Meilleur ennemi

Chapitre 40

Styles s'avance droit vers moi. Seulement je ne peux pas le voir. Je ne peux pas le supporter.

Alors je lui tourne le dos préférant quitter le lieu que d'y rester.

Je sors de la mairie sous une pluie déferlante. Les rues sont vides. Les gouttes percutent durement le sol.
Je marche droit devant moi, les poings serrés. Je fixe un point pour me focaliser avec violence dessus.

J'entends des bruits de pas s'entrechoquer contre les flaques d'eau. Une main vient s'abattre sur mon épaule et m'oblige à me tourner.

-Louis.

Styles est en face de moi, mouillé de la tête au pied.

-C'est Tomlinson, je le corrige sèchement.

Il fronce les sourcils en voyant mon comportement aussi froid.

-Il faut qu'on parle.

-J'ai pas envie.

Je me retourne aussitôt.
Je ne veux faire aucun effort, je veux l'ignorer. Je veux qu'il se casse pour me laisser tranquille et pour qu'il arrête de m'inciter à décevoir mon père.
La pluie inonde ma peau, mes vêtements et mes chaussures. Elle doit aussi ravager mon visage blessé.

Styles ne me laisse pas, puisque je sens sa main s'enrouler autour de mon bras pour me stopper. Je réagis instantanément en le repoussant.

-Ne me touche pas.

Mes yeux bleus s'ancrent dans le vert. Je remarque que je l'ai blessé. Mon rejet semble douloureux.
Pourtant il persévère.

-Je dois te parler de ce qu'il s'est passé.

-Pas moi. On s'est déjà tout dit.

-Putain Louis...

-Tomlinson.

Je le foudroie du regard, la pluie l'inonde.
Je l'ignore et lui tourne une nouvelle fois le dos. Je continue de marcher entre les rues vides de Ladova. Personne ne se balade sous cette pluie dévastatrice.
Je sens toujours la présence de Styles derrière mon dos. Il me suit. Il n'a donc rien compris?

Nous glissons dans une fine ruelle, où personne ne s'y trouve. Styles me suit encore, comme un chien le fait avec son maître.
Je m'agace fortement, me sentant oppressé:

-Lâche moi! Je ne veux pas de toi!

-Moi si!

Je me stoppe directement.
Il ne me lâchera pas tant qu'on aura pas eu une foutue discussion. Je préfère m'en débarrasser rapidement, ce sera fait. Comme ça, je pourrais le quitter pour toujours, sans que l'affaire ne traîne.
La rue est vide. Personne ne passera par là sous ce temps et à cette heure.
Je profite de la situation pour me retourner et lui cracher à la figure:

-Qu'est-ce que tu me veux?

Styles passe sa main dans ses cheveux mouillés. Demain, je vais attraper la crève, mais c'est ma dernière précaution. Je suis plutôt captivé par ses yeux blessés.

-Tu n'es pas un microbe. Ce que j'ai dit je ne le pensais pas. C'était pour jouer le jeu.

Il s'excuse. Il a eu peur de me faire du mal. C'est attentionné, mais je m'en fous.

-Si c'est moi qui t'ai mis dans cette état, je suis désolé.

Il recommence. Il ne veut pas être méchant. Putain ce mec est parfait ou quoi?

-Très bien.

Je l'ai écouté. Le boulot est fini.
Je lui tourne le dos, reprenant ma marche.