Diane partit, s'enfuit. Sa vue se brouillait, elle ne voyait plus rien, n'était plus capable d'avoir une pensée cohérente. La seule chose qu'elle savait, c'est qu'elle devait partir. Quitter la pièce, devenue oppressante.
Elle ne s'arrêta pas quand elle fut face à la nuit, elle continua sa route, sans prendre le temps de réfléchir davantage à sa direction.
Ses pas la menèrent jusqu'au studio de danse, de manière inconsciente. C'était cependant une évidence, au fond, elle savait que c'était là qu'elle arriverait. Elle cherchait un refuge, et c'était ce que ce lieu était devenu pour elle.
Elle fouilla au fond de sa poche, priant pour avoir la clé. Finalement, elle finit par la trouver.
Elle l'inséra fébrilement dans la serrure, pressée par l'averse qui s'était brutalement déclarée et qui la laissait trempée jusqu'aux os. Elle pénétra enfin dans le studio et effectua son rituel petit tour.
Cachées dans un vestiaire, elle retrouva ses affaires de danses. Elle se changea avec bonheur, retrouvant le confort d'être dans ses habits secs et confortables.
Elle retourna dans la salle, enclencha la musique, et se plaça face au miroir. Son coeur battait encore à toute allure, elle avait besoin de se calmer avant de penser à danser. Elle commença par s'asseoir, et s'échauffer. Elle voulait faire redescendre doucement son rythme cardiaque, et chauffer ses muscles, pour ne pas risquer de se blesser.
Quand elle se sentit prête, elle se leva. Respirant profondément, elle fit le vide dans ses pensées et se lança.
Nate était resté quelques secondes, hébété, sans comprendre ce qu'il venait de se passer. Un instant auparavant, tout se passait bien, il la tenait dans ses bras, et d'un coup, elle s'était évaporée. Il se ressaisit cependant rapidement, et courut à sa poursuite.
La noirceur de la nuit et la pluie maintenant battante le firent s'arrêter sur le perron du dortoir, mais il ne renonça pas, et s'élança.
Il ne savait pourtant pas où aller, et il tourna pendant quelques temps, déterminé à la retrouver. Il était maintenant complètement trempé, et il ne pouvait pas courir, même si son genou allait mieux. Il persévéra pourtant, continuant de marcher, espérant toujours la retrouver.
Et, alors qu'il s'approchait de la lisière du bois en dernier recours, la lumière émanant du studio de danse fut pour lui comme un phare. Il sentit qu'il l'avait retrouvé, que c'était là qu'elle avait trouvé refuge, et il avança dans cette direction.
Il ne se posait pas vraiment de question sur le lieu, pensant simplement que cela avait été le premier endroit qu'elle avait trouvé sur sa route. Une fois devant la porte, il dut mettre ses idées à l'épreuve. De la musique s'échappait de la salle, et parvenait jusqu'à lui. Il hésitait sur la conduite à tenir, maintenant qu'il savait où elle était. Devait-il réellement se montrer devant elle, étais-ce une bonne idée ? La pluie le décida et il entra.
Il connaissait le studio, pour s'y être déjà rendu, mais jamais de nuit, et l'atmosphère qui y régnait le surpris. L'obscurité de l'extérieur, visible au travers des grandes baies vitrées accentuait la luminosité et la chaleur de la pièce.
Il entra, et s'avança, lentement et sans un bruit. La musique retentissait toujours, le rendant précautionneux.
Il s'arrêta devant l'embrasure de la porte.
Diane dansait, juste en face de lui, de toute ses forces. Elle mettait toute son énergie, toute la rage qu'elle avait accumulée dans ses mouvements.
Nate était immobile, stupéfait. Diane dansait. Les deux mots semblaient ne pas avoir de sens, il ne parvenait pas à les accoler. La blonde était une danseuse, elle dansait, là sous ses yeux. Il n'avait jamais rien remarqué, il n'aurait jamais pu imaginer qu'elle faisait de la danse. Cela ne collait pas avec l'image qu'il avait d'elle, avec ce qu'elle renvoyait. Du hip-hop, à la rigueur, même s'il savait combien cette pensée était clichée. Mais de la danse classique, cela le dépassait.
Ses longs cheveux blonds, qu'elle avait laissé détachés, flottaient autour d'elle et masquaient son visage. Elle tournait et virevoltait, emplissait l'espace du studio par ses seuls mouvements. Malgré la force et la violence de ses mouvements, que Nate parvenait à ressentir, elle était gracieuse. Tout semblait être en harmonie chez elle, et pour le jeune homme, c'était comme si elle était nimbée d'un halo. Elle était la danse pure, dans ce studio illuminé, au cœur d'une nuit de décembre. Elle transcendait son propre corps, et ce qui l'environnait.
Nate ne parvenait pas à se détacher de sa silhouette agile, la contemplant sans penser à rien d'autre qu'à la beauté de ce moment.
La musique s'arrêta, et le moment de grâce se rompit. Diane s'arrêta, et sembla revenir au monde réel, reprendre conscience de ce qui l'entourait. D'un geste fluide, elle dégagea les cheveux qui entravaient son visage, les remettant sur le côté et se retourna. Nate eut le temps de voir la sérénité de son visage, signe qu'elle n'était pas tout à fait revenue sur terre. Son regard accrocha celui de Nate, qui n'avait pas bougé de l'embrasure de la porte, et il vit distinctement son visage se décomposer. Le choc la pétrifia sur place, elle était incapable de bouger.
Le jeune homme ne réfléchit pas très longtemps, n'amorça pas un geste en direction de la blonde, et à son tour, prit la fuite. Il se retourna et partit, très vite, laissant la jeune fille seule.
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Pas de deux
Teen FictionQuand tu danses... tu sors de toi-même, tu deviens plus grand et plus puissant, plus beau. Pendant quelques minutes, tu es héroïque. C'est la puissance. C'est la gloire sur terre. Et cela t'appartient, chaque soir. Agnes de Mille Danser est devenu l...