Chapitre 34-1

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Je sommeillais, heureuse et momentanément apaisée, dans les bras de Jude qui dormait paisiblement, les traits de son beau visage détendu. Enfin, quand il ne bougeait pas. Car à chaque fois qu'il remuait dans son sommeil, je voyais une petite grimace de douleur crisper ses yeux clos...et ça me faisait mal.

Il avait fait son possible pour ne pas me le montrer lorsque nous avions fait l'amour, mais j'avais bien vu qu'il souffrait. Mais comme il en avait visiblement autant envie et besoin que moi, je n'avais rien dit et m'étais abandonnée à notre rythme lent et prudent...et ça avait été...exquis et parfait.

Trois petits coups discrets contre la porte me sortirent de ma rêverie, me faisant légèrement sursauter. J'essayai, avec mille précautions, de me dégager des bras de Jude sans le réveiller. Entreprise ardue et compliquée dont je vins tout de même à bout au moment où le battant s'entrouvrait doucement, laissant apparaître le visage de Cassie dans l'entrebâillement.

La revoir après tout ce temps, remua quelque chose en moi et c'est avec une précipitation maladroite que je sortie du lit pour aller ouvrir la porte et me précipiter dans ses bras. Si elle fut surprise par cet élan spontané et assez inhabituel de ma part, elle ne le montra pas et en parut même plutôt contente et touchée.

— Tu vas bien ? lui demandai-je, alors que je me reculais pour l'observer.

Elle paraissait en forme et fidèle à la Cassie que je connaissais bien que son look habituel en ait pris un sacré coup ! Fini le maquillage sophistiqué, les talons aiguilles et la coiffure impeccable. Elle était vêtue comme nous, d'un pantalon informe, d'un sweat trop grand pour elle et de chaussures de randonnées qui avaient connu des jours meilleurs.

— Oui je sais, le look bucheron ne me va pas du tout ! dit-elle avec un petit sourire en coin, avant de se mettre à rigoler doucement. Comment il va ? me demanda-t-elle d'un ton soudain plus sérieux, en indiquant Jude d'un signe de tête. 

— ça va, me contentai-je de lui dire, en la poussant doucement en direction de la porte pour lui faire comprendre de terminer cette conversation dans le couloir pour ne pas le réveiller.

— Heu...tu devrais peut-être t'habiller un peu plus décemment. Il y a du monde qui passe dans les couloirs.

C'est au moment où elle me fit la remarque que je me rappelai enfin que je ne portais pour seul et unique vêtement que la chemise de Jude partiellement boutonnée, par-dessus mon tee-shirt étriqué. Heureusement qu'elle était longue et m'arrivait presque à mi-cuisse !

— Je t'attends dehors, ajouta-t-elle en chuchotant tandis qu'elle me lançait un petit sourire attendrit.

— Pas la peine.

La voix de Jude, ferme bien qu'un peu ensommeillée, coupa Cassie dans son élan et elle s'arrêta net, la main sur la poignée de la porte.

— Reste, il faut que j'aille prendre une douche de toute façon, ajouta-t-il en s'asseyant dos à nous sur le bord du matelas tandis qu'il enfilait son pantalon à l'abris des regards.

Je vis le regard de Cassie s'assombrir alors qu'elle fixait son dos. Une étrange lueur traversa son regard tandis qu'un frisson la parcourait soudain, semblant faire onduler tout son corps. 

— Non...c'est bon. Je dois y aller de toute façon, répondit Cassie d'une voix étrange. Je venais vous prévenir que Khyn a convoqué tout le monde pour une sorte de conseil extraordinaire...

Un grognement méprisant retentit du côté de Jude, alors qu'il se relevait pour se retourner vers nous, sans se soucier d'être torse-nu devant Cassie.

— Argh...typique ! L'autruche des Andes veut jouer au petit chef.

Je faillis éclater de rire devant cette insulte originale, mais la tête que faisait Cassie m'en dissuada. Son regard fixé sur Jude était trouble et sa respiration commençait à s'accélérer.

— Christina, tu peux me rendre ma chemise s'il te plait ? me demanda-t-il d'une voix exagérément calme et posée, qui me fit comprendre que sa requête n'était pas anodine. Cassie, regarde-moi...dans les yeux, continua-t-il en fixant mon amie tétanisée tandis que lui lançai le vêtement non déboutonner, qu'il rattrapa au vol.

— D'où j'étais j'entendais les cris...mais je me disais que comme tu étais un métamorphe...ça irait pour toi...mais...

La voix de Cassie était rauque, atonale et à la limite de l'audible. Je levai la main dans l'intention de la lui poser sur l'épaule en un geste réconfortant, mais quelque chose arrêta mon bras à quelques centimètres de sa peau. Une sorte d'avertissement diffus, de mise en garde...Je tournai immédiatement la tête en direction de Jude et compris à son regard intense et inquiet que cet alerte venait de lui.

— Cassie, ça va ! Tout cela c'est du passé à présent. Tu m'as sauvé, quelque part tu nous as tous sauvé, lui dit-il tandis qu'il finissait de boutonner sa chemise, son regard fatigué mais attentif toujours braqué dans celui de mon amie.

— J'aurais dû tenter quelque chose avant, ajouta-t-elle les yeux soudain remplis de culpabilité. Peut-être que...

— Tu ne pouvais pas savoir, la coupa-t-il d'une voix ferme.

— Peut-être...on ne le saura jamais ! Comme on ne...

Elle s'interrompit d'elle-même, puis après nous avoir lancé un dernier regard, se précipita dans le couloir.

— Khyn attend tout le monde dans la salle qui est au bout du couloir, ajouta-t-elle précipitamment avant de disparaitre plus vite que son ombre.

Un instant interdite, je ne dis rien. Surprise par ce que je venais d'entendre et par la scène qui venait de se jouer devant moi.

— Tu m'expliques ? demandai-je à Jude tandis que je me rhabillais à mon tour.

— Cassie à développer un don...particulier qui la perturbe pas mal...et pas seulement elle d'ailleurs ! ajouta-t-il d'un ton pensif et inquiet.  Elle peut lire dans l'esprit des morts, enfin de ceux qui sont en train de mourir.

— Tu plaisantes ?!

— Crois moi, je préférerai. Mais ce n'est pas le plus inquiétant.

Il commença à contourner le lit, un air soucieux sur le visage.

— Je ne sais pas ce qu'elle est exactement mais ce n'est pas une métamorphe comme nous. Elle est...autre chose.

— Comment ça autre chose ? lui demandai-je, sentant l'inquiétude faire son grand retour au creux de mon estomac.

— Je ne peux pas l'expliquer clairement, c'est quelque chose qu'Iron et moi avons ressentis quand...

C'est alors que ses yeux se voilèrent soudain et que le vis s'affaisser devant moi. Il se rattrapa de justesse aux montants du lit, la respiration courte et saccadée. Je me précipitai vers lui quand la porte s'ouvrit une nouvelle fois dans mon dos. Je me retournai tout en m'accroupissant aux côtés de Jude et vis Iphigénia pénétrer dans la chambre.

Cette fois-ci elle n'hésita pas et d'une main ferme vint soutenir son fils pour l'aider à se redresser.

— Tu as raison pour Cassie, lui dit-elle alors qu'elle l'aidait à s'assoir sur le lit. Je l'ai senti aussi, comme je sens cette ombre grandir en toi chaque heure un peu plus.

— C'est Shadow, lui répondis-je. Et il sait qu'il doit attendre son heure.

— Peut-être...mais c'est un peu plus compliqué que ça.

— Comment ça ? lui demanda Jude en la repoussant d'un geste doux mais sans équivoque.

— Je vous expliquerais plus tard. Pour le moment il faut rejoindre les autres et surtout Christina, ne parlez pas de votre grossesse. Il ne faut pas leur dévoiler nos faiblesses...quelque chose cloche ici.

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Désolée pour le retard mais il est enfin là ^.^ Chapitre de transition assez difficile à écrire pour moi et qui sera à peaufiner ultérieurement :-)

Des bisous *o*

Symbiose . Féline-Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant