Chapitre 68

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Mais quel con putain!
Je suis en rogne depuis hier soir, depuis que je l'ai quitté dans la voiture.
J'en veux à Harry. Je lui en veux de partir malgré le fait que je reste ici.
Il va partir. Il va nous séparer.

Je n'ai pas réussi ma mission: le convaincre de rester. Là aussi, c'était peine perdu. Styles a toujours été déterminé à quitter la ville, quoi qu'il se passait sur son chemin.
Sa place est ailleurs, pas ici.

Je fais les cents pas dans mon salon. Je regarde l'heure sur mon portable. C'est l'heure du départ.
Il va s'en aller dans les secondes qui vont arriver. J'ai envie de vomir.
Aujourd'hui est un jour important, le fils Styles part en mer. Ladova l'encourage. Toute la ville est rendu sur les quais. Je n'entends aucun bruit dans les rues, les habitants doivent être en train de s'entasser au port, pour pouvoir admirer Le Robin des bois prendre son envol.

Je n'irai pas. Je me le suis jurer. Je ne vais pas pouvoir affronter Styles. Il me quitte, je ne vais quand même pas lui apporter mon soutien. Qu'il se démerde tout seul avec son voyage de merde!

Je m'avachis sur mon canapé en soupirant un grand coup. Je suis tout seul dans cette énorme baraque. J'ai l'impression qu'elle m'observe, qu'elle me juge de ne pas être à ses côtés.
Mes yeux se stoppent sur le portrait en face de moi. C'est une peinture d'une de mes ancêtres. Mon arrière-arrière-arrière grand-mère est assise derrière une table de jardin avec une longue robe rose. Elle m'observe de haut. Je dévie aussitôt le regard, me sentant oppressé par ce tableau.
Seulement mes yeux remontent dans sa direction et vers le regard jugeur de cette Tomlinson.

-Quoi?

Elle n'est pas vivante. Pourtant, j'ai l'impression qu'elle me juge avec son regard bleu. C'est perturbant.

-T'as envie de m'engueuler parce que je suis pas au port comme tous les autres cons?

Dans cette grande baraque, j'ai besoin de me sentir écouter.

-Mais je peux pas. J'arriverais pas à supporter de le voir partir.

J'entre en dialogue avec cette femme, devinant ce qu'elle pourrait me répondre.

-Lui dire mes adieux? Je les ai déjà fait dans la voiture. Bon ok, c'était des engueulades, pas des déclarations. Je n'allais quand même pas lui sauter au cou.

Je suis têtu comme une mule. Même si j'ai une pointe de remord, je n'irais pas sur le port. Il en est hors de question.

-Son voyage est indéterminé. Il peut durer des années. Il me quitte pour de bon. Il ne mérite pas d'avoir des embrassades après tout ce que je lui ai donné.

Mon père avait le même nez que mon ancêtre, je ne le remarque que maintenant.

-Je lui ai offert mon cœur. Il le broie en partant.

Je soupire, le silence s'installe dans la grande pièce. Je regarde l'horloge, les secondes avancent longuement putain! Il doit être à peine parti. Je serais pleinement rassuré quand il sera loin.
Mon tatouage me gratte en plus, je n'arrête pas de le frotter. J'ai l'impression qu'il me pique.

-T'aurais pas un moyen d'effacer cette merde grand-mère?

Je lui montre avec ironie mon avant-bras. Comme si effacer notre symbole pouvait me faire oublier son départ. Ridicule.

Je regarde l'encre sur ma peau. Je le frôle en souriant. Il nous représente tellement bien. La pointe de remord commence à s'agrandir, je me sens un peu plus mal à l'aise.

-Tu crois que je fais une connerie?

J'observe la peinture me persuadant qu'elle peut me donner une réponse. Cependant, elle me regarde juste. Aucun indice ne m'aide.
Alors je décide d'écouter mon cœur. Il bat rapidement quand je repense au visage de Styles. A sa voix, à son sourire, à ses bras. Il se réchauffe quand je me remémore tout ce qu'il m'a apporté. De la liberté, de la maturité, du soutien à la mort de mon père et surtout de l'amour. Un amour profond. 

Meilleur ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant