Pas de deux

Chapitre 23

Diane sortit furieuse de la salle. L'injustice de la punition la faisait frémir, et elle aurait pu se passer d'une heure en compagnie de Nate et Cameron.
Elle marchait tête baissé, pressée de s'éloigner.

-Diane ?

Relevant la tête, elle eut la surprise de constater que Zed se tenait devant elle.

-Hey, je t'attends depuis plus d'une heure, tu faisais quoi ?

-Ce que je faisais ? Tu me poses la question ?

Sans prendre garde au ton menaçant de la blonde, Zed continua :
-Oui, je voudrais savoir pourquoi tu sors une heure après tout le monde.

-C'est de ta faute imbécile ! S'énerva Diane en le frappant à l'épaule.

Le basané s'éloigna de ses coups, et son visage trahissait son incompréhension.

-J'étais avec Kingsley pour le TP.

-Et alors ?

-Et alors ce connard a fait foirer l'expérience. Les derniers étaient collés.

Un éclair de compréhension traversa le regard du basané.

-Oh merde, c'était aujourd'hui le TP noté ?

-Cool de se réveiller maintenant.

-Oh blondie, je suis désolé ! s'excusa Zed en la prenant dans ses bras.

Diane accepta l'étreinte, après l'avoir repoussé.

-Et la colle du coup ?

- Très sympa, t'as d'autres questions ?

-Je suis désolé Diane ! articula Zed.

-Je sais ! Désolé, je suis encore sur les nerfs.

Ils marchèrent jusqu'au dortoir, Diane expliquant en détails sa journée, et se calmant au fur et à mesure.

Elle remonta se changer, et voulut commencer sa punition de math, mais à peine fut-elle assise à son bureau que Zed toqua à sa porte pour l'emmener trainer avec la bande. Elle ne pouvait refuser, et tout s'enchaina rapidement jusqu'à son retour au dortoir, vers 20h.

La blonde soupira. Depuis qu'elle avait retrouvé ses affaires de danse, elle brulait de les essayer. Elle n'avait qu'une envie, c'était de se rendre à la salle maintenant. Mais elle savait qu'elle n'aurait jamais le courage de faire sa punition à son retour et elle connaissait les conséquences d'une punition non faite.

Tout son être se révoltait à cette idée, mais elle se résigna à aller chercher ses affaires, non pas de danse, mais scolaire.

Elle s'installa dans un fauteuil près du feu, place agréable maintenant que l'hiver s'installait pour de bon. Elle sentit un regard posé sur elle, et releva la tête.

Nate avait un sourire arrogant, et la contemplait sans discrétion.

-Je te dérange Kingsley ?

-C'était mieux quand tu la fermais effectivement.

-Rien à foutre de ton avis, regarde ailleurs.

-Quelle grossièreté, s'offusqua faussement le jeune homme. C'est si peu féminin.

Pour toute réponse Diane leva son majeur, et se replongea dans son cahier. Elle aurait pu faire cela avant, si elle n'avait pas été collée à cause de ce connard de préfet. Elle était coincée ici, avec lui qui la matait, alors qu'elle aurait pu être à la salle de danse. Elle s'obligea à rester calme, imagina un instant le bien que lui procurerait le fait de se jeter sur le brun et d'ôter par la force son sourire de ses lèvres. Cela la rasséréna, et elle sourit légèrement, avant de se reconcentrer pour de bon.

Nate avait continué à l'observer, et aussi prétentieux que cela puisse paraitre, il se doutait qu'il occupait les pensées de la jeune fille. Elle lui en voulait toujours pour le TP. Il reconnaissait que ce n'était pas sa plus belle action, mais ce qu'elle ne savait pas, c'est que finalement, elle n'avait été que collé. Nate avait amadoué la prof, arguant que c'était de sa faute, leur préparation était parfaite avant d'être gâchée par sa maladresse. Il avait si bien fait que la prof ne leur avait pas mis 0, elle leur avait mis 16. A tous les 2, le jeune homme n'avait pas poussé la farce à remettre la faute sur elle, et il n'avait pas insisté sur sa culpabilité non plus.

Nate resta tout le temps que dura la punition de Diane, plus parce qu'il sentait qu'il l'embêtait à rester que pour profiter du confort de la salle commune. Il finit par décider de monter, et se dirigea vers l'escalier, où il eut la surprise de croiser Diane. Il lui barra le passage :

-Qu'est-ce que tu fais ?

-T'es de la police ?

-Non je suis...

-Préfet, je sais, le coupa Diane. Mais ça ne change rien : mêle-toi de tes affaires.

Nate était suspicieux, mais n'avait aucune raison valable de l'empêcher de descendre. Elle pouvait avoir oublié quelque chose en bas, et il passerait pour un freak s'il poursuivait son questionnement. Aussi s'effaça-t-il de l'escalier et laissa descendre la blonde.

Diane avait eu peur quand elle l'avait retrouvé dans l'escalier, mais le brun ne lui avait finalement pas posé de problème. Elle était donc parti rejoindre la salle de danse, l'esprit tranquille mais tout en restant prudente.

Sur la porte elle trouva un message. Il indiquait le démarrage des cours de danse pour la semaine suivante, et diverses indications sur l'horaire, les différents niveaux et ce dont les participants avaient besoin.

Elle eut un pincement au cœur. Elle aurait pu y prendre part, mais elle n'avait pas eu le courage quand il était encore temps. Elle danserait seule. Tournant la clé dans la serrure, elle ouvrit la porte et se rendit bien compte de sa solitude.

Elle s'activa, alluma les lumières en remerciant l'architecte d'avoir placé les fenêtres face au bois, de sorte qu'elle n'avait pas à craindre d'être repéré par quelqu'un du lycée.

Elle alla se changer dans les vestiaires. Une émotion particulière la saisit, alors qu'elle revêtait sa tenue. Collant, justaucorps, guêtre, chaussons. Elle était de nouveau danseuse, elle se sentait courageuse. La tenue de danse était son armure.

La musique, qu'elle avait lancée, passa à une autre chanson, mais la jeune fille prit son temps. Elle voulait rester mesurée, et surtout, elle n'avait aucune envie de se blesser en étant trop intense dès le début. Elle commença donc par des exercices d'échauffement, courut, fit jouer ses muscles dans quelques traversées de salle.
Lorsqu'elle se jugea suffisamment chaude, elle alla retirer ses chaussons. C'était un réel plaisir de nouer ses pointes de nouveau. Le bout, claquant sur le parquet, lui faisait entendre littéralement qu'elle avait retrouvé un bout d'elle-même. C'était ici qu'elle se sentait complète, vivante.

La musique changea de nouveau, elle passa la musique d'une de ses variations préférées.
Diane prit une profonde inspiration. Et s'élança, enfin.
Elle dansa, réellement, pour la première fois depuis des mois.

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