Entre Deux Mondes

Chapitre 49 : Lisa Richmond

Je sais ce que je dois faire.

En refermant le zip de ma robe de Conseillère, qui est arrivée je ne sais comment dans mon dressing, je me dis qu'il en sera plus facile ainsi. Les nuages qui défilent dans ma tête, chacun représentant un souvenir bien défini, n'arrivent plus à me donner du réconfort.

Depuis toute petite, mon rêve était d'être une grande personne. Pas une qui ne sert à rien, qui se contente de rester là, tapis dans l'ombre de la détresse, à se nourrir des restes des autres. Non, une personne à qui l'on apporterait de l'intérêt, quel qu'il soit. Etre une femme qui, dans sa grande et terrible splendeur, arriverait à changer le monde. Maintenant que j'y pense, quelque chose en moi se réveille, m'indiquant que ce but final dans ma vie ne tarde pas à arriver, et ce plus vite que je ne le pensais.

Mon reflet dans le miroir, qui s'était immédiatement retrouvé remplacé sur notre simple demande, me laisse perplexe. Même si ma beauté est toujours présente, comme un unique rappel de ma réussite, je ne peux m'empêcher de croire que tout cela n'est qu'une illusion. Un doux mensonge de la vie, me faisant croire que tout va pour le mieux. Tout en douceur, ma main épouse les formes parfaites de mon visage.

Chaque trait, chaque petite partie de ma peau. Tout n'est que pure perfection. Hier, encore, je croyais qu'il ne s'agissait rien de plus que d'une malédiction. Un traitement de sans valeur, dont le simple but n'est autre que celui de vous rendre parfait.  Maintenant, je comprends qu'il s'agit d'une chance. Pour moi, pour ma famille.

Pour l'humanité entière.

Dans mon regard, je décèle toujours la lueur de cette petite fille si rêveuse, implorant les cieux pour avoir la vie que j'ai désormais. Le plus ironique, c'est que je m'apprête à détruire cette même vie. Rien dans toute mon histoire, aurait pu prédire un tel rebondissement. 

Et, pourtant, si l'on regard bien, Tom a raison : désormais, le monde est à mes pieds, et il serait dommage de tout ruiner.

Foutaise.

Je ne me laisserais pas distraire par ces pensées. Plutôt mourir que de changer d'avis. Je m'éloigne donc du miroir lorsque, prise par surprise, je me rappelle que le temps file toujours. À peine dans la chambre, la porte se refermant derrière moi, je passe en revue l'ensemble de la pièce, scannant chaque élément avec une précision monstrueuse. Autant me souvenir de tout ce que je possède, et qui bientôt ne sera plus que passé.

Lorsque mes yeux atterrissent sur Tom, allongé sur le lit entre les draps, et ne portant qu'un simple boxer blanc, je ne peux m'empêcher d'éprouver de la hantise, tandis que les souvenirs de la veille me reviennent à l'esprit.

***

- Je t'aime.

Même après avoir fait l'amour, Tom restait toujours aussi tumultueux et plein de vie. Dans un sens, je préférais cela que de le voir affalé bêtement comme un simple alcoolique en manque. Son regard charmeur me fixait avec attention, comme s'il essayait de déceler en moi un soupons de joie. La lumière ambiante resplendissait sur sa peau, le rendant des plus magnifique. Néanmoins, je ne pouvais qu'espérer qu'il se taise, étant donné qu'il choisissait toujours ces moments de faiblesse pour me dire tout ce qu'il a sur le cœur.

Du meilleur jusqu'au pire.

Poisseuse, je me retournai dans l'autre sens, dos à Tom, espérant finir la soirée dans le silence. Bien sûr, une partie de moi brûler encore de cette chaleur si caractéristique, mais je la repoussai immédiatement, et fermai les yeux. Un soupire vint me caresser la nuque, et tandis que je luttais avec moi même, je sentis un sourire se dessiner sur la bouche de Tom.