Chapitre 21-1

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*Centre de recherches expérimentales de Kendish*


Il faisait aussi sombre dans la cage d'escalier désaffectée que dans l'aile condamnée d'où nous venions, mais cela ne nous arrêta pas. Comme nous n'avions aucun moyen de re-verrouiller la porte correctement, nous nous empressâmes de nous en éloigner en nous ruant dans les escaliers que nous montâmes quatre à quatre, trop conscientes des bruits de raclements et de métal martyrisé dont les échos sinistres semblaient nous poursuivre.

C'est essoufflées et au bord de la panique, que nous parvînmes devant une nouvelle porte cadenassée, néanmoins avec moins de soin que la précédente, ce qui me permit de l'ouvrir assez rapidement. Le nouveau couloir dans lequel nous débouchâmes était quant à lui éclairé par des veilleuses, dont la faible lumière réussit à nous éblouir tellement nous nous étions habitués à la pénombre. Nous jetâmes des coups d'œil anxieux autours de nous, persuadées de voir quelqu'un débarquer d'une seconde à l'autre ! Mais heureusement...personne à l'horizon, ce qui me permit de refermer la porte aussi bien que je le pus, en entrelaçant la chaine dans les poignées pour que cela ait une chance de résister aux assauts du monstre s'il parvenait jusqu'ici. J'espérai sincèrement qu'il cesserait la traque, une fois que nous ne serions plus dans son domaine.

— On devrait peut-être prévenir quelqu'un ?

— Vous êtes folle ou quoi ?! m'exclamai-je dans un souffle en me retournant brusquement vers elle. Ils nous cherchent partout !

— Les commandos oui, mais pas le personnel secondaire. La preuve ils n'ont même pas donner l'alarme ! Si cette chose arrive ici...

— On avisera, la coupai-je un peu brusquement tandis que je m'avançai à pas prudent vers la seule porte visible. Il faut déjà déterminer où nous sommes, ajoutai-je pour moi-même en entrebâillant très légèrement la porte, le docteur Banes sur mes talons.

Les trois gardes armés qui passèrent en courant devant la porte à l'instant où je risquai un coup d'œil prudent à l'extérieur me la firent refermer instantanément, tout en priant pour qu'aucun des hommes ne se soient aperçu de quelque chose.

Les battements de mon cœur, qui s'étaient enfin un peu calmés une fois en relative sécurité, reprirent de plus belle alors qu'un spasme me barrait le ventre, me rappelant que le stress et les efforts physiques n'étaient pas très bon pour moi à l'heure actuelle ! Quelle ironie du sort !

— Que se passe-t-ils ? me demanda Rebecca tandis qu'elle ne cessait de jeter des regards anxieux et apeurés à la porte, pour le moment toujours cadenassée et silencieuse.

— Des gardes armées...ils viennent de passer en courant devant la porte !

— Et merde ! Nous devons être de retour dans l'aile sécurisée, s'exclama-t-elle un air découragé sur le visage. Comment allons-nous faire pour sortir de là une deuxième fois ?

Si au moins j'avais été en connexion avec Féline ou Frimousse, j'aurais pu me servir de leurs sens pour tenter de me repérer avant de sortir de là, mais de ce côté là...c'était le calme plat.

— Je ne sais pas mais nous devons essayer, lui rétorquai-je sentant la fatigue grandir et un nouveau spasme arriver. Il faut que je sorte d'ici...

Ma voix avait des accents désespérés et je vis que la doc me lançait un regard inquiet avant de me faire signe de m'écarter pour lui laisser la place.

— Je ne sais pas exactement où nous allons déboucher mais si nous somme bien dans la partie haute sécurité ce sera truffé de caméras alors...autant y aller franchement ! dit-elle en ouvrant grand la porte avant de me faire signe de la suivre.

Le contraste fut saisissant et me coupa carrément le souffle lorsque je me retrouvai dans un grand couloir tapissé d'immenses baies vitrées, donnant une vue imprenable sur l'enceinte en barbelés et la forêt sauvage qui s'étendait derrière.

— Les vitres sont blindées, me souffla le docteur Banes tandis qu'elle me prenait la main et m'entraînait derrière elle.

Je me laissai faire mais sans parvenir à détacher mon regard des pins sombres qui ondoyaient sous le vent d'automne. Il me semblait que cela faisait des années que j'étais enfermée entre ces murs sans aucune vue sur l'extérieur. La liberté était là...à portée de main ! À la fois si proche et inaccessible...que cela me mit un coup au moral au lieu de me rebooster comme cela aurait dû.

— Christina venez, ne traînez pas ! me pressa le docteur Banes, apparemment pressée de quitter ce couloir.

Nous nous apprêtions à bifurquer sur la droite, quand des voix masculines nous arrêtèrent net.

« Surveillez tous les couloirs principaux et tous les couloirs d'accés entre les ailes ! Elles vont bien finir par se montrer ! Et si quelqu'un vous pose des questions, répondez que c'est juste un exercice. Allez au boulot ! »

Je vis la panique passer brièvement sur les traits de Rebecca avant qu'elle ne recule de quelques pas et ne bifurque finalement à gauche en se mettant à courir.

— On fait quoi maintenant ? lui demandai d'une voix essoufflée incapable de suivre le rythme qu'elle m'imposait.

J'avais horreur de me sentir inutile et impuissante mais je n'osai pas pousser mes limites, consciente que dorénavant j'étais responsable d'autres êtres que moi et que cela changeait toute la donne !

— Une chose à laquelle ils ne s'attendront pas et qui nous fera gagner un peu de temps, me répondit-elle en me guidant vers un nouveau local technique.

À peine entrer elle commença à ouvrir les armoires métalliques les unes après les autres, cherchant apparemment quelque chose de précis.

— Vous avez besoin d'aide ?

— Non c'est bon j'ai trouvé, me dit-elle alors qu'elle plongeait sans hésiter sa main dans l'un des boitiers remplis de fils et de trucs en tout genre avant d'en retirer un petit élément qui ressemblait à un fusible et de le remettre à sa place quelques secondes plus tard.

— Vous faites quoi là ?

— J'ai désactivée le circuit de caméra de l'aile quatre. Vu comment je m'y suis prise, ils prendront ça pour une panne de fusible et ne chercheront pas plus loin, me dit-elle avec un petit sourire. Mon père est électricien ! ajouta-t-elle devant mon air perplexe. Cela va nous permettre d'y entrer sans nous faire repérer, le temps de trouver un moyen de déjouer les gardes.

— Nous n'allons pas encore nous cacher ? m'insurgeai-je en m'adossant au mur, une main posée sur mon ventre tendu.

— Vous avez une meilleure solution ?! À moins que vous ne vouliez accoucher dans les couloirs...je n'en vois pas d'autre ! m'apostropha-t-elle tandis qu'elle m'entrainait de nouveau derrière elle.

Je ne dis rien et me contentai de la suivre, de plus en plus mal et consciente qu'elle avait raison. Elle déverrouilla un sas de sécurité à l'aide d'un des passes se trouvant dans les poches de sa blouse.

— Maintenant nous devons trouver un endroit sûr avant que les caméras ne se rallument ! me dit-elle plus gentiment.

C'est au moment où nous nous avancions dans le nouveau couloir mal éclairé que les premiers cris de terreurs retentirent quelque part dans le complexe. Nous apprenant que...la bête n'avait pas cessé la traque finalement !

Symbiose . Féline-Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant