Symbiose . Féline-Tome 3

Chapitre 35-2

           

La stupeur qui s'empara de chacun de nous ne dura que quelques secondes, avant que des dizaines de voix ne s'élèvent simultanément créant un brouhaha incompréhensible et douloureux pour les tympans.

— Silence !

Le rugissement de Khyn résonna soudain, rebondissant sur les parois vitrées et ramenant le silence d'une manière rapide et efficace. Silence que Jude s'empressa rapidement de briser, un regard troublé rivé sur sa mère.

— C'est toi qui suggère ça ? Depuis quand es-tu si progressiste ? Car dans les derniers véritables souvenirs que j'ai de toi...tu n'étais pas si...ouverte !

Sa voix était agressive et son ton ironique, mais il était surtout en rage. Je le sentais au fond de moi. Il en voulait profondément à sa mère d'avoir renier sa sœur car elle était une métamorphe cygne et non aigle. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il ne lui avait toujours pas avoué qu'elle était en vie. Sa proposition sonnait donc comme un affront personnel à ses oreilles.

Iphigénia ne parut pas troublée par ses accusations voilées et c'est d'une démarche assurée qu'elle s'avança de quelques pas au milieu de la pièce, sous les regards interloqués et hostiles de ses occupants.

— Autant d'années de captivités cela vous change, dit-elle d'une voix grave et solennel en s'adressant à Jude. Je t'expliquerai plus tard pourquoi j'ai agis comme je l'ai fait à l'époque, mais ce n'est ni le lieu, ni l'endroit. Vous devez ouvrir les yeux, ajouta-t-elle en s'adressant au reste de la salle. C'est notre seule issue.

— Nous révéler à ceux qui veulent nous détruire ! Ce serait ça notre solution ? reprit Khyn d'une voix dégoulinante de sarcasme.

— Oui ! Une fois que tout le monde saura, ils seront pieds et poings liés.

— Ou ils auront au contraire toute légitimité pour nous exterminer, intervint Charles. C'est beaucoup trop risqué !

— Quel proposez-vous donc comme alternative ? lui demanda Iphigénia d'un ton ouvertement hostile.

— Trouvons les groupes qui sont attaqués et allons les secourir.

— Parce que vous croyez vraiment que nous aurions une chance ? s'énerva River. De toute manière, il est trop tard ! L'opération est déjà en route. Nous n'aurions pas le temps d'agir et nous ne sommes pas assez nombreux.

— De toute manière ce n'était qu'une question de temps, ajouta Iphigénia d'une voix forte. Cela fait longtemps que nous envisageons la possibilité de nous révéler aux humains. Ils viennent seulement de nous forcer la main, voilà tout !

— Admettons que vous ayez raison...comment comptez-vous vous y prendre ? Vous comptez aller voir un journaliste en lui disant « Bonjour, moi c'est Claudette et je me transforme en moufette ! Sinon ça va ? ».

Je gémis intérieurement à l'entente de la raillerie tout sauf subtil de Worth. Et dire que je croyais que les effets secondaires étaient en train de refluer ! Aux souffles retenus et à la tension que je sentais croitre autour de moi, ça allait être un carnage ! Il n'aurait pas pu garder sa bouche fermé juste quelques minutes de plus ?

C'est alors qu'un son étrange se mit à retentir. Un son que je n'aurais jamais cru entendre en pareille situation...un rire. Un rire franc et communicatif qui en quelques secondes dédramatisa une situation potentiellement catastrophique.

Je jetais un regard surpris et furtif à River, qui s'esclaffait toujours bruyamment. Peut-être un peu trop pour que sa réaction soit véritablement spontanée...à moins que ce ne soit moi qui voit des manipulations partout ? Peut-être au fond ! mais après tout peu importait, seul le résultat comptait.