Chapitre 59

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Depuis ce matin, je fixe la pièce avec acharnement. J'ai des grosses cernes sous les yeux et le teint blanchâtre. Je ne dois pas être jolie à voir, mais je m'en fous. Je m'en fous d'être beau ou pas. Je suis uniquement préoccupé par cette pièce en face de moi.

Le docteur Parker en sort, enfin.
Il s'avance vers nous avec un visage impassible.
Automatiquement, je me lève.
Je réveille doucement ma mère, endormie sur une chaise.

-Qu'est-ce qu'il se passe? marmonne-t-elle.

Elle ouvre les yeux et remarque sans tarder le médecin. Comme moi, elle se lève sans patience.

-Comment il va? je m'empresse de demander au médecin.

Le docteur regarde les notes sur sa feuille. Il ne réagit pas directement. Le stress est à son comble, et il en rajoute une couche avec son comportement indifférent

-Alors? je redemande. On veut savoir merde!

Mon agacement attire enfin son attention. Il lève enfin son regard vers nous. D'une voix assurée, il nous annonce:

-Il est en vie.

Ma mère retient un sanglot. Je passe ma main dans mes cheveux, soulagé. Mon corps aussi lourd qu'une pierre, devient aussi léger qu'une plume. Je suis rassuré. Je n'aurais pas pu supporter avoir sa mort sur la conscience.

-Cependant, cela ne signifie pas qu'il est hors d'affaire.

Le visage du médecin est très sérieux. Il est très froid, trop froid.

-Nous avons réussi à réanimer son coeur. Celui-ci est dans un très mauvais état. Il est affaibli.

Par ma faute, je sais. Je me le rappelle chaque putain de secondes.

-Marc Tomlinson a besoin de beaucoup de repos pour s'en remettre. Nous allons le garder à l'hôpital par sécurité.

Le docteur utilise un ton dur et sec signifiant que la situation n'est pas bonne.

-Je peux vous parler Louis? Seul à seul?

-Oui.

Je me tourne vers ma mère et lui embrasse avec force son front.

-Je te rejoins, je lui souffle. Repose-toi.

Elle me sourit tristement et part s'asseoir pour avaler les nouvelles.
Si le médecin me prend à part, ce n'est pas bon signe. Il me parle à l'écart de ma mère, à moi seul, la future force de la famille.

-L'état de votre père est très critique. Il est en danger.

Ses mots sont difficiles, j'ai mal pour ma mère. Le médecin a bien fait de ne pas lui dire, elle serait détruite par la nouvelle.

-Nous attendons avec appréhension les deux prochains jours. Soit son coeur retrouve la force nécessaire, soit il décide de s'éteindre. Son rythme cardiaque est très bas, je crains bien qu'il ne pourra jamais se réactiver normalement. Il ne tient qu'à un fil.

-Putain...

Le médecin pose une main sur mon épaule. Il vient de m'annoncer que mon père peut mourir à tout moment. Pendant ces deux jours, il va devoir lutter pour guérir. Putain de merde!

-Il était avec vous quand il a fait son arrêt cardiaque?

-Oui nous avions une discussion sérieuse. Je...

C'est ma révélation qui l'a fait succomber. Sans ce choc, il ne sera pas à deux doigts de clamser.

-Je lui ai révélé des choses. Il s'est énervé. Il était tellement en colère qu'il est tombé au sol. Tout est de ma faute.

Meilleur ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant