Chapitre 23 : Jackson Brock

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La nature reprend toujours ses droits...

Le départ de la troupe de l'horreur a permis aux autres élèves de revenir dans la salle. Il y a encore une seconde, pourtant, elle se trouvait vide, délassée par un silence de plomb. Désormais elle est des plus joyeuses et bouillonne de vie. Certains lycéens, au passage, me jettent un regard interrogateur, mais heureusement, point défiant. Je ne suis plus d'humeur, en effet, à subir d'autres souffrances. Plus aujourd'hui, en tout cas.

Je viens même à me demander ce que je fais ici, devant un casier terne et froid. Un frisson me prend par surprise, et mon sang se glace en un tour de main. En réfléchissant bien, le pire était donc bel et bien arrivé. Ce matin, encore, Emmy pouvait être récupérée. Le temps aurait bien finit par effacer les erreurs du passé, et au fond plus rien ne serait venu déranger notre amitié. Mais désormais,tout espoir a disparu de mon esprit. Plus aucune lueur, juste l'obscurité. Je n'ai pas besoin de méditer pour comprendre que Greg finira par raconter tout ce qui s'est passé à Emmy, et cette dernière ne sera plus jamais la même avec moi. Peut aurais-je encore le privilège d'avoir un bonjour de temps en temps, histoire de rester polie, mais j'ai bien peur que cela s'en arrêta là. En moi se déverse alors une cascade de conséquence : plus de petits mots pendant les cours, plus d'interpellation avec les professeurs... Mais je secoue la tête et refuse de poursuivre. Ce qui est fait est fait, et rien ne pourra me faire revenir en arrière,même pas la chance.

Lorsqu'un élève me percute et fonce dans mon sac à dos, non seulement j'ai le droit à une insulte de sa part, prétendant que je barre le passage, mais la raison revient à moi. Je ne peux pas rester dans cet état, plus jamais. Peut-être me dira-t-on que j'ai complètement perdu la tête, et pour de bon, mais il faut m'apaiser la conscience une bonne fois pour toutes.

Je laisse donc tomber le casier et décide de prendre mon sac avec moi, bien qu'il soit lourd et que mon dos n'en peu plus. Heureusement pour moi,en quittant la salle sous le regard observateur des autres, je remarque que les couloirs sont bondés de lycéens. Cela me paraît quelque peu étrange, compte tenu de l'heure tardive qu'il est en semaine, mais rien ne saurait me faire rebrousser chemin.

Greg et moi, on s'amusait souvent à celui qui s'approcherait le plus de sa demeure. Elle se dressait au beau milieu d'un couloir au troisième étage aille ouest. Rien de si particulier, mais cela représentait pour nous comme un défi à relever, enfin quelque chose dans ce genre. Je n'ai plus la force de réfléchir, ni même de penser à quoique se soit. La montée des marches se trouve être de plus en plus éprouvante, et je comprends maintenant ce que doivent ressentir les vieilles personnes. Cependant, lorsque j'arrive dans le fameux couloir, de nombreux avertissements me reviennent en tête: il se dit en effet que plusieurs personnes avaient disparu lors de leur séance. Qu'on ne l'ait avait jamais revu, comme évaporées du système. Et voilà que soudain, mon propre corps m'avait conduit jusque ici ! Il est vrai cependant que je ne suis pas né de la dernière pluie, et que je sais parfaitement que ces rumeurs sont toutes infondées mais, après tout, les légendes prennent toujours leur source dans une part de vérité. Cette crainte me donne un chat dans la gorge, et j'éternue avec force.

Parvenue à bout de souffle devant la porte, ma première impression est une grande joie. Un record, voilà ce que je viens de réaliser. Mon regard se penche en direction de là d'où je venais  et, mentalement, je dresse des lignes imaginaires, toutes délimitant un niveau atteint. Je revois les souvenirs des scènes de rigolade que moi et Greg nous nous échangions, ainsi que les défis auxquels nous participions.

– Imagine, lui avais-je dis un jour au pied de l'escalier, qu'elle nous surprenne. On fera quoi ?

– J'en sais strictement rien, m'a-t-il répondu avec sourire.

Après cela, il s'était précipité comme un dingue vers le palier de la porte, y toqua trois fois puis repartit à son point de départ. Déjà, à cette époque, j'avais remarqué le caractère comique de Greg, bien que je trouvais qu'il allait un peu trop loin quelque fois. Seulement, lorsque la dame de toutes nos attentes sortait de son bureau, le regard maussade et intrigué, toutes nervosités évacuées mon esprit, et laissées place, comme à chaque fois, à un fou rire incontrôlable. Le passé avait du bon, en y réfléchissant bien.

Mais être devant cette immense porte en bois, debout comme un lâche et sans aucun plan d'échappatoire, je me sens comme prisonnier d'un piège qui, petit à petit, se referme sur moi. Mon cœur bat en chamade, et rien que de lire la pancarte en or sur la porte, suffit à me donner la nausée. En lettres majuscules, l'information passe sans mal dans mon esprit :

Docteur Mme. Lili-Rose

Psychologue et Psychiatre sous condition

Bienvenu cher patient.

La plaque reflète une douce lueur dorée. Les néons au plafond contribues parfaitement à rendre le décors plus rassurant, ce qui m'aide à me calmer. Mais en y réfléchissant bien, tout va enfin se terminer ici ou, du moins, je l'espère. Car j'en ai convenu qu'elle reste mon seul espoir face à la souffrance et à la haine, tout comme contre la terreur et l'isolement. Je ne peux pas me voiler la face plus longtemps : d'abord Greg, puis Emmy, et sûrement tous les autres maintenant. Pendant plus d'un mois, j'ai cherché la source du problème, ainsi qu'un moyen pur et simple de l'éradiquer. De l'annihiler de ma vie. Mais désormais, il est évident que le problème est nul part d'autre ailleurs  que dans mon propre intérieur : à vrai dire, depuis le début, je suis mon propre mal. Tout a commencé avec moi. Tout a commencé dans la nuit. Mais maintenant plus que jamais, tout va s'arrêter. Peut être n'en sortirais-je pas vivant, et que peut être même ne serais-je que l'ombre d'un Jack qui avait existé, loin des préoccupations et remplit de joie et de rire. Mais ce Jack là a déjà disparu, et ce depuis longtemps. Un courant d'air arrive par ma droite. Je frissonne, et dans la pénombre de la nuit qui s'annonce dehors, une larme s'échappe et dégouline sur ma joue.

Au même instant, comme envoyé de Dieux, un immense bien être m'envahit, et détend chaque partie de mon corps. Mes poings, sous un effet tranquillisant, se desserrent l'un après l'autre. De même pour mes jambes qui, quelques secondes plus tôt, étaient raides comme des piques. Jamais je ne me suis senti aussi bien. Mon reflet dans la plaque en or révèle enfin quelques touches de couleurs. Un visage nouveau, débarrassé de toute crainte. Le vent s'est même stoppé, et mes cheveux ont arrêté de se battre. Le silence est revenu, et il ne manquerait plus que le doux chant des oiseaux pour accompagner mon entrée. Ils pourrait se percher  sur une branche d'arbre de la cours, fleurit de quelques fleurs, que cela me suffirait. Une nouvelle perspective de la vie rentre dans mon esprit : maintenant, je le sais,  je suis au bon endroit. Toutes ses images positives dansent dans ma tête, m'empêche de penser à quoi que ce soit d'autre, tandis que mon souffle est revenu à la normal. 

Et l'instant suivant, après que mon cœur soit lui aussi parvenu à un battement régulier, ma main se pose doucement sur la poignée, plus déterminé que jamais.

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Bonjour à tous ! Désolé si le chapitre est un peu court mais j'espère qu'il vous a plu quand même. De plus, je tenais à vous informer qu'il y a quelque temps, j'ai commencé à lire une nouvelle histoire, dénommé "Capitol" qui se trouve dans ma liste de lecture. Vraiment, je trouve l'histoire vraiment originale et malheureusement, compte tenu des règles que j'ai imposé dans "Les trésors de Wattpad", je ne peux pas faire un chapitre sur elle. Donc voilà pourquoi je le dis ici et je vous invite à aller lire ce récit de Antelope-san !

Voilà voilà et bonne lecture !

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