Chapitre 6

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Le lendemain matin, une certaine frénésie agitait le dortoir, tous parlaient, s'interpellaient dans les couloirs. C'était le weekend, tous rentraient chez eux.

Diane aussi, sa valise était prête. Suivant le mouvement, elle la descendit, et se dirigea vers le portail pour attendre sa mère. Un flot d'élèves marchaient vers la sortie, une ambiance festive s'installait.

Diane n'était pas pressée, sa mère allait encore se faire attendre. Elle se laissait guider par la marée humaine qui se déversait dans l'allée. Le portail apparu plus vite qu'elle ne le pensait, et elle s'installa sur le côté, laissant passer tous les élèves. Un cortège de voitures luxueuses défilaient.

Une tape dans son dos interrompit sa rêverie.

-On attend son carrosse blondie ? s'exclama Zed, son éternel sourire en coin aux lèvres.

-Il n'ira pas en direction  du pays merveilleux en tout cas, grimaça la blonde.

Zed avait cru comprendre au fil de la semaine que les relations de Diane et sa mère étaient loin d'être idyllique.

-Le temps qui passe efface les rancœurs, dit-il d'un ton docte.

-Je ne te savais pas philosophe, ricana Diane en le tapant gentiment.

Zed eut l'air offensé, et fit mine de partir. Un klaxon retentit, et quelqu'un cria son nom, il allait vraiment partir. Il revient vers Diane, lui dit au revoir, avant de s'en aller.

Ils étaient beaucoup moins devant le lycée maintenant, le gros des élèves s'en était allé.

La blonde n'avait pas vu Nate, ni ses amis. Elle ne savait pas s'ils restaient au lycée pour le weekend et au fond, elle s'en foutait. Pourquoi leur accorder de l'importance ? Elle, elle partait.

-Maman et papa vont venir chercher leur petite fille ? Comme c'est mignon, elle les attend bien sagement, dit quelqu'un dans son dos.

Diane se retourna lentement, et tomba face à Cameron. Ça l'aurait étonné qu'il ne reparte pas chez lui, c'était typiquement le fils à papa.

-Fiche moi la paix River !

-Quelle répartie princesse, tu me ferais presque peur ! Continua-t-il en riant.

Il poursuivit cependant son chemin,  et alla s'installer dans une limousine, laissant le chauffeur s'occuper de ses bagages.

Forcément. Et il osait lui faire des réflexions ? La blonde était dégoutée de tant d'ostentation, elle détestait cet étalage de richesse. Oakwood était définitivement un lycée de riches, et elle ne s'y sentait pas tellement à sa place.

D'autre amis de Nate sortirent à leur tour, mais sans lui prêter aucune attention. Toujours pas de trace du Prince.

Cela faisait maintenant une demi-heure qu'elle attendait sa mère, et il ne restait plus qu'elle devant les grilles.

Elle sortit son portable, et tenta de l'appeler. Seul le répondeur lui répondit. La jeune fille commençait à s'impatienter, quand le son annonçant un sms retentit.

Sa mère lui avait envoyé un sms lapidaire lui annonçant qu'elle n'avait pas le temps de venir la chercher ce weekend, elle avait appelé l'administration, et elle pouvait rester au lycée.

Diane shoota dans les cailloux au sol, évacuant sa colère. Elle se trouvait même au-delà de la colère. Ce n'était une fois de plus, que la manifestation de l'indifférence de sa mère à son égard. Elle n'avait qu'à la mettre dans un lycée plus près, même pas foutue de venir la chercher ! Sa propre fille ! Diane serrait les poings. Reprenant sa valise, elle se dirigea vers le château, prête à sauter au visage de quiconque l'aurait approché.

***

Le soir était tombé, et Diane, après avoir hésité, se rendait à la cantine. Elle avait consacré son après-midi à la découverte du parc. La blonde s'était rendue jusqu'aux limites du campus, et avait maintenant une idée plus précise du lycée. Tous les bâtiments lui étaient maintenant familier, et elle connaissait leur fonction, sauf un, excentré, dont personne ne lui avait jamais parlé. Elle se promit de demander à Zed.

Elle se cherchait une place dans le self, et aperçut Nate, seul à une table. Il paraissait différent, sans ses amis autour de lui. Plongé dans ses pensées, il paraissait plus ouvert, comme si un masque était tombé. Diane, machinalement, se dirigea vers lui.

-Tiens, Barbie, lança-t-il d'une voix hautaine lorsqu'elle arriva à sa hauteur. On traine seule le weekend ? Fais gaffe à ton plateau, tu voudrais pas qu'il atterrisse sur ton beau t-shirt. Oh attends, retire le beau, finit-il en détaillant son haut gris délavé.

Elle s'était bien trompé, il était toujours le même petit con arrogant.

-Fais gaffe à ta belle gueule, tu ne voudras pas qu'elle soit défiguré, le singea-t-elle. Oh attends, retire le belle.

-Je sais que je ne te suis pas indifférent princesse, depuis le premier jour ! rétorqua-t-il.

Diane qui s'était éloignée, leva son majeur, sans prendre la peine de se retourner.

La blonde alla s'installer à l'autre bout du réfectoire, et mangea rapidement, avant de rejoindre la salle commune.

La pièce était chaleureuse, de taille modeste. De larges canapés trônaient en face de la cheminée. Depuis son arrivée, la jeune fille ne l'avait toujours vu que pleine d'élèves, mais ce soir, elle était vide. Elle s'installa dans un fauteuil, près du feu. Un livre trainait sur une table, Diane s'en saisit.

Elle se plongea rapidement dans sa lecture. Elle était complètement absorbée, quand son livre lui fut retiré des mains.

-Barbie sait lire ? C'est étonnant, je ne savais pas qu'elle avait un cerveau, dit une voix  qu'elle reconnut sans peine.

-Parce que tu n'en possède pas toi-même Kingsley ! Réagit la blonde en se levant. Rends le moi.

-Impossible poupée, c'est mon livre.

Diane eut un geste d'agacement. Elle n'avait aucune idée s'il disait vrai ou pas, mais n'avait aucune envie de s'engager sur ce terrain-là. Peut-être le faisait-il exprès, tant pis.

Elle abandonna donc le brun :

-Bonne lecture, dit-elle d'un ton hypocrite, avant de monter dans sa chambre.

                                                                       *            *            *

Elle court. Derrière elle, des poursuivants, ils sont nombreux. Elle slalome, évite les obstacles. Un homme se matérialise à ses côtés, il court lui aussi. Elle le connait, elle sourit, à 2 ils seront plus fort.

Cependant, un précipice en face d'eux les arrête. Paniquée, elle se tourne vers l'homme à ses côtés. Il sourit lui aussi, comme avant. Un coup de feu retentit, elle le voit comme au ralenti, se recroqueviller et tomber, lentement dans l'abime, son sourire toujours sur les lèvres. Elle hurle, le sol se dérobe sous ses pieds, elle tombe. Un trou noir semble l'aspirer, sa chute n'en finit pas.

Diane se réveilla brutalement, prit une grande inspiration. Elle se leva, et se mit à la fenêtre, observant le parc uniquement éclairé par la lune. Ce même cauchemar, depuis tout ce temps. Son père qui disparait sous ses yeux, et sa chute, longue avant un brutal réveil.

Elle se passa les mains sur le visage, son cœur battait encore à toute allure. Elle ne pourrait pas se rendormir.

Soupirant, elle fouilla sa valise et dénicha son paquet de cigarette. C'était exactement ce dont elle avait besoin pour se détendre. Elle descendit silencieusement l'escalier pour fumer devant le dortoir.

Elle tirait ses taffes en contemplant les ténèbres. Sa clope se finit trop vite, elle jura, c'était sa dernière. Elle allait devoir s'en passer le temps de trouver où s'en procurer.

Elle remonta, prenant soin de ne pas faire craquer le parquet, mais à l'étage des garçons, ce fut peine perdue. Elle grimaça, et se hâta de rejoindre sa chambre. A l'écoute, elle n'entendit pas de bruit, et elle alla se recoucher, soulagée de n'avoir rencontré personne.

Pas de deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant