Chapitre 5

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Effectivement, la partie n'était pas prête d'être finie.

Les deux semaines qui ont suivies, ont été rythmés par des bagarres et des engueulades.
Lorsque que l'on a ramassé des détritus dans les rues, ça s'est fini en bataille de sac à poubelle. Lorsque l'on a trié des papiers administratifs, c'est parti dans des vols de papiers.
Bref, des querelles dérisoires et superficielles.
Ni moi, ni Styles n'en faisont directement partie. Nous restons en retrait en laissant faire nos fervents défenseurs. Nous sommes spectateurs et non acteurs, alors que c'est de notre faute. Si la semaine ressemble autant à un champ de bataille, c'est parce que nous avons créé nos armés. Nous laissons se dérouler les hostilités, sans bouger le moindre petit doigt.

Je débute donc ma troisième semaine. Je suis toujours aussi ennuyé de m'y rendre.

Je retrouve mes collègues devant le point de rendez-vous, le commissariat. Je salue mon équipe et j'ignore les regards assassins de mes ennemis. Je me poste à côté de Rory qui fume une clope.

-Tu me files ton briquet? je lui demande.

-Ouai.

Je coince ma cigarette entre mes lèvres, attendant le petit objet. Rory le sort de sa poche et au lieu de me le tendre, il se rapproche de moi. Il allume son briquet et fait glisser le feu contre ma cigarette à une distance volontairement proche. Je le repousse directement dans son geste.

-Qu'est-ce que tu fous?

Sa position était bien trop intime. On n'allume pas la clope d'un pote directement à la bouche. C'est une technique de drague, mais pas une truc qu'on fait à un ami.

-J-je voulais juste allumer ta clope, balbutie-t-il.

-Je peux très bien le faire tout seul.

Il rougit et triture nerveusement son briquet. Ses mouvements le trahissent. Je comprends avec surprise son comportement. Je lui prends le briquet et allume ma cigarette tout en le fixant d'un air mauvais. 

-T'es une pédale Rory?

Il me regarde avec deux grands yeux ronds. Il a l'air soudainement paniqué, comme si je touchais une vérité. J'ai vu juste.

-N-non. Bien sûre que non.

-J'espère. Je ne veux pas de tapette dans mon équipe.

Je tire sur ma cigarette, en lui envoyant un regard de mépris.

-Ni de menteur.

Rory se tait et ne me répond pas. C'est mieux comme ça.

La porte du commissariat s'ouvre sur le commissaire Preston et sur Frank. Frank gigote dans tous les sens le visage fatigué, et Mike fixe le sol en réfléchissant.

-Je n'arrive plus à les supporter.

-C'est bon. Je vais m'arranger.

Sur ces sages mots, Preston nous rejoint. Comme tous les matins, il débute l'appel. Les noms défilent, les voix résonnent et les restants attendent leur tour.

-Styles Harry.

Un long silence s'ensuit, mais aucune réponse ne se fait entendre. D'habitude Styles arrive toujours à l'heure, voire le premier. Il répond à l'appel et file rapidement faire le boulot.
Preston lève la tête de ses papiers pour regarder autour de lui.

-Harry Styles? Où est-il?

-Juste derrière vous.

Sa voix grave résonne. Nous nous retournons tous vers sa provenance. Il est bien là, accoudé à un grand arbre.
Il porte une chemise bleue ciel avec deux ou trois boutons d'ouvert. Quelques uns de ses cheveux volent au vent.
Il s'avance vers nous d'une démarche confiante, les mains dans les poches. Il dégage un sentiment particulier. Une sorte de confiance qui se propage tout autour de lui.
Ça me dérange parce que je le sens fort et puissant. Il fait exprès d'attirer notre attention. D'habitude, c'est moi le plus malin de nous deux, c'est moi qui fait des plans pour le déstabiliser. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Ni étudier de cette manière, en observant avec attention son corps musclé.

Meilleur ennemiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant