Chapitre 9

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La blonde tapait du pied, il faisait plus frais en cette fin de journée. On sentait qu'octobre était arrivé, que l'automne s'installait. Les nuages s'accumulaient au-dessus de sa tête, il allait pleuvoir.

Alors qu'elle allait partir, elle vit arriver Nate de sa démarche nonchalante, les mains dans les poches. Elle leva les yeux au ciel. Elle ne supportait pas son côté supérieur. Son côté Prince. Son surnom lui collait à la peau.

Elle n'était pas ravie qu'il soit là, mais surtout elle ne comprenait pas ce qu'il faisait ici. Elle ne se priva pas de lui en faire la remarque.

-On se calme princesse, répondit-il calmement, tout en sortant un trousseau de clés.

L'incompréhension de Diane grandit, une idée lui vint, mais elle la repoussa. Non, ce ne pouvait pas être possible.

Il ouvrit la porte et entra à l'intérieur.

-Tu comptes rester dehors ? lui demanda-t-il d'un ton poli.

Elle exécrait ce ton, ce comportement hypocrite. 

-Je suis sérieuse Kingsley, t'es pas collé que je sache ?

-Exact Delcourt. Moi je suis le surveillant.

Diane eut un mouvement de recul. C'était possible. Ses pires hypothèses confirmées.

- Arrête de te foutre de ma gueule !

-Désolé princesse, c'est pas une blague. Je suis préfet, j'ai des responsabilités, parfois je dois remplacer des surveillants et je ne vois même pas pourquoi je me justifie. Maintenant si tu pouvais bouger tes fesses et t'installer, on va pas discuter pendant 3000 ans.

La jeune fille ne bougea pas, fixant le brun d'un air de défi. La pluie se mit à tomber, interrompant leur duel de regard. La blonde, restée à l'extérieur se hâta de rentrer. Dans sa hâte, elle se prit le pied dans le seuil de la porte. Ses mains cherchèrent à se raccrocher à quelque chose, elle se voyait déjà par terre.

-Fais attention ! s'écria le brun, en s'avançant.

Ses mains trouvèrent enfin un point de chute. Elle se retrouva collée à un torse. Collé à Nate réalisa-t-elle. Elle rougit, ses cheveux étaient devant son visage, il ne pouvait pas la voir. Il ne devait pas la voir ainsi. Il n'y avait qu'à elle qu'il pouvait arriver des trucs pareils.

Nate avança sa main, et dégagea son visage en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille. Diane resta figée, interloquée. Mais elle se reprit rapidement, et se dégagea, rajusta sa jupe et ses cheveux.

-C'est bon, ça va.

Son masque était tombé. Pendant un instant il l'avait vu, vraiment. Elle avait été vulnérable. C'était la première fois qu'il la voyait ainsi.

Cela s'était passé très vite, mais son premier réflexe avait été de s'avancer, de lui éviter une chute. Nate ne comprenait pas ce qui lui avait pris ensuite. Pourquoi ce geste ?

Ils restèrent face à face, tous les 2 gênés, ne sachant que faire dans le silence. On entendait plus que la pluie qui tapait contre les vitres.  Nate se racla la gorge, mais Diane brisa le silence la première :

-Bon, on va pas attendre 3000 ans ! Dit-elle, reprenant involontairement les mots prononcés précédemment par Nate.

Nate acquiesça, et s'installa au bureau. Diane alla s'installer au fond de la salle, le plus loin du brun. Celui-ci haussa un sourcil, mais ne dit rien. Il se contenta de déposer un paquet de polycopié sur sa table.

-C'est à finir en 2h, lança-t-il en retournant vers le bureau.

Diane fut surprise de ne pas devoir copier, il lui avait donné des exercices de maths à compléter. Ce ne serait pas trop compliqué au moins. Malgré tout, elle poussa un gros soupir, qui fit réagir le jeune homme :

-Ça discute en cours, et ça soupire après !

-Pourquoi tu fais le lèche botte Kingsley, il n'y a personne pour te voir ! répliqua-t-elle sèchement.

Elle mit du temps à se concentrer. Elle ne cessait de se repasser la scène. Elle s'était humiliée devant lui. Elle s'en voulait beaucoup d'avoir trébuché comme ça, elle se mettrait des gifles. Elle se rendit cependant compte qu'à nouveau, il avait perdu ce masque, comme son premier samedi soir à la cantine, quand elle était restée le weekend. Mais ce qu'il s'était passé aujourd'hui, elle ne l'avait jamais vu comme cela, il avait été presque ... attentionné. Mais elle savait que ce n'était qu'un concours de circonstances, leur échanges suivants le lui avait confirmé. Ils se détestaient et c'était très bien ainsi.

Nate l'observait. Elle avait les yeux dans le vague, faisait tourner un crayon machinalement. Lui aussi avait des cahiers ouverts devant lui, mais n'y prêtait pas attention. Il ne comprenait pas la nature des pensées qui l'avaient assailli durant leur bref contact. C'était confus. Mais chaleureux. Il voulait garder ces sensations, cette chaleur qu'il avait brièvement ressenti. Mais il était également heureux que personne ne les ait vus. Cameron continuait de se foutre de lui, de la bâche qu'il s'était pris. Lui s'en foutait, comme il se foutait de la blonde. Cela l'arrangeait simplement de ne pas aggraver son cas.

Diane sortit brusquement de ses pensées, et sentit le regard de Nate posé sur elle. Elle leva la tête, leurs yeux se croisèrent. Le brun détourna le regard, s'occupa des cahiers étalés devant lui.

Elle se mit enfin au travail, ne voulant plus y penser. Une heure était déjà passé. Elle enchaina les exercices, rapidement. C'était naturel pour elle. Elle touchait à peine à la calculatrice posée à ses côtés.

Nate l'observait du coin de l'œil, c'était agaçant de la voir aussi à l'aise. Il se targuait pourtant d'être bon, il était le meilleur de sa classe. Mais c'était avant qu'elle n'arrive. Elle était insupportable.

Diane finit tout juste, comme le matin, et rangea rapidement ses affaires. Elle plaqua son devoir sur le bureau de Nate, et partit comme une flèche.

Cela n'aurait pu être pire. Se faire coller par le prof de math, et être surveillée par Kingsley. Elle était déjà en position de faiblesse, et l'avait accentué. Quelle humiliation. 

La pluie tombait toujours, la blonde rentra sa tête, sa veste en jean n'avait pas de capuche. Elle marchait rapidement, voulant s'éloigner au plus vite de l'endroit, et oublier ce moment. C'était trop gênant.  Le brun en avait décidé autrement, car il la rattrapa sur le chemin. Sa capuche rabattue empêchait la jeune fille de distinguer son visage.

-On est bien pressé.

-Pressé de m'éloigner de toi, cracha la blonde.

-Agressive en plus. T'as pas kiffé ce petit moment seul à seul ? Ricana le jeune homme.

Diane eut un blanc, avant de réaliser qu'il parlait de la colle. Pas de leur... Leur quoi d'ailleurs ? Il ne s'était rien passé, elle était juste tombée. Ils avaient eu un contact, c'était tout.

-Pourquoi tu me suis Kingsley ? Dit-elle, lassée.

-Le monde ne tourne pas autour de toi Princesse. Je rentre simplement au dortoir. 

Diane leva les yeux au ciel, mais ne répliqua rien. Ils marchaient en silence, dans le parc vide. En approchant du dortoir, plus d'élèves étaient dehors. Le brun la quitta lorsqu'il aperçut qu'ils n'étaient plus seuls, qu'ils pouvaient être vus. Il se détacha d'elle, et marcha plus rapidement, s'éloignant.

-On est bien pressé, lui cria Diane, reprenant sa phrase.

Le brun n'eut d'abord aucune réaction, ce qui lui fit penser qu'il n'avait pas entendu, mais il leva son majeur sans se retourner.

Diane sourit, « copieur » souffla-t-elle entre ses dents. Elle rentra seule à l'internat.

Pas de deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant