Chapitre 3

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La nuit est longue.

La police nous a arrêté au point critique. Elle nous a conduit dans une toute petite cellule, où les agents ont bien pris le soin de m'y enfermer avec Styles.

Ça fait de longues heures que mon cul colle le sol miteux de la cellule. Mon corps dessoûle et mes blessures commencent à me faire un mal de chien. Je sens mon œil enfler et quelques plaies me piquer.
Je ferme les yeux pour m'apaiser, en ne regrettant pas ce qu'il s'est passé.
Styles a mérité tous mes coups. Notre duel avait lieu d'être.

Mon ennemi est face à moi, près de la porte. Il s'accoude au mur derrière lui. Il a les bras croisés sur son torse et son regard est posé sur moi.
Il me fixe depuis qu'on nous a envoyé pourrir ici. Je ne lis pas de colère dans son regard. Il cherche certainement à me déstabiliser ou à m'irriter.

-Arrête de me mater, je lui lance.

Au lieu de s'énerver, il éclate de rire. Un rire grave et rauque transperce le bruit glaçant de la misérable cellule.

-Impossible, se moque-t-il. T'es bien trop amoché.

-Je ne t'ai pas loupé non plus.

Sa chemise noire est déchirée, ses cheveux bruns sont en bataille et il a une griffure au visage.

-C'est vrai, confirme-t-il. Contrairement à toi, je peux encore marcher.

-Pourquoi tu me dis ça?

-Tu es avachi au sol. Tu ne tiens même pas debout.

-Normal. J'ai pas envie d'être à ta hauteur.

Je lui envoie un regard mauvais. Même si on ne se saute pas dessus pour régler nos comptes, je meurs d'envie de lui envoyer mon poing dans sa figure. Sauf que nous sommes au commissariat, et je ne vais pas aggraver ma situation.

-Cette fois-ci, soupire-t-il. C'était chaud quand même.

-Ne cherche pas à faire la discussion. J'ai pas envie de te parler.

-J'essayais de détendre l'atmosphère.

-C'est une mauvaise idée.

Je repose ma tête sur le mur froid et tends mes jambes devant moi. Les minutes découlent lentement. J'essaye d'oublier la présence de Styles. Mais même dans cette cellule sombre, éclairée par une fenêtre barrée, je n'arrive pas à penser à autre chose.

-J'ai failli te tuer.

Ma phrase tombe dans un grand silence.
Je me rends compte de ce que nous nous apprêtions à faire dans la fontaine. La rage nous a aveuglé. Nous étions à deux doigts d'appuyer sur la détente.

-J'ai survécu pour ton plus grand plaisir, me répond Styles.

Je ne peux m'empêcher de sourire. Un  deuxième grand silence s'installe, jusqu'à ce que je demande:

-Styles?

-Mmh?

-Tu seras toujours dans mes pattes?

-Toujours.

-Tu fais chier.

-Je sais.

Un troisième silence. Je soupire et repense à cette situation. Styles et moi.

Depuis que je suis petit, je le déteste. J'ai appris à le haïr dès mes premiers mots. Ma famille m'a toujours dit que la famille Styles était un poison. Je ne devais jamais m'en approcher, ou je perdrais tout ce que j'aime. Alors j'ai écouté.
Sans me rendre compte, j'ai été endoctriné par ce conflit. Je me suis laissé manipuler pour que j'apprenne à détester toute ma vie les Styles. Étant jeune et inconscient, j'ai obéi. Même maintenant, je poursuis. J'ai été façonné à lui pourrir la vie. Je ne pourrais jamais changer cette partie de moi.

Meilleur ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant