Symbiose . Féline-Tome 3

Chapitre 44-1

— Qu'est-ce que tu entends par là ? demanda immédiatement Jude à Hannah, une fois la lourde porte métallique refermée derrière nous.

— Qu'un édifice sensible gardé par seulement deux hommes et non armés en plus, ça n'existe pas !

— Édifice sensible ! Mais ce n'est qu'un barrage ici ! Même si quelqu'un voulait le faire sauter, cela ne noierait que des pigeons !

La voix étrangère et outrée qui se fit entendre, attira l'attention de tout le monde sur le garde, tenu en respect par Worth. Il se trouvait assis à même le sol de ciment, les mains visiblement attachées derrière son dos avec ses propres menottes. C'était un homme d'âge moyen et de corpulence moyenne, en résumé, il n'avait rien de particulièrement remarquable.

— Un service de protection annexe doit certainement surveiller les lieux via un système de caméra, affirma Worth, tout en jetant un coup d'œil interrogatif à son captif pour qu'il confirme ses dires.

— Mais vous êtes qui vous ? Des terroristes ? Des fanatiques écolos ? En tout cas, vous êtes complètement à côté de la plaque ! C'est paumé ici. Cet endroit n'a aucun intérêt pour personne.

Son discours véhément semblait sincère, bien qu'un peu trop appuyé pour me convaincre tout à fait. À moins que ce ne soit moi qui vire parano ? Après tous ce que nous avions vécu...cela n'aurait rien eu d'étonnant !

« Non, je suis d'accord avec toi. Restons sur nos gardes, c'est beaucoup trop calme ici ! »

La voix de Jude dans ma tête, forte et claire, me prit au dépourvu et je sursautai malgré moi. Notre connexion semblait se modifier de façon subtile sans que j'en comprenne encore exactement le fonctionnement.

— Nous sommes là pour votre studio météo, dit Jude au garde en s'approchant de lui.

L'homme tenta de reculer instinctivement devant la menace qui s'avançait, mais le mur l'empêcha de bouger. Pourtant mon pauvre Jude n'était pas très impressionnant dans ses vêtements d'emprunts déchirés et trop grands, ses cheveux emmêlés et son visage fatigué. En temps normal, notre homme aurait certainement fait une crise cardiaque rien qu'à croiser son regard !

— Un studio météo ? Vous voulez parler du truc dont ils se servaient pour l'ancienne chaîne de télé ?

— Oui, ça doit être ça ! confirma River, qui était en train de pianoter sur le clavier antédiluvien de l'ordinateur de l'accueil. Cette machine est une antiquité ! Rrrr...je n'arrive à rien ! Où ça se trouve ? demanda-t-il finalement au garde d'une voix pressante.

— Il faut suivre le couloir sur la droite et...

— Pas la peine de nous faire un plan...vous venez avec nous !

Puis sans ménagement, mais sans lui faire mal pour autant, l'inspecteur le remit sur ses pieds et le tenant fermement par le bras, se dirigea vers le couloir en question.

— Vous...vous allez me faire du mal ? Je ne suis qu'un simple vigile, je...

— Du calme ! Nous ne vous ferons aucun mal.En plus, il est flic ! le coupa River avec un grand sourire et un signe de tête en direction de Worth, qui n'eut pas l'air ravi de son intervention.

Le pauvre homme regarda l'inspecteur et son allure débraillée avec des yeux ronds et finalement dû juger plus prudent de garder la bouche fermée. C'est donc en silence et sur le qui-vive que nous suivîmes Worth et son infortunée boussole dans les entrailles de béton du bâtiment. Nous n'eûmes pas à aller loin, puisqu'au bout de seulement quelques mètres, l'homme nous désigna l'une des dernières portes sur la gauche.