Chapitre 39

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L'ambiance est tendue.

Mon père est assis à mes côtés. En face se trouve Styles et son paternel. Desmond a comme Marc Tomlinson, le menton relevé, le regard fixe, le visage impassible.
Ils se ressemblent beaucoup. Ce n'est pas étonnant qu'ils aient partagé une amitié très forte pendant de longues années.
Les quatre symboles se dévisagent. Nous cherchons à déstabiliser l'adversaire. Malgré mon envie non présente, je le fais. Styles aussi. Il plonge son regard vert dans le mien.

Entre chacun des deux clans, le maire. Il dépose les papiers de passation devant chacun de nous. Il ne semble pas perturbé par la situation. Il se comporte normalement malgré la tension visible dans la pièce.

-Bon, nous allons pouvoir commencer.

Le maire observe nos visages. Je sais qu'il adore cette position, il pense avoir un pouvoir sur nous. Il pense que son poste lui serre, qu'il nous tient en laisse. Sottise.

-Marc Tomlinson et Desmond Styles, vous devez présenter votre successeur puis signez les papiers. Ensuite, vos fils devront justifier leur place.

Justifier leur place, des mots qui font bonne figure. En réalité, ils signifient s'en mettre plein la tronche. C'est stupide. À quoi ça sert? Est-ce que montrer ma capacité à régner se lit à travers les insultes que je vais balancer dans le visage de Styles? C'est n'importe quoi.

Le maire fait signe au chef Styles de commencer à parler. Il en impose, avec son regard aussi vert perçant que son fils, et sa carrure un peu plus forte.

-Harry va devenir mon successeur dès qu'il sera près. Je ne le force en rien pour le moment. Je le laisse découvrir le monde maritime par ces voyages, pour qu'il devienne apte à être à la hauteur de notre puissance.

-Bien, indique le maire en pointant du doigts le papier de passation.

Desmond le signe d'une traite. Il n'a pas précisé de date. La succession d'Harry n'est pas aussi urgente et importante que dans ma famille. Il laisse à son fils le temps d'évoluer, c'est une meilleure alternative.

Mon père prend à son tour la parole:

-Louis sera mon successeur. Fier de ses couleurs, je vais lui donner les cartes en main d'ici quelques mois.

Clair, net et précis. Mon père ne précise pas que sa santé est fragile, et que c'est une des raisons pour laquelle il me transmet son influence.
Il signe le papier par une signature gracieuse.
C'est fait. Mon nom est désormais inscrit sur ce bout de papier.
Avant, je ne rêvais que de ce moment. J'attendais avec impatience le jour où mon père me considérera et me léguera ce qu'il a fondé. J'étais pressé de me sentir maître de la ville.
Les choses ont changé.

Le maire ramasse les deux contrats avec beaucoup de précaution. Il les dépose à sa gauche, croise ses mains et nous annonce:

-Bien. Désormais, la parole est donnée aux successeurs.

La mise à mort, ouai. Je sais que mon père m'attend au tournant. Je dois me montrer combattant, rusé et con.

Styles prend en premier le parole me laissant un peu de temps pour me plonger dans le bain. 

-Contrairement à Louis Tomlinson, je suis prêt à prendre les choses en main. Je n'ai peur de rien. Surtout pas de l'avenir. 

La première pique fuse. Je ne suis pas blessé, pour le moment. 

-Tu es sûr que tu n'as peur de rien? je lui demande avec un faux sourire moqueur. 

Mon père analyse chacune de mes paroles. Putain je me sens tellement con, je déteste être dans cette situation. 

Meilleur ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant