Le fils Tomlinson

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Quand Marc Tomlinson reçoit la lettre, il met du temps avant de la lire. 

Depuis cinq jours, il est perdu entre savoir si il a fait le bon ou le mauvais choix.
Renier son fils est déchirant. Il a mal au cœur. Le voir défendre un Styles est encore plus douloureux.
Son propre fils ne croit plus au conflit. Son successeur remet en cause l'équilibre de la ville. Il lui a avoué que cette guerre était bâtie sur un meurtre, un innocent avait été tué. Marc ne peut le supporter.

Assis derrière son bureau, il ouvre l'enveloppe, puis déplie le papier. Dans l'endroit qu'il préfére le plus, ses yeux lisent les mots de son fils.

Une fois la lecture finie, Marc souhaite la déchirer. Comment ose-t-il? Comment se permet-il d'écrire ses phrases? C'est inadmissible!
Il la jette à la poubelle dans un geste de colère. Il desserre sa cravate. C'est devenu un geste habituel dans ses excès de colère, il laisse de l'air frôler sa gorge.

Pour ne plus penser au bout de papier, il se concentre sur d'autre dossiers. Seulement ses yeux sont attirés vers la feuille blanche qui dépasse de la poubelle. Il n'arrive pas à travailler. Cette lettre l'en empêche.

Après un énième coup d'œil, il la récupére. Il la relit pour être sûr de ne s'être pas trompé.
Mais sa deuxième lecture le fait douter, est-ce qu'il comprend bien le message?

Il est perdu. Il ne sait pas si son fils joue de lui ou si il est sérieux.

Alors il décide de la relire une troisième fois pour en avoir le cœur net.

       "Je ne sais pas comment commencer cette lettre. D'habitude, j'ai tendance à marquer "Cher" en nommant la personne à qui elle est adressée. Dans ce cas, je ne sais pas quel mot correspondrait le mieux.
Cher papa? Trop proche. Cher père? Trop pompeux. Cher inconnu? Trop réel. Cher maître? Je m'y rapproche.

Je ne suis pas non plus le plus doué pour mettre sur écrit mes idées. Surtout si ces idées sont contraire aux tiennes. Il faut que chaque mot choisi soit intelligemment pensé. Nous nous sommes tentés à une étincelle il y a cinq jours, je ne veux pas provoquer une explosion.

Le bal était magnifique, somptueux, renversant. Sans doute trop scintillant pour certains. Quoi de mieux pour nous punir d'avoir volé trop près du soleil?  Nous brûler les ailes.
La punition est amer à avaler.
La chaleur du soleil, enfin de la soirée, a aveuglé de nombreux convives. Le chef lui-même a eu un problème aux yeux. Il s'est trompé de victime.
Mais comment, moi, Louis Tomlinson, simple successeur, peut en être sûr?

Je le sais car je ne juge pas sans savoir. Je le sais car je ne me contente pas de principes datant du Moyen-Âge.
Je le sais car j'ai vu de mes propres yeux le véritable coupable. Il s'appelle Zayn Malik. Étrange, son nom de famille ne commence pas par un S.

Styles. Voilà le nom qui nous dérange. C'est un microbe qu'on aimerait bien se débarrasser. Il est gênant. Il ne nous laisse pas répondre à notre égoïsme. Il nous empêche de dominer. Il nous ronge depuis le commencement. Rectification, depuis ta génération. Celle de tes parents avait tendance à préférer le mot "amitié" que "destruction".
La mienne a grandit avec. Elle pense que l'environnement dans lequel elle vit est juste. C'est faux.
Le fantôme de Lysandre a disparu depuis des années. Nous ne devons pas nous enfermer dans un passé sombre.

Oui, je remets en cause ce conflit. Oui, je te désobéis. Oui, je t'avoue que cette haine m'agace. Nous n'avons aucune raison de se détester autant.
La famille Styles ne sera pas notre amie, il nous faudra du temps. Néanmoins, ses membres ont le droit au respect. Nous ne devons pas les accuser sans aucune raison, comme avec l'incident du bal.

Je n'ai pas peur de mes écrits car tu m'as déjà renié. Je suis un "traître" à tes yeux. Pourquoi? J'ai défendu un homme, venu nous aider pour contrôler son ancien ami.

Je ne te demande pas ton pardon, mais juste de la compréhension. Ouvre les yeux et admire le spectacle effroyable que nous risquons de répéter. Les temps ont changé. Ce n'est plus la même génération. Les pensées ont évolué. Et moi aussi.

Je ne suis plus le même.

Louis

(Avec la participation d'Harry Styles) "

À chaque fois qu'il la lit, il reste sans voix. Cette lettre dégage du culot, de la pertinence et de l'audace.

Du culot. Comment oser signer ce bout de papier avec le fils de la famille ennemie?

De la pertinence. Ses arguments sont réfléchis. Il croit ce qu'il pense.

De l'audace. Avec cette lettre, Louis peut perdre sa place, mais il ose.

Marc Tomlinson réfléchit de longues minutes. Si à la première lecture, il mourrait d'envie d'interdire à son fils de rester à Ladova, à la troisième le sentiment est différent.
Il est impressionné par celui qu'il croyait incapable de gérer l'entreprise et la ville.

-Johannah?

Il appelle sa femme depuis le couloir. Il l'entend marcher, puis ouvrir la porte. Son épouse ne lui répond rien quand elle entre dans la pièce.
Depuis cinq jours, elle ne lui adresse plus aucun mot, comme il le fait pour leur fils. Elle est trop énervée contre son mari.

-Tu peux appeler Louis? demande Marc. Je veux le voir.

De la surprise se dessine sur le visage de sa femme.

-Bien sûr.

Quand elle quitte la pièce, Marc a le temps de la voir sourire.

Il sourit lui aussi à son tour. Un poids disparaît de ses épaules grâce à cette lettre.
Il sait ce qu'il doit faire avec Louis. Il sent qu'il fait le bon choix.

Meilleur ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant