Chapitre 15-1

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*Dans les bois du Drasill*                                                                               

L'espace d'un battement de cœur, j'espérai que ce fut Christina. Même si la voix et la corpulence m'avait appris en quelques secondes et avec certitude que ça ne pouvait pas être elle...je n'avais pu m'empêcher d'espérer un miracle. Mais le frêle gabarit tout tremblant que je tenais entre mes bras ne pouvait être qu'une seule personne, une personne que je ne pensai jamais revoir un jour.

— Swan...c'est toi ? murmurai-je d'une voix tremblante, alors que j'essayai d'apercevoir son visage à présent enfoui dans mon épaule.

Elle ne répondit pas, mais je la sentis faire un signe d'assentiment de la tête. Même si j'étais venu ici avec l'infime espoir de retrouver ma sœur, au fond de moi, je n'y croyais pas. Pourtant elle était bien là, dans mes bras et ce miracle me stupéfiait et me bouleversait tout à la fois.

— Jude ? Ça va là-dedans ? me demanda discrètement River d'un ton inquiet depuis l'entrée de la cellule.

— River ? S'exclama ma sœur en relâchant un peu son étreinte.

Je profitai de sa surprise pour lui passer gentiment un bras dans le dos et l'entrainer vers la sortie. J'avais beau avoir toujours du mal à y croire et cent milles questions à lui poser, cela attendrait que nous soyons tous sortie de cet enfer souterrain malodorant. Nous rejoignîmes un River complètement déboussolé qui nous regarda émerger des ténèbres, les yeux écarquillés et la bouche ouverte.

— Vous êtes venus tous les deux ! murmura Judith des larmes plein les yeux. Merci. Je croyais que c'était la fin...tout le monde me croyait morte...je pensai que personnes ne viendrait...

— C'était le cas, lui répondit River d'une voix rendue rauque par la surprise et l'émotion. Il y a dix minutes encore...tu nous expliques ?

— Pas maintenant, intervins-je même si ses réponses m'intéressaient au plus haut point. Si nous voulons avoir une chance de sortir d'ici, il faut partir tout de suite ! Je vérifie la dernière cellule et...

— Pas la peine je m'en suis chargé, me coupa River en m'indiquant la porte ouverte d'un signe de tête. Elle était vide.

— Parfait ! River, va t'assurer que la voie est libre.

Pendant qu'il s'exécutait je m'approchai des trois métamorphes hagards et mal en points, réunis au centre de la pièce, là où la lumière des torches nous permettrait d'y voir à peu près correctement.

— Il faut que nous sortions d'ici tout de suite, leur dis-je sans prendre de gants. Qui est en état de marcher seul ?

— Moi...je suis affaiblis mais ça devrait aller, me dit le jeune homme d'une voix tremblante mais décidée.

— Parfait. Tu sais te servir d'une arme ?

— D'une arme à feu ? Non. Mais d'un arc ou d'un couteau...sans problème ! Et...je m'appelle Thomas.

— Moi c'est Jude, lui répondis-je avec un petit sourire rassurant.

J'observai quelques secondes ce jeune homme blessé et courageux, avant de lui tendre mon dernier poignard.

— Tu fais partis du clan des bois du Drasill ? lui demandai-je, alors que je me mettais à la recherche d'armes dissimulées sur les deux gardes morts.

— Non pas du tout ! C'est là que nous sommes ?

— Oui, me contentai-je de répondre, en continuant ma fouille rapide et pour le moment infructueux.

— Pourquoi le clan dirigeant ferrait-il cela ? demanda la plus jeune des deux métamorphes. Et puis, ce sont des humains qui nous ont enlevé...

— Je sais, ça n'a pas encore de sens pour moi non plus, lui répondis-je alors qu'en désespoir de cause je me baissai pour ramasser l'un des deux fusils restés au sol.

C'est alors que je me relevai, que j'entendis un hoquet de surprise horrifié derrière moi, qui me fit me retourner dans un mouvement réflexe très douloureux.

— Que t'est-il arrivé ?

Judith me fixait avec des yeux remplis d'horreur et de pitié, tandis que son regard balayait mon corps ravagé par les tortures.

— Ne t'inquiètes pas, c'est fini à présent, lui répondis-je simplement ne voulant pas m'appesantir sur la question.

Je savais que les dégâts étaient graves et importants mais tant que je pouvais gérer la douleur, ça irait. Il serait temps de s'en inquiéter plus tard.

— Mais tu...

— Judith...je ne suis plus en danger immédiat et nous devons sortir d'ici tout de suite...

Je ne finis pas ma phrase mais elle n'insista pas. Même si je compris à son regard inquiet et réprobateur, qu'elle n'en pensait pas moins. Elle s'éloigna et alla aider la jeune métamorphe qui s'appelait Shanelle et n'était pas en état de marcher seule. Je leur dis de rejoindre River et m'approchai de la dernière métamorphe. C'était une femme d'une cinquantaine d'année dans un état de faiblesse préoccupant.

— Je vais vous prendre sur mes épaules, lui dis-je alors que je m'accroupissais devant elle pour ne pas l'effrayer.

— Non jeune homme. Vous êtes blessé et je suis trop lourde. Laissez-moi...

— ça c'est absolument hors de question, alors économisez votre souffle et ne me faite pas perdre plus de temps, la grondai-je gentiment alors que je l'aidais à passer en position assise.

— Jude, il faut vraiment se presser. Je trouve ça plus que curieux que personne ne nous soit encore tomber dessus...Tu fais quoi là ?! s'indigna River en s'arrêtant à notre hauteur. Tu es fou ! Laisse-moi la place, je vais le faire.

— Non tu as raison. Tout ce calme et cette facilité apparente cache quelque chose. Tu es le seul encore parfaitement valide. On aura besoin de toi en première ligne, en cas de besoin.

— Bien essayé mon ami mais...non ! Tu es toujours gravement blessé et de nous deux, tu as toujours été le meilleur combattant. Même dans ton état tu es meilleur que moi ! Alors tient, me dit-il en me tendant une arme blanche. Moi je prends un de ces fusils et je te couvre.

Je savais qu'en théorie il avait raison. Mais j'avais tellement peur que mes blessures m'empêchent de me battre correctement...nous n'aurions qu'une seule chance et les enjeux étaient trop important pour la manquer. Je finis par prendre l'arme qu'il me tendait et allai retrouver les autres à l'entrée de la galerie.

Tout était calme et silencieux alentours lorsque nous nous engageâmes à l'intérieur et pendant quelques minutes tout se déroula sans le moindre accroc. Nous allions pénétrer dans le tunnel conduisant au passage quand un bruit grondement sourd retentit, bientôt suivit d'une explosion qui pulvérisa la galerie et la fit s'écrouler sur elle-même.

Heureusement pour nous, la détonation n'avait pas été très forte et nous réussîmes à nous reculer à temps pour ne pas être enseveli sous les débris. Un nuage de poussières denses et irrespirables s'abattit sur nous, saturant nos voies aériennes et nous obligeant à fuir par le seul autre accès disponible...droit dans la gueule du loup.

Symbiose . Féline-Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant