Chapitre 123

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Ses lèvres noircies par l'obscurité semblent briller un instant, comme si elles étaient attirées par l'horreur qui se lit sur mes traits

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Ses lèvres noircies par l'obscurité semblent briller un instant, comme si elles étaient attirées par l'horreur qui se lit sur mes traits.

— Biologiquement ? Non. Il se fichait de tuer un nourrisson. Ça lui demandait moins d'énergie que de prendre son apparence et de se développer sous cette forme pendant plusieurs mois.

La simple idée que mon oncle et ma tante aient élevé un monstre pendant des années en le considérant comme leur fils me terrifie tellement que ma pochette me glisse des mains.

Aaron la rattrape avant qu'elle touche le sol, à une vitesse phénoménale qui n'est pas sans rappeler celle de Gauthier. Face à mon incompréhension, il juge utile de préciser :

— C'est l'un des nombreux avantages à être une Ombre. Je t'en aurais bien détaillé ses autres aspects, mais nous commençons à manquer de temps...

— Vas-y, je t'écoute.

C'est vraiment moi qui ai dit ça ? Une incarnation des ténèbres, menaçante et instable à souhait, s'adresse à moi et la seule chose que je trouve à répliquer, c'est un « d'accord, parfait, je suis ravie d'être ta future victime » à peine nuancé.

— À l'époque où Camille et moi assistions aux séances de Nomis, la Confrérie des Ombres n'était pas encore fondée. L'objectif de Nomis n'était pas de répandre ses idées, mais bien de gagner des partisans. Camille en est devenue une. Elle paraissait ensorcelée par ses mots, c'était effroyable. Bien sûr, les actes ont rapidement suivi. À elle et aux autres, il leur a demandé de n'utiliser que la magie noire, avant de les forcer à lui donner des offrandes plutôt... étranges. Ce n'était pas des sacrifices à proprement parler. Lui-même les définissait comme des « dons d'énergie ». Personne ne savait à quoi cela lui servait, jusqu'à ce qu'un jour, il propose à tous ses sujets de le suivre dans une petite ville magique nommée Pearlake, qui abritait un fleuve particulier.

Voilà un élément qui répond à mes nombreuses interrogations concernant son comportement étrange lors de notre rencontre. Il considérait l'eau comme un danger mortel, mais Gauthier m'avait rassurée en expliquant que son ancien comparse s'était joué de moi.

Sa blague n'en était peut-être pas vraiment une, finalement.

— Particulier ? C'est-à-dire ?

— C'était un réservoir d'énergie. L'eau qu'il contenait était elle-même enchantée : elle permettait de multiplier par deux les flux reçus.

— Et en quoi cela servait-il les intérêts de mon-cousin-qui-ne-l'est-pas-vraiment-et-qui-a-le-double-de-l'âge-de-ses-parents ?

— J'y viens, j'y viens. Nomis n'était pas un mage puissant, au départ. Il ne l'était pas plus que toi lorsque tu es arrivée à Talesia. Je ne sais pas exactement comment, mais il s'est identifié à Lucifer et a trouvé ses aspirations personnelles dans ce mythe : le pouvoir, la magie, mais surtout la domination. À partir de là, il s'est mis en tête de ressembler à son héros.

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