Symbiose . Féline-Tome 3

Chapitre 44-2

           

Le garde poussa un cri ridicule alors que je sursautai violemment. River lança instantanément le téléphone qui atterrit sur le canapé, heureusement sans dommage, avant d'attraper son arme et de se précipiter vers la fenêtre. Dehors, l'obscurité était presque totale, si bien que nous ne distinguions rien de l'endroit où nous nous trouvions.

Alors que River et Worth s'approchaient tout deux avec précaution, chacun d'un côté de l'ouverture, une main se plaqua sur la vitre. Ils s'aplatirent instinctivement contre le mur, tandis que Jude me forçait à reculer.

« Féline ! Que se passe-t-il dehors ? » projetai-je par réflexe à mon amie, inquiète qu'elle ne nous ait pas prévenu. Mais aucune réponse ne me parvint.

Angoissée par son absence de réponse, je sondai notre lien pour tenter de déterminer ce qu'il se passait...mais rien ! Notre connexion était toujours là, mais...il n'y avait juste plus rien au bout. J'avais à présent la certitude viscérale qu'elle était toujours en vie, car je sentais sa présence, son essence en moi, même si pour une raison inconnue je ne pouvais plus l'atteindre. Cette prise de conscience me calma momentanément et m'empêcha de me ruer bêtement dehors à son secours comme j'en avais eu l'intention.

— Je t'en aurais empêché ! me murmura aussitôt Jude à l'oreille, son regard toujours fixé sur la vitre, au moment exact où une forme humaine commençait à se redresser lentement derrière la paroi de verre.

Hannah, qui était restée légèrement en retrait s'avança, une lampe torche dénichée je ne sais où, dirigée vers l'intrus. C'est à l'instant où ce dernier, visiblement encore groggy par son atterrissage commençait à taper des deux mains sur la vitre, que nous le reconnûmes.

— Fuyez, c'est un piège ! nous hurlait Dean, d'une voix étouffée par la vitre qui nous séparait.

Nous n'eûmes pas le temps de réagir ou de lui répondre qu'une des bêtes contre nature du professeur Shaw, s'écrasait à son tour contre le verre, avant de se ruer sur le pauvre métamorphe désarmé et impuissant.

— Il faut l'aider !

Ma voix déformée par la peur et la panique résonna étrangement dans la pièce saturée par la tension et le stress. 

— Par où sort-on d'ici ? demanda Hannah au vigile en se tournant vers celui-ci.

Ce dernier, qui n'était pas si bête qu'il en avait l'air, avait profité de la pagaille générale pour tenter de s'enfuir. Mais heureusement pour nous, il n'était pas allé bien loin. L'attaque brutal de Dean l'avait tellement choqué que nous le retrouvâmes tétanisé la main sur la poignée de la porte, ses yeux exorbités toujours fixés sur la fenêtre.

— Oh ! Secouez-vous ! l'invectiva-t-elle de plus belle en le rejoignant à grandes enjambées avant de le secouer assez rudement. Le chemin le plus rapide pour le rejoindre, c'est par où ?

— Par...la...la porte au fond du couloir, annona-t-il difficilement.

— A droite ou à gauche ? lui demanda de nouveau Hannah en l'écartant de la porte avant de l'ouvrir à la volée.

— A...à gauche.

— Attend ! s'écrièrent Worth et Jude simultanément pour la retenir alors qu'elle avait déjà un pied dans le couloir.

— Toi tu restes là. Tu dois faire cette vidéo à tout prix, lui dit Jude de sa voix autoritaire et sans réplique de dominant.

— Mais...

— Worth et moi on s'en charge. Vous nous rejoindrez quand vous aurez terminé, ajouta-t-il précipitamment alors qu'il se ruait dans le couloir, l'inspecteur sur ses talons.