Symbiose . Féline-Tome 3

Chapitre 34-2

           

Je vis Jude, malgré son état, lever les yeux au ciel comme un ado boudeur à l'entente de la mise en garde de sa mère.

— Ce n'est pas parce que ces gens ne font pas parti de notre clan, qu'il y a forcément un problème, lui répondit-il dans un grognement agacé tandis qu'il se relevait et testait prudemment ses appuis.

— Khyn est agressif et...

— ...et il nous a aidé alors que rien ne l'y obligeait ! Même si son attitude m'énerve elle ne m'étonne pas...et ne m'inquiète pas non plus.

— Et bien cela devrait ! Il s'érige en chef...

— ...et c'est normal, nous sommes chez lui ! la coupa une nouvelle fois Jude d'un ton exaspéré. Khyn est un dominant puissant et nous sommes dans sa communauté ! Même si l'homme en lui-même ne me plait pas, je comprends sa réaction. La tienne, en revanche, beaucoup moins.

— Il te voit comme un rival et s'il te provoque en duel...

— Oh mais arrête, ça n'en arrivera pas là ! Bien sûr qu'il me considère comme un rival, c'est que son instinct est bon ! Nous sommes deux dominants et il sait très bien que je suis plus puissant que lui. Mais dès qu'il aura compris que mon seul souhait c'est de partir loin de tout ça...il n'y aura plus de problème.

— Comment ça partir loin de tout ça ? Tu as un devoir de chef de clan à assurer ! Ton rôle est de nous succéder.

Je vis la colère étinceler dans les yeux de Jude, avant qu'il ne pousse un soupir de lassitude résignée, tout en me saisissant la main.

— Ce n'est vraiment pas le moment de parler de ça, dit-il d'une voix lasse à sa mère sans même se retourner vers elle, tandis qu'il m'entraînait vers la porte.

— Mais et ta...

Alors que j'allais prononcer le mot sœur, sa main broya la mienne avec la force d'un étau tandis que son regard noir se plantait dans le mien m'ordonnant de me taire. J'avais appris de sa bouche que sa sœur était vivante, lorsqu'il m'avait succinctement raconté ce qui leur était arrivé dans les bois du Drasill. Sans savoir pourquoi, j'avais supposé que sa mère était au courant...visiblement ce n'était pas le cas et il ne voulait pas que cela change.

— Je t'expliquerai, me murmura-t-il à l'oreille en m'entraînant dans le couloir sans plus se soucier d'Iphigénia, dont je sentais l'aura glacée et désapprobatrice fuir jusqu'à nous.

Jude s'arrêta à peine le seuil franchit. À son regard concentré et scrutateur, je compris que c'était la première fois qu'il mettait consciemment les pieds dans ce couloir et qu'il était en train d'analyser son environnement. Les murs étaient haut, intégralement recouverts de lambris et percés à intervalles régulier de petites fenêtres rectangulaire, trop hautes pour que l'on puisse voir à l'extérieur mais qui laissaient passer la lumière, rendant l'atmosphère accueillante et chaleureuse. Il hésita quelques instants puis finalement tourna à gauche.

— Réglons ce combat de coq tout de suite, dit-il comme pour lui-même.

Une fois au bout du couloir, il poussa les deux portes battantes en bois qui nous faisaient face et nous pénétrâmes dans une salle inondée de lumière. Plusieurs personnes étaient déjà présentes, dont la plupart des membres de notre groupe. Il régnait dans la pièce une ambiance lourde et pesante de fatigue et d'attente. Tout le monde était assis ou presque. Certains sur des chaises, d'autres sur les tables les jambes pendantes, tandis que les derniers restaient debout. Je brulais d'envie de demander ce qu'il se passait, mais préférai analyser un peu mon environnement avant d'ouvrir la bouche.