Symbiose . Féline-Tome 3

Chapitre 8-2

           

Et il ne le fut pas ! Car seulement quelques heures s'écoulèrent avant que la clef ne tourne à nouveau dans la serrure, me tirant très efficacement de mon sommeil superficiel et agité.

— Pas déjà ?! s'exclama River en se précipitant vers moi, tandis qu'Hannah s'affalait devant le mur pour cacher la progression de leur travail. Jude...

Il ne dit rien de plus, mais son regard anxieux et tourmenté parlait pour lui, tandis qu'il se plaçait d'instinct légèrement entre moi et la porte.

— River, écarte-toi ! lui intimai-je gentiment mais fermement bien que ma voix rauque et cassée gâche un peu mon effet.

— C'est trop tôt Jude ! Même toi tu ne peux encaisser autant de dégâts...sois réaliste bon sang !

— Je le suis, justement ! lui rétorquai-je, en tenant de me relever seul, sans grand succès. Même s'ils acceptaient de te prendre à ma place, ce dont je doute, on y gagnerait quoi ? Quatre heures de plus ne me permettront pas de guérir et nous nous retrouverions tous les deux gravement blessés ?! River...tu sais que j'ai raison.

— Merde ! jura-t-il, d'une voix rageuse et désespérée au moment où la porte s'ouvrait sur mes tortionnaires muets et souriants.

D'un regard, j'incitai River à s'éloigner, ce qu'il fit avec une grande réticence. Je pouvais presque sentir son aura de métamorphe se déployer dans la pièce, son pouvoir près à frapper...mais heureusement il se contint, gardant ses forces précieuses pour plus tard, alors que je me laissai emmener sans résistance.

Cette fois-ci, je ne pus retenir mes cris et lorsqu'ils cessèrent enfin, un sourire satisfait étirait les lèvres de la reine.

— Vous avez encore besoin de combien de séances pour vos observations ? leur demanda-t-elle, alors qu'elle détournait enfin son regard de moi, le reportant sur les instruments tâchés de sang posés devant elle.

— Une ou deux devraient suffire, répondit l'un des deux homme d'une voix trainante. Bien que je sois certain qu'il peut encaisser encore plus ! Votre capacité de résistance à la douleur est étonnante, ajouta-t-il sans que je sache s'il parlait de moi, ou des métamorphes en général.

— J'ai hâte de voir si la fille aura la même endurance que lui ! ajouta l'autre homme d'une voix désagréable et partant d'un rire gras, lorsque je m'agitai dans mes chaines à l'entente de ses paroles.

— J'ai respecté ma part du contrat, vous avez eu vos spécimens. Maintenant j'attends que vous respectiez la vôtre...ne les tuez pas. S'ils ne meurent pas de leurs blessures...nous nous en chargerons, ajouta la reine avant de sortir de la pièce.

À mon grand désespoir, cette fois-ci ils ne prirent même pas la peine de me ramener auprès des autres et se contentèrent de me laisser là, trop conscient que les prochaines tortures seraient pour bientôt. J'essayai de penser à Christina, à mon bonheur de la retrouver un jour et la joie que je ressentirai quand je pourrai de nouveau la serrer dans mes bras. Mais toutes ses belles pensées réconfortantes ne suffisaient pas à occulter complètement la réalité, qui était qu'à ce rythme-là, je ne survivrai pas assez longtemps pour que cet improbable happy-end se produise.

— Jude...où est Hannah ?

La voix, tremblante et faible mais remplie de résolution et d'inquiétudes de Worth, me parvint soudain, me sortant de mes pensées défaitistes.

— Elle va bien, réussis-je à lui murmurer avec beaucoup d'effort. On...

Des bruits de pas sonore me firent taire, tandis que les deux hommes revenaient, me replongeant dans l'horreur et la désolation.