Chapitre 14-2

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Enfin, uniquement moi apparemment ! Car j'entendis le docteur Banes ronchonner dans sa barbe tandis qu'elle farfouillait dans ses poches.

— Ne vous inquiétez-pas, ce n'est que la lumière qui vient de s'éteindre toute seule, me murmura-t-elle alors qu'un faible faisceau lumineux jaillissait soudain devant mes yeux, m'éblouissant légèrement.

— Vous êtes sûre ? lui demandai-je le souffle court et tous les sens en alerte, certaine qu'une catastrophe imminente était sur le point de s'abattre sur nous.

— Oui, j'en suis certaine. Je pensais juste avoir plus de temps devant moi. Dans mes souvenirs, la minuterie durait plus longtemps. Vous pouvez vous détendre, ajouta-t-elle avec un petit sourire, tandis qu'elle posait deux doigts sur mon poignet pour prendre mon pouls.

— Me détendre...il y a un petit moment que je ne sais plus ce que ça veut dire, lui répondis-je dans une grimace, alors qu'un nouveau spasme me barrait l'abdomen.

— Eh bien, même si les conditions ne s'y prêtent guère, ce serait bien d'essayer de s'y remettre sans trop tarder, essaya-t-elle de plaisanter en sortant une seringue d'une des poches sans fond de sa blouse.

Avec des gestes assurés, elle fit sauter le bouchon de protection, coinça la lampe torche entre ses dents et me fit l'injection sans la moindre hésitation. Puis après avoir vérifié une nouvelle fois mon pouls, elle se leva et alla chercher un grand tasseau de bois qu'elle eut du mal à manipuler seule tellement il était long.

— Ne vous avisez même pas de terminer votre mouvement, me dit-elle d'une voix autoritaire et sans réplique quand, par réflexe, j'avais fait mine de vouloir me lever pour l'aider.

Je ne discutai pas et la regardai positionner la grande planche devant l'ouverture qui nous avait permis d'entrer.

— Vous avez été scout ? ne pus-je m'empêcher de lui demander. Vous avez l'air si à l'aise avec...tout ça !

— Oh je ne le suis pas, loin de là ! me répondit-elle alors qu'elle s'asseyait non loin de moi et déposait le cylindre lumineux entre nous sur le sol, où il roula quelques instants, créant des ombres mouvantes dans toute la pièce.  Mais, me concentrer sur ce que je sais faire et rester dans l'action sont les seules choses qui me permettent de ne pas paniquer. Mais maintenant que nous sommes enfin posées et relativement à l'abri...je ne vous promet rien !

Je ne lui répondis pas, car en vérité, je ne savais pas quoi lui dire. Je tentai de trouver une position un peu moins inconfortable sur le sol dur et fermai les yeux, en essayant surtout de ne penser à rien...très drôle ! La tempête mentale recommença à l'instant où mes paupières tombèrent sur mes iris fatiguées.

— Combien de temps allons-nous devoir rester ici ?

J'avais chuchoté ma question, pourtant ma voix sembla m'exploser aux oreilles après le silence quasi parfait et limite angoissant des dernières secondes.

— Jusqu'à ce que vous n'ayez plus de contraction et que votre rythme cardiaque baisse. Vous avez été soumise à trop de stress dans votre état, vous avez besoin d'une pause...et de manger aussi apparemment ! ajouta-t-elle lorsque mon estomac émit des gargouillis, certainement audibles jusqu'aux escaliers ! Malheureusement, je n'ai rien sous la main.

— Vous inquiétez pas, ça ira. Les privations, je commence à avoir l'habitude, ajoutai-je d'un ton lourd et résigné.

« Moi peut apporter miettes pour toi ? Toi besoin nourriture pour bébés bien grandir. »

Le message mental de Frimousse me parvint de manière si inattendue que je ne pus m'empêcher de rigoler, attendrie par la gentille attention de mon amie à moustaches. Ce qui fit sursauter le docteur Banes, perdue dans ses pensées.

— Je peux savoir ce que vous trouvez drôle dans cette situation pourrie ?

— Oh rien ! Ces derniers temps, ma vie n'est plus qu'une funeste blague. À tel point que ça en est presque risible ! lui mentis-je à moitié pour ne pas l'affoler plus que nécessaire avec des histoires de souris télépathes...c'est sûr que présenté comme ça !

« Souricette très gentille mais deux jambes besoin de manger beaucoup plus que des miettes » répondis-je à frimousse en espérant qu'elle comprendrait et ne m'en voudrait pas trop. Je lui envoyai ensuite une vague d'émotions sincères pour la remercier de tout mon cœur et fut remercier par un « squitt ! » plus qu'éloquent qui me mit du baume au cœur.

— Vous...vous êtes quoi exactement ? me demanda-t-elle après avoir pris une grande inspiration, certainement pour se donner du courage.

— Vous le savez...je vous l'ai dit tout à l'heure, lui répondis-je dans un soupir las.

Pas que je ne comprenne pas son besoin d'en parler ou d'éclaircir les choses, ça au contraire je ne le comprenais que trop bien ! Mais j'étais juste...fatiguée. Je n'avais qu'une envie, retrouver Jude et Féline et que l'on nous laisse vivre tout le reste de notre existence seuls, dans un calme ennuyeux et olympien.

— Oui mais...ce n'est pas...Je suis médecin, j'ai étudié l'anatomie humaine et ce que vous dites c'est...impossible !

— Vous l'avez constaté de vos propres yeux pourtant ! Vous étiez aux premières loges de la foire au monstre !

— Justement, je ne suis plus certaine de ce que j'ai vu...et je ne vous ai jamais traité de monstre.

— Non, c'est vrai. Mais votre regard l'a fait pour vous. Je sentis un sourire triste s'épanouir sur mes lèvres alors que me revenait en mémoire mon premier réveil auprès de Jude. Mais je ne vous en veux pas. J'ai eu plus ou moins la même réaction avec...

Je me tus soudain, les larmes bloquées dans ma gorge m'empêchant d'aller plus loin.

— Quelqu'un de proche ? me questionna-t-elle gentiment en commençant à tendre son bras vers moi avant d'interrompre son geste, certainement par peur de ma réaction.

— A l'époque il ne l'était pas...pas encore.

— C'est le futur père des bébés, c'est ça ?

J'acquiesçai d'un signe de tête. Je sentais enfin la pression retomber et à présent que j'étais certaine de ne plus être surveillée et épiée, je pouvais laisser mes sentiments refaire surface et me submerger.

— Il est enfermé ici, lui aussi ?

— Non, il...il me croit morte. Je ne sais pas ce qu'il est devenu depuis que ces hommes m'ont enlevé pour m'amener ici...j'espère qu'il va bien.

— J'en suis certaine, me répondit le docteur Banes d'une voix qui me parut un peu enroué tout à coup. Lui aussi il est comme vous ?

— Oui...il me manque.

Dès que le dernier mot eut franchi mes lèvres, j'éclatai en sanglot. Des sanglots longs et silencieux qui ne semblaient pas vouloir se tarir. Je sentis les bras de la doctoresse s'enrouler autour de moi sans aucune hésitation tandis qu'elle m'attirait contre son dos, pour me soutenir et me consoler. Son comportement autant que mon besoin de délivrance émotionnelle fit le reste et je me laissai aller.

Je ne sais combien de temps je pleurai. Des pleurs nécessaires et libérateurs qui me firent un bien fou. Ce n'est que bien plus tard, épuisée et partiellement soulagée que je m'endormis enfin, forte d'un nouvel espoir et d'une nouvelle amie sur qui compter.

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Petit chapitre calme, qui je l'espère vous aura plu ?! ^.^

J'espère pouvoir publier un nouveau chapitre demain, mais compte tenu d'une journée très chargée en perspective, je ne suis pas certaine d'en avoir le temps !

Je vous fais des bisous et vous dit à tout bientôt avec...vous verrez ^o^

Kisssssss *-*

Symbiose . Féline-Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant