Chapitre 12 : Jackson Brock

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Un frisson envahit soudain la salle, tandis que la vérité se dévoile.

– C'est moi, Monsieur, souffle une petite voix au fond de la pièce.

Tout le monde se retourne en entendant la voix, moi y compris. Personne n'en croit ses yeux, même celle qui vient de signer son arrêt de mort. Elle est devenue toute rouge, les pommettes en feu. Son regard se perd sous la honte et la culpabilité, à croire que c'est maintenant, et seulement maintenant, qu'elle réalise que son acte est complétement stupide. Oui, Emmy est bien une fille casse-cou...

– Eh bien, s'écrie Paluche. De mieux en mieux !

Il se retourne vers elle et marche entre les paillasses.

- Puis je savoir ce qui se passe, Mademoiselle Cure ?

Il arrive devant elle. De ma place, je le vois bonder le torse, comme pour tenter d'impressionner la jeune fille.

Emmy se retrouve maintenant cachée derrière le professeur, mais il ne me faut pas un dessin pour comprendre ce qu'elle doit ressentir.

Les secondes ralentissent, et l'espace d'un instant, le temps s'arrête, comme pour me faire comprendre l'énormité de ce qui est en train se passer sous mes yeux.

–Emmy ne fait que me couvrir, je lance alors sans m'en rendre compte au début.

Je plaque mes mains contre ma bouche, mais il est déjà trop tard. Paluche se redresse instantanément vers moi, le regard sévère. Mais, étrangement, je garde mon sang froid, et continue

- Elle n'a rien à voir avec moi.

–Mais si, Jack, riposte t-elle aussitôt. C'est moi qui t'ai demandé un effaceur, et pas l'inverse. Monsieur, je le redis, tout est de ma faute si Jack s'est retourné et a dérangé votre cours. J'en prends toute la responsabilité.

Tout se mélange dans mon esprit. Non seulement Emmy veut se faire porter coupable, mais elle invente une histoire qui n'a rien n'avoir avec celle du début.

Et quand bien même elle dirait la vérité, pourquoi m'avoir demandé à moi,qui suis à l'autre bout de la salle, de lui prêter mon effaceur, et non pas l'un de ses voisins ? Maintenant, j'en suis sure, je vais être puni, mais elle aussi.

Contre toutes attentes, cependant, Paluche soupire, retourne à son bureau et s'assoit. Emmy et moi, nous nous regardons, abasourdis. Toute la classe est silencieuse, et chacun regarde sans comprendre, mais moi je suis tendu comme un arc.

Mon rythme cardiaque, loin de se calmer, accélère brusquement. Notre professeur si adoré pioche dans quelques feuilles sur son bureau, sans plus porter attention à nous.

Une bonne minute passe sans que rien ne perturbe le silence de plomb dans la classe. Tout le monde est aux aguets, cherchant de comprendre ce qu'il se passe. Paluche tient bon encore quelques instants lorsque soudain, il prend une inspiration. Tout la classe semble se tendre vers lui, avide du verdict, et je e suis pas certain d'apprécier d'être autant le centre de l'attention.

– Comme vous êtes tous deux de bons élèves et que vous n'avez encore jamais dérangés la classe... commence-t-il d'un air serein.

 Il nous dévisage chacun notre tour, puis poursuit :

- J'ai décidé d'effacer ce malheureux contre temps. Bien, à présent, vous pouvez il y aller, M. Brock.

Je sursaute. Aller ? Aller où ? L'espace d'un instant, je ne comprends pas ce qu'il me dit. Ces yeux sombres qui me fixent n'arrangent pas mon malaise et je jette un coup d'œil à Greg qui me met soudain un coup dans les côtes, et me montre du regard l'effaceur dans ma trousse. Toute l'adrénaline qui est montée jusque-là redescend vivement, et me sens brusquement vidé.

Si je pouvais me voir dans un miroir, je suis sûre que je serais passé du rouge écarlate au blanc caillé. Mais pendant que deal avec moi même, Paluche s'impatiente. Son pied tape le sol avec dureté, et il ne faut que quelques secondes pour que sa colère monte.

– Bon, monsieur Brock, nous n'avons pas toute la journée  ! calque-t-il soudain. Vous lui donnez oui ou non, ce maudit effaceur ?

Je le regarde sans comprendre. Le stress, peut-être.En ce moment, j'ai tendance à rêvasser, à être dans la lune. J'imagine que tout le monde a cela dans sa vie, un moment d'inattention, mais moi, c'est presque tous les jours.

Je me secoue alors et essaye de rattraper mon « erreur » d'avoir fait patienter Paluche et sort le plus rapidement possible le fameux effaceur. Il est transparent, avec des graduations qui me permettent d'estimer son contenu. Et là, mon sang ne fait qu'un tour. Greg sourit, et le cache en fessant mine de bailler.

Les autres élèves, jusque-là plonger dans le silence, se mettent à chuchoter entre eux. L'effet de masse crée un brouhaha subtil. Mais Paluche ne réagit pas, et je comprends pourquoi. Dégouté, je me retourne vers Emmy, la bouche sèche.

–Désolé, mais il est vide, lui annonçai-je entre deux halètement d'angoisse.

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Bien, voilà pour le chapitre 12. Maintenant, après celui-là, l'action va commencer. Je sais, c'était un peu long, mais c'était essentiel pour situer toutes les personnes qui auront un rôle important à jouer dans la suite de l'histoire. Et pour ceux qui me suivent depuis le début de l'aventure, un GROS MERCI ! Vous êtes formidable !

PS : je pense organiser une FAQ, pour que vous me connaissez mieux. Dites-moi dans les commentaires si vous êtes partant et après on avisera pour la suite. Merci !

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