mate de son père, m'explique-t-elle, mais sa mère et ses aïeules sont toutes Espagnoles.

L'Émeraude fait partie de ces beautés subtiles qui n'ont pas besoin de maquillage pour paraître en public après une nuit blanche. Ses pommettes saillantes lui donnent un air bon enfant, mais elle n'en revêt pas moins l'apparence d'une jeune femme épanouie.

Mon observation s'achève lorsqu'elle me montre le Saphir situé au centre de l'enceinte. Il s'apprête à être emporté par une eau cristalline, presque transparente.

— Il est plutôt pas mal, tu ne trouves pas ?

Elle a raison.

Avec ses cheveux châtains légèrement ébouriffés et son air innocent, il a tout du garçon qui plaît aux filles, même aux plus réticentes.

Un petit poisson rouge se fraie un chemin à travers le tourbillon. Il s'en extirpe et retombe sur le sol. Le jeune homme passe la main dans ses cheveux et dirige les remous vers l'herbe rouge, jusqu'à créer une mare. Le pauvre animal peut enfin remuer ses nageoires en toute sécurité ! Son sauveur ramasse sa gemme et s'approche des professeurs, visiblement confus.

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