Chapitre 29 Partie 2 : Lisa Richmond

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Parfois, il faut penser à prendre des initiatives.

Certes, avant toute chose, nous devons chercher les risques, afin de les contrer pour rendre l'entreprise plus avantageuse. D'une certaine manière, l'évolution nous aura appris à ne pas prendre tout à la légère, et à réfléchir avant d'agir. Néanmoins, je pense que tout n'est pas noir ou blanc, et que l'imprévu doit rester présent, afin de nous donner l'air d'être vivant.

Et pour ne pas être des machines sous des ordres.

Pourtant, cette notion de comportement ne semble en aucun cas être à la porter de tous, et je commence à croire que je suis la seule en ce monde à penser de la sorte.

- Attends, Lisa.

La voix douloureuse de Tom me prend à revers au dernier moment, tandis que ma main s'approchait doucement vers le halo lumineux de contrôle.

- Quoi ? demandé-je, le dos tourné.

Je n'obtiens aucune réponse immédiatement. Juste le crépitement de mon corps qui résonne dans ma cage thoracique. Sans oublier nos respirations mêlées l'une à l'autre, créant une sorte d'appartenance entre nos deux corps séparés. L'espace d'un instant, le silence même n'arrive plus à trouver sa place, bien trop dérangé par nos perturbations.

- Je... je... bégaie Tom.

En l'entendant, je me retourne, les yeux fatigués par tant de mystère. La première impression est toujours la meilleure, dit-on. Pourtant, j'aimerais sur ce cas-là faire une exception. L'homme que je vois en face de moi n'est pas le Tom que je connais. Non, il n'y a rien à voir avec le jeune  énergique, et parfait jusqu'aux cils.

Son visage, pour la plupart du temps, est d'une splendeur inégalée, à croire que les anges se bruleraient simplement en le regardant. Mais à cet instant, il ne reste rien de cette grandeur époustouflante. Juste la peur dans ses yeux, accompagnée d'un reflet de crainte. Sa bouche entre ouverte laisse passer sa respiration par flot, tandis que sa poitrine se gonfle et se dégonfle au fil du temps.

Puis, sans revirement de sa part, il s'élance vers moi. En quelques secondes, il atterrit sur moi, nous fessant presque trébucher. Heureusement, je heurte le mur avant cela, et me retrouve plaquée comme un vulgaire voleur.

Tom pose sa tête contre mon épaule, et m'entoure de ses bras par la taille. Mais aucune tentation mal placée ne peut s'observer dans ces gestes. Rien ne laisse présager une quelconque perversion.

Juste de l'amour, rien de plus.

Moi-même, j'en suis étonnée, à croire que cette sensation m'avait quitté. Le simple fait d'un baiser ou d'un câlin caché avait disparu depuis notre arrivée en ces lieux, à croire que seul restait le désir et l'envie. Tom accentue d'ailleurs son étreinte, comme s'il avait senti que je voulais me dégager. Le contact contre sa peau n'est pourtant pas des moins agréables, mais le fait de sentir son odeur m'enivre tel un poison.

Et l'impression soudaine de se sentir aimée laisse rapidement place à l'étouffement puis, étrangement, à la perte, comme si toute cette mascarade n'était que le reflet de notre échec.

De notre malheur.

- Sois prudente, marmonne subitement Tom.

J'aimerais dès à présent m'écarter, mais il diminue à nouveau l'espace qui nous sépare, avant de laisser un dernier baisser sur mon front, ses mains englobant mon visage avec tendresse.

- Et n'oublie pas que, quoi que je fasse, je t'aime.

Puis, sans plus aucune autre contrepartie, Tom recule, pose sa main contre ma joue, l'effleure tendrement, et s'éloigne. La chaleur s'efface instantanément, laissant le froid m'envahir avec voracité.

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