Meilleur ennemi

I

Une semaine plus tard

Le capitaine regarde l'horizon. Mais pas dans la direction de leur futur découverte. Non, vers la terre qu'il a quitté.

Tous les matins, il porte son regard vers le sud, là où se trouve Louis.
Il le cache à son équipage, mais il est malheureux. Il a l'impression d'avoir perdu une part importante de lui comme si son cœur était réduit au néant.

Il fait avec, il avaler cette douleur. Il essaye de ne pas penser à Louis. Juste les quelques minutes qu'il s'offre tous les matins. Ce sont les seuls instants où il se permet de penser. Les rares secondes où il se fait mal.

Il sait que c'est de sa faute. Si il ne voulait pas souffrir comme ça, il ne devait pas partir. Seulement, il ne pouvait pas abandonner son rêve. On lui offrait enfin l'opportunité de partir à l'aventure. Il ne pouvait pas refuser. Louis n'a jamais fait parti de ses plans, alors il a continué de tracer sa route. La présence du châtain l'a fait dévié plusieurs fois, mais sa raison le recadrait rapidement. Il partait quoi qu'il arrive.
Même si le quitter était extrêmement difficile. Juste quelques mots, un dernier baiser, un regard et ils se séparaient.

Le vent vient fouetter son visage pendant qu'il admire la couleur de l'eau. Elle est aussi claire que ses yeux. Aussi pure que sa brillance. Aussi belle que son visage.
Finalement, Louis est toujours avec lui.

Il sourit face à l'océan. Sa place est ici, il le sent. Il est enfin libre, il n'est plus emprisonné dans cette ville. Il respire enfin.
Un jour il reviendra là-bas, il le retrouvera. Il ne préfère pas mettre de date pour vivre au jour le jour, mais ses pas refouleront sa terre natale.

-Capitaine?

Une voix l'interpelle derrière lui, le coupant dans son rituel matinal. Il quitte la beauté du paysage pour se tourner vers celui qui le demande.

-Mmh?

Il reconnait Juan, un jeune marin venant du pays voisin.

-On se demandait avec les gars, quand est-ce qu'on pourrait envoyer notre courrier à nos proches?

-Il faut attendre le ravitaillement dans une ville. Dans à peu près trois jours.

Juan acquiesce pendant que Styles descend les marches en bois.

-Si vous voulez leur parler plus couramment, vous pouvez utiliser vos téléphones ou le poste dans ma cabine.

-C'est plus difficile. Il n'y a presque pas de réseau.

-C'est vrai.

Le marin triture le bas de son t-shirt, comme si il avait quelque chose à demander d'assez particulier.

-Et vous capitaine? demande Juan. Vous n'allez rien envoyer à vos proches?

Styles sourit face à la curiosité de son coéquipier.

-Non, répond-il.

-Même pas au garçon?

Harry n'est pas étonné par cette question. Tout son équipage l'a vu embrasser Louis à son départ. Les marins ont découvert qu'il était gay et que son cœur était pris. Depuis le début du voyage, Styles sent bien les rumeurs, mais il n'a jamais rien expliqué, ni démenti. Il ne veut pas parler de ça pour l'instant.

-Non plus Juan, finit-il par répondre.

Le marin hoche la tête, et le quitte ayant apparemment obtenu les informations souhaitées.
Styles soupire. Non il ne donnera aucune nouvelle à Louis.
Déjà parce qu'ils n'ont jamais été comme ça. Ils n'ont jamais été collé l'un à l'autre, à savoir la vie de chacun.
Et puis, Louis ne lirait même pas ses lettres. Harry le connait par coeur. Il sait très bien qu'il est énervé contre lui de l'avoir quitté. Il se sent trahi. Il déchirera ses papiers avant même de les avoir lu.

Mais ce n'est pas parce que Tomlinson possède un caractère teigneux que Harry oublie ses mots.

Il l'aime. Il lui a murmuré trois petits mots dans un souffle. Jamais il ne l'oubliera. Louis l'aime.

C'est cette parole qui va l'aider à poursuivre son chemin.