Chapitre 25

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D'un geste rageur, Diane éteignit la musique. Elle recommençait cette même variation depuis plus d'une heure maintenant, elle avait arrêté de compter le nombre de répétitions mais ce n'était toujours pas satisfaisant. Elle butait constamment au même endroit.

-Connerie de fierté, marmonna-t-elle en enclenchant une énième fois la musique.

C'était l'un de ses pire défauts, son esprit buté. Quand une difficulté se présentait à elle, elle ne laissait pas tomber tant qu'elle ne l'avait pas surmonté. Quitte à se faire mal, elle n'arrivait pas à s'arrêter. Combien de fois son père était venu la chercher, arrêtant la musique et lui tendant un pull pour la forcer à rentrer?

Elle recommença donc, enchaina les différents gestes: pas de bourré, piqué et arabesque puis une pirouette. C'était la suite qui ne fonctionnait pas. Elle n'arrivait plus à enchainer, elle n'avait plus la souplesse nécessaire.

Elle fit taire la musique, définitivement cette fois ci et rangea ses affaires, pensive. Elle aurait du mal à rester plus longtemps dans la salle, cela deviendrait trop risqué, mais elle décida de faire des assouplissements, le plus régulièrement possible.

La jeune fille s'était rendue quotidiennement au studio cette semaine, dans le plus grand secret. Elle faisait comme si de rien n'était, trainait avec la bande, remontait dans sa chambre au moment du pointage, et ressortait ensuite. Personne n'était au courant, elle n'avait pas réussi à le dire à Zed, malgré sa participation active dans la réalisation de son plan. Elle savait qu'il serait vexé, et plus elle repoussait le moment de lui dire, moins elle ne se sentait capable de le faire. Lui même n'y faisait plus allusion.

Le seul dont elle devait se méfier, c'était Nate, mais elle ne l'avait pas recroisé et ne s'en inquiétait plus du tout.

Elle était seule au studio, seule à avoir un double des clés, et personne ne pouvait se douter de ses activités nocturnes. Seuls ses devoirs et ses notes en pâtissaient, mais rien de plus réellement alarmant qu'à l'ordinaire.

Il était cependant plus tôt qu'à son habitude ce soir là, et elle fit le grand tour par le bois pour rentrer à l'internat. Elle ressassait son manque de souplesse, et réfléchissait à prendre des cours de yoga en remontant dans sa chambre.

Des éclats de voix la sortirent de sa réflexion. Dans le couloir de son étage, toutes les portes étaient ouvertes, et les occupants massés dans les encadrements. Tous parlaient et commentaient l'événement.

Au milieu se tenait Astrid.

C'était elle le centre de l'attention, elle se tenait droite, l'air serein, presque ennuyée de l'agitation qui régnait autour d'elle. Elle faisait face à une fille assez petite, qui elle au contraire, avait le visage rouge de colère et l'air échevelé. Diane l'identifia comme la colocataire de la tressée.

La blonde s'était arrêtée sur le rebord de l'escalier, indécise quand à ce qu'elle devait faire.

-Diane! Comment vas tu? l'apostropha Astrid.

La jeune fille ne répondit rien, sinon un coup d'oeil éloquent, qui exprimait clairement son incompréhension.

-Je suis désolée, poursuivi la tressée, comme si de rien n'était. C'était sensé être une scène privé, mais tous ces clampins se sont ramenés.

Derrière elle, sa colocataire rougissait plus encore, témoignant son indignation face au peu de cas que faisait d'elle Astrid.

La jeune fille la désigna justement:

-Lisa, ici présente, me faisait une petite mise au point. Au plein milieu du couloir, cela ne pouvait pas attendre apparement.

Diane était abasourdie, et ne savait pas si elle avait le droit de rire ou pas.

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