Chapitre 8

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La nuit avait été agitée pour Diane. Elle avait fait des cauchemars, le même toute la nuit.

Elle dansait, tournait sur elle-même à ne plus savoir s'arrêter, jusqu'à en perdre son souffle, jusqu'à en perdre la tête. Quand enfin cela s'arrêtait, elle devait monter sur scène. Mais au moment de s'avancer, ses jambes ne la portaient plus, elle s'effondrait, incapable d'aller plus loin.

En se regardant dans son miroir, à son réveil,  elle accusait sa mauvaise nuit. De larges cernes s'étalaient sous ses yeux bleus, éteints en ce matin brumeux. Ces nuits-là étaient les pires, outre le manque de sommeil, c'était les images de ses cauchemars qui s'imprimaient dans sa tête, et qu'elle ressassait, encore et encore.

Tout son être était dans la brume, la bande qu'elle avait rejointe à la cantine s'en rendit compte. Elle ne dit bonjour à personne en arrivant, n'avait pas d'appétit. Aucun ne fit de commentaire sur sa tête, son attitude clamait que ce n'était pas le moment. Qu'elle se réveillerait, mais plus tard. 

C'est en arrivant dans le bâtiment des salles de classes qu'elle sortit de sa léthargie. Une foule d'élèves était attroupée devant le panneau d'affichage. Zed qui l'accompagnait attrapa son bras et joua des coudes pour s'approcher.

Diane commença à lire, mais s'arrêta très vite. C'était la suite de la représentation de la veille : une liste encore vierge pour s'inscrire pour suivre des cours de danse. L'image de son cauchemar s'imprima sur sa rétine : elle, en tutu, s'effondrant, incapable de danser.

-T'avais compris ça toi ? l'interrogea Zed, un peu perdu.

Diane secoua la tête. Elle n'avait pas saisi cela, effectivement, mais cela ne l'intéressait pas. Elle tentait de s'en convaincre. Elle voulait chasser ses mauvais rêves, c'était fini cette partie de sa vie. Les conversations autour d'elle lui furent insupportable, elle manquait d'air et fit brusquement demi-tour, surprenant Zed, et traversa l'attroupement d'élèves d'un pas vif.

Elle était énervée, son cœur battait, sans qu'elle sache réellement pourquoi. Elle détestait le monde entier, détestait ces cours de danse, se détestait de ne plus pouvoir y mettre son nom. Elle étouffait dans le bâtiment, elle avait besoin de respirer. 

Zed l'appela, mais elle ne se retourna pas. Elle ne s'arrêta qu'une fois dehors, s'adossa au mur et se laissa glisser jusqu'au sol.

Le jeune homme l'y retrouva :

-Hey, ça va ?

Diane faillit répondre sarcastiquement que ça se voyait, mais elle n'avait pas la force, il ne lui voulait aucun mal, au contraire.

Elle répondit donc par l'affirmative, avec un maigre sourire. Le basané ne fut pas dupe, mais il n'insista pas. Elle lui en fut reconnaissante. Elle n'avait aucune envie de s'étendre sur ses sentiments. Ils étaient trop complexes, même elle ne se comprenait pas. 

A la place, il lui tendit la main pour la relever, et elle l'accepta. Il fallait qu'elle se secoue, qu'elle passe à autre chose. Elle se força à sourire :

-On y va ? Je ne veux pas être en retard, dit-elle une fois debout.

-Pardon ? J'ai bien entendu ? S'étouffa presque Zed.

-Fais pas genre, je suis une élève sérieuse !

-C'est ça, c'est moi qui ait une mauvaise influence sur toi en fait ?

-Exactement ! « Tu me tires vers la bas », singea-t-elle.

Pour toute réponse, le basané leva les yeux au ciel.

Il la laissa devant sa salle de classe, n'ayant pas le même cours. Diane s'était rendue compte qu'elle était avec Spark en Philosophie, ce qui lui permettait de passer le temps, dans ce cours qu'elle trouvait si ennuyant. Du fond de la salle, place qu'avait adopté la blonde dans tous les cours ou presque, elles commentaient les attitudes et cours des profs.

Pas de deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant