Chapitre 49

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Je suis dans le bureau de mon père, dans notre maison.
Il m'a demandé de le rejoindre, mais je ne le sens pas du tout. Quand il doit me parler, il me convoque toujours dans les locaux de l'entreprise. Jamais ici.
Cette pièce est très personnelle. C'est ici qu'il a commencé à bâtir son empire. Elle est symbolique.

De par sa décoration. Elle est remplie de bibliothèque en bois, et d'un imposant bureau fait de la même matière. Le velours des fauteuils sont bleus, tout comme les rideaux. L'enseigne de la famille est bien mis en valeur au dessus de la cheminée.
Je redécouvre le lieu. Je ne suis rentré ici que de rare fois, souvent c'était en douce. Mon père ne m'a jamais laissé entrer dans son bureau, ne souhaitant pas que son fils immature pénètre dans sa pièce intime.
Pourtant il me convoque aujourd'hui, étrange...

Mon père finit par entrer dans la pièce. Je ne me lève pas pour le saluer. Je le regarde faire. Il pose sa veste sur un porte-manteau. Il s'assied derrière son bureau en se tenant bien droit. Il pose ses mains sur les accoudoirs de sa chaise. Et il lève enfin ses yeux vers moi.

-Bonjour Louis.

-Bonjour.

Je ne suis pas bavard. J'appréhende ce qu'il veut me dire, je préfère me taire pour qu'il me le dévoile le plus rapidement possible.
Cependant, il prend son temps. Son regard s'arrête longuement sur mon visage et m'étudie.

-Je t'ai déjà raconté l'histoire avec notre ennemi? me demande-t-il.

Sa question me fait directement froid dans le dos. Je sais qu'il va en venir à quelque chose. Il ne dit jamais rien au hasard.

-Oui. Vous vous êtes disputé le cœur de Lysandre Campbell malgré votre amitié.

-Oh non pas celle-la. La véritable histoire.

Je fronce les sourcils, lui faisant non de la tête. Qu'est-ce qu'il me raconte?

-J'avais un meilleur ami du nom de Desmond. 

Mon père m'observe de ses yeux glaçants.

-Seulement Lysandre nous a séparé. Nous la voulions tous les deux, mais pour cela nous devions nous haïr.

Il se lève de sa chaise et contourne son bureau.

-Un soir, alors que j'avais donné rendez-vous à Lysandre, Desmond est arrivé.

Il frôle mon épaule pour se déplacer vers ses bibliothèques.

-Nous étions sur la place de la Fontaine, poursuit-il en me tournant le dos. La nuit venait de tomber. Desmond m'a provoqué en duel, voulant passer par la force pour l'emporter. Il était à bout de nos confrontations par des coups bas. 

Je ferme les yeux, m'imaginant parfaitement la scène.

-Je n'ai pas réfléchi longuement. J'ai accepté. Nous nous sommes mis face à face, en se regardant droit dans les yeux. Desmond m'a expliqué froidement: "Le premier qui abandonne, gagne".

Mon père garde un ton monocorde pour expliquer son récit. Il est encore loin de moi.

-J'ai remonté mes manches et je l'ai frappé. Le premier. J'ai visé son nez parce que je savais que c'était douloureux. Quand j'ai vu le sang couler du nez de mon meilleur ami, j'ai immédiatement regretté. Desmond, lui, m'a répondu par un coup.

Je frissonne. Mon père me parle rarement de son passé. Il ne l'a même jamais fait. Ses paroles sont fondamentales. 

-Nous avons poursuivi. Même épuisés, nous nous donnions des coups. Nous nous détruisions. Aucun de nous n'abandonnait. Pour changer le cours du combat, Desmond a sorti un pistolet de sa poche. Il l'avait pris chez lui.

Meilleur ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant