Chapitre 26

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Plume menthe, plume menthe,

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Plume menthe, plume menthe,

Deux grenats dans la nuit,

Un ciel d'étoiles filantes.

Des murmures étouffés me parviennent de la pièce à côté, bientôt couverts par le souffle continu des rafales du vent.

Difficile de discerner quoi que ce soit à la nuit tombée.

Bon sang, où diable ai-je encore atterri ?

« Tu t'es brûlé les ailes, petit oiseau. »

Mon dos me fait atrocement mal, comme si on m'avait marquée au fer rouge. Je ne sais même pas si cette visite opportune s'est réellement produite ou si je l'ai rêvée ! J'ai l'impression d'émerger d'un long, très long sommeil...

Après plusieurs tentatives, j'arrive enfin à me redresser. Ma douleur est engourdie. On m'a sans doute administré des calmants et des antalgiques, ou ce qu'ils ont d'équivalent pour les sorciers.

Quand on s'y habitue, l'obscurité nous paraît presque rassurante. Même les lueurs verdâtres qui filtrent à travers la vitre ne parviennent pas à m'effrayer.

En me concentrant davantage, je réussis à apercevoir mon reflet dans la glace. Ma pâleur légendaire s'est encore accentuée – Le Retour du Zombie, volume II...

En face de moi, assise sur un lit d'hôpital, se tient une silhouette terne, amaigrie, comme frappée en plein cœur.

Je me fais peur. Vraiment. Je n'ai qu'une envie : briser la glace, sauter dans le vide et effacer cette image.

Je l'aurais sans doute fait si une main ne s'était pas glissée dans la mienne.

— Je suis là.

Sa voix seule suffit à m'apaiser. C'est... troublant. Elle me rappelle l'état de quiétude que j'ai trouvé sur le balcon, l'autre soir.

Léviter.

Chuter.

Tomber dans ses bras.

Et puis soudain, c'est comme s'il ne m'avait pas rattrapée, comme si... comme si je m'étais écrasée sur le sol.

Ma douleur revient, elle m'oppresse, je suffoque.

— Allonge-toi, tu as besoin de te reposer.

Je m'exécute docilement. La panique ne part pas pour autant, mais la présence de Gauthier parvient tout de même à me rassurer. Il s'installe à l'extrémité du matelas, décidément trop petit pour nous deux.

— Tu te souviens de ce qui s'est passé ?

— Un peu, mais c'est flou.

Il inspire un bon coup et m'explique ce qui est arrivé, sans croiser mon regard :

— Lorsque je suis arrivé, vers 20h, tu étais suspendue dans les airs, à quelques centimètres au-dessus du banc. Tu... lévitais. Plus je m'approchais, et plus tu t'élevais. Quand je me suis assis à côté de toi, tu t'élevais déjà à plusieurs mètres. On a discuté un peu sans que tu en prennes conscience, puis j'ai dit quelque chose et tu es... tombée. D'un coup, comme ça. Tu as ouvert les yeux, ça a dû te déstabiliser. Heureusement, j'ai eu le réflexe de te rattraper avant que tu touches le sol, mais tu t'es évanouie. La fatigue, le choc émotionnel et un trop-plein de magie ont joué en ta défaveur. Ensuite, quelqu'un m'a assommé par-derrière et je me suis effondré. La dernière image que j'ai, c'est celle de toi qui t'envoles vers le ciel, toujours plus haut. Les soigneuses disent que tu as eu de la chance : tu t'es sentie en danger et tu t'es mise à l'abri en flottant dans les airs. Tu es retombée quelque temps après, quand tu pensais être en sûreté. Tu n'as pas été blessée, mais ton corps s'est vidé de toute son énergie et le temps qu'il récupère, tu es restée inconsciente.

— Ça fait beaucoup d'informations ! m'exclamé-je, confuse. J'imagine que je dois commencer par te remercier de m'avoir évité une commotion cérébrale. Ta tête va mieux ?

— J'ai juste reçu un coup sur la nuque. Ça m'a déstabilisé un moment, mais puisque tu le demandes, ma tête va bien, merci. C'est plutôt à toi qu'il faudrait demander si ça va.

Nous échangeons un regard complice. L'avantage, en plus d'avoir échappé à mon interrogatoire, c'est que je ne lui suis redevable de rien jusqu'à ce que je me prenne de nouveau les pieds devant lui – espérons pour moi que ça arrive le plus tard possible.

— C'est un bilan plutôt positif, je dirais.

— Un miracle, surtout ! Déjà que tu es chanceuse de t'être retrouvée dans mes bras... plaisante-t-il, taquin. Tu as perdu connaissance après ta chute. Quand on t'a emmenée ici, Acacia a estimé que ton état s'améliorerait dès le lendemain, sauf que...

— Ça ne s'est pas passé comme prévu.

— Comment le sais-tu ?

— Je croyais que c'était une vision, mais non. Un bruit m'a réveillée et quelqu'un est venu. Je n'ai pas bien compris pourquoi il était là, je sais juste que ça n'était pas pour mon bien. Il m'a parlé et j'ai senti qu'on me donnait un gros coup sur la tête – j'ai dû m'évanouir. C'est tout ce dont je me souviens.

— Quand Acacia s'est inquiété de ta santé, au matin, elle t'a découverte allongée sur ton lit, inerte, avec du sang partout sur les draps. Tu saignais beaucoup, surtout du front.

Curieusement, Gauthier paraît en colère et les cernes sous ses yeux m'indiquent qu'il n'a pas beaucoup dormi ces dernières heures.

Il ne me dit pas toute la vérité, c'est sûr.

— Et c'est tout ? On n'a pas pu trouver qui a fait ça ?

— Pas encore. Tout le monde est à la recherche de ce type. Tu ferais mieux de dormir, d'ailleurs. Tu as besoin de repos et tu risques d'être pas mal sollicitée à ton réveil.

— Attends, reste.

Que retenez-vous des explications de Gauthier ? Il est sincère, d'après vous ? 🤔 

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Que retenez-vous des explications de Gauthier ? Il est sincère, d'après vous ? 🤔 

Et vos yeux, de quelle couleur sont-ils ? 

ESMANTIUMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant