Chapitre 6-1

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Je sentis son esprit résister à cette demande étrange et dangereuse. J'insistai néanmoins avec force et détermination, sachant que c'était le seul moyen de protéger Féline des mauvais traitements, du moins temporairement.

« Fais-le maintenant...fais-moi confiance ! »

Avec un grondement sourd et meurtrier, elle ouvrit sa gueule et referma son impressionnante mâchoire sur mon cou. Je sentis ses puissantes canines érafler ma peau, la lésant même par endroit. Si bien que mon amie dû faire appel à toute sa retenu pour ne pas céder à la tentation que mon sang chaud et épais lui inspirait.

Puis sans la prévenir au préalable pour cela paraisse plus authentique, je la saisis sous les pattes et la repoussai loin de moi, l'envoyant glisser dans la poussière à quelques mètres de là.

« Ne montre surtout pas que tu vas mieux ! » l'avertis-je tandis que je m'évertuais à lui transférer encore un peu de mon énergie pendant que je le pouvais encore.

« Et toi petite sœur ? » me demanda-t-elle avec une inquiétude sincère et déchirante.

« Moi ça ira ! » lui affirmai-je avec conviction alors que je me relevai, chancelante, des gouttes de sang tombant de ma gorge meurtrie et douloureuse.

— Maintenant que vous avez la preuve que votre théorie était fausse, que fait-on ? leur criai-je de ma voix rauque et abimée, en fixant Shaw dans les yeux malgré la distance qui nous séparait.

— Puisqu'il est évident que cette panthère n'est pas un déclencheur de votre transformation, nous n'avons plus de raisons de nous encombrer d'elle, non ?! me menaça-t-il d'un ton doucereux, tout en donnant un ordre muet à Krüller d'un bref signe de tête.

Je vis ce dernier disparaitre brièvement, avant d'entendre le bruit d'une porte métallique qui s'ouvrait quelque part dans la pièce.

— Elle n'est pas elle-même et c'est à cause de vous ! arguai-je en me rapprochant de Féline, toujours tapie en position défensive entre les hautes herbes. Si vous lui faite du mal...vous n'obtiendrez jamais rien de moi ! le menaçai-je au moment où Krüller apparaissait, un fusil de chasse dans les mains.

J'avais à peine terminé ma phrase que je vis Féline bondir sur Krüller avant que celui-ci n'ai même le temps de la viser. Le fusil tomba au sol dans un bruit sourd, tandis que la panthère plantait ses crocs acérés dans l'épaule de l'homme qui hurla sous le choc et tenta de se débarrasser de l'animal enragée par de grands gestes futiles et désespérés.

Ce spectacle atroce m'emplissait d'une joie sauvage, me donnant envie de participer au festin. Ce bipède ne sentait pas aussi bon que monsieur poulet, mais bon...il avait l'air bien appétissant tout de même ! Cette pensée faisait écho au grondement sauvage et primitif qui voulait sortir de ma gorge, gêné par ma trachée d'humaine, pas du tout adaptée à l'exercice. C'est alors que dans un sursaut de conscience, je m'accrochai férocement à mon humanité pour résister à la transformation qui nous perdraient toutes les deux.

« Féline arrête ! »

« Ce...cette...chose t'a fait du mal ! » gronda-t-elle dans mon esprit, le sien obnubilé par la faim et l'imminence de la mise à mort. « Il mérite de périr sous mes crocs »

« C'est vrai...et je te promets qu'il mourra ! Mais pas maintenant ! Si tu fais ça...il te tueront et...je ne le supporterais pas ! »

J'avais mis toutes mes émotions et ce qu'il me restait de mon âme dans cette supplique désespérée, priant de toutes mes forces pour qu'elle comprenne la complexité de mes sentiments humains. L'attente, qui ne dura en réalité que quelques instants, me sembla interminable tellement j'avais peur de voir la tête de mon amie, exploser là sous mes yeux, d'une seconde à l'autre.

Puis, avec une lenteur exacerbée par mon stress, je vis les mâchoires de Féline s'ouvrir, non sans réticence, et lâcher un Krüller sanguinolent et un peu mâchouillé, qui retomba mollement au sol, choqué mais vivant !

C'est avec une angoisse extrême que je portai mon regard sur Shaw et fut surprise de le voir contempler son homme de main blessé avec indifférence et dégout. Quoi que surprise...pas tant que cela finalement me dis-je en attendant avec anxiété le verdict de ce sociopathe dégénéré.

— Bien...nous allons nourrir votre amie à sa faim et elle aura tous les soins appropriés à son bien être...dès que vous vous serez transformée devant moi. Car si vous n'en êtes pas capable...vous ne m'êtes, l'une comme l'autre, plus d'aucune utilité ! me dit-il d'une voix sournoise à la limite de l'impatience, qui me fit penser qu'au final, c'était ce qu'il souhaitait.

— Vous le faite devant moi, maintenant, pour que je sois certaine que vous tiendrez parole et ensuite...vous aurez ce que vous voulez ! lui répondis-je avec une assurance que j'étais loin de ressentir.

« Non petite sœur ! Je me sens plus forte maintenant...on a une chance de les avoir »

« C'est trop tôt et trop risqué pour nous deux ! Fais-moi confiance »

— Soit ! Mais si vous tentez la moindre chose...

— Je ne tenterai rien, promis-je immédiatement, de peur qu'il ne retire sa proposition.

Ma seule préoccupation immédiate était de mettre Féline à l'abri, le temps que mon plan d'évasion se concrétise. Car je savais, contrairement à la panthère, que nous n'avions aucune chance en nous en prenant à eux frontalement. Ils étaient trop nombreux et trop préparés à ça. Notre seule et unique chance était la ruse et ma petite frimousse était l'arme idéale dont j'avais besoin...en plus du temps, que j'étais en train d'acquérir à l'instant présent.

Quelques minutes passèrent sans que rien ne se produise, puis deux hommes armés pénétrèrent à l'intérieur. L'un deux déposa une double écuelle remplie d'eau et de viande fraiche sur le sol tandis que son comparse aidait un Krüller à demi-conscient à sortir. Féline hésita, mais je l'incitai d'une petite poussée mentale à aller se nourrir, ce qu'elle fit finalement de bon cœur. Une fois qu'elle eut terminé, nous entendîmes la trappe par laquelle elle était entrée s'ouvrir, nous envoyant un message clair et sans équivoque.

« Vas-y...on se retrouvera très bientôt...promis »

« Merci petite sœur » m'envoya-t-elle avec tendresse, alors qu'elle me frôlait légèrement, frottant sa tête contre ma jambe.

Ce geste de réconfort assortit d'un léger ronronnement me fit autant de bien qu'il me serra le cœur, et c'est avec un profond sentiment de perte que je la regardai disparaître dans le passage étroit et sombre. Au moment où le panneau métallique retomba dans un claquement sec, notre communication mentale fut coupée net, me confirmant que ces horribles personnes étaient vraiment bien préparées.

— Maintenant j'attends ! me relança Shaw d'une voix avide en me dardant de son regard perçant.

Très bien ! Il voulait une transformation...et bien il allait en avoir une, pensai-je en m'avançant vers la vitre à grande enjambées avant de me poster, bien droite et bien campée sur mes jambes, à seulement quelques mètres du professeur.

Je le fixai, puis lui lançant un regard rageur, je laissai tomber toutes mes barrières. Kami qui n'attendait que cela, prit les commandes et je la laissai faire, acceptant enfin la transformation avec une joie primitive et sauvage.

Symbiose . Féline-Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant