Meilleur ennemi

Chapitre 30

Putain ma tête pèse des tonnes.
J'ai vraiment du mal à ouvrir les yeux. Ils n'ont pas la force eux-mêmes de le faire. Ils ne veulent pas.
Ils veulent que je m'endorme pour ne pas affronter la douleur monstrueuse qui cogne dans ma tête.

Je me suis déjà pris de belles cuites,, mais celle-ci est violente.
Un de mes défauts, qui pourrait s'apparenter aussi comme une qualité, est que je me rappelle toujours de tout quand je suis bourré.
Dans les moindres détails.
Il me faut quelques secondes pour que tout me revienne à l'esprit. Des fois, je me réveille mort de honte, d'autre heureux de me rappeler de certains détails concernant mes potes.

Je n'ai même pas besoin de vérifier. Je sais que Styles dort à mes côtés.
Ses cheveux me chatouillent le cou. Son visage se repose sur mon épaule. Une de ses mains est posée sur mon ventre nu et l'autre est complètement à son opposé.

Je le regarde dormir. Son visage est paisible et ne montre aucune trace d'anxiété.
Je me perds dans sa contemplation pendant de longues minutes avant de me rendre compte de ce que je suis en train de faire. Putain on dirait un psychopathe ou un mec amoureux dans les films d'amour. Très peu pour moi.

Je prends mon téléphone pour m'occuper jusqu'à son réveil.
Je réponds à quelques messages, vérifie mon emploi du temps chargé pour la semaine prochaine, et souris en regardant les photos d'hier soir que Tom m'a envoyé.

-Pourquoi tu souris?

Je me retourne vers Styles qui n'a pas bougé d'un pouce. Il garde la même position et donc notre promiscuité sans aucune gêne.
Sa main toujours sur mon ventre.
Son visage toujours sur mon épaule.

-C'est par apport à hier soir.

-C'était bien en fait? Je ne t'ai même pas demandé.

-Ouai c'était cool.

Comparé à cette nuit, ma voix n'est pas pâteuse et je ne bloque pas sur des mots. Je suis lucide. Ce n'était pas du tout le cas il y a quelques heures...

Je lui raconte tranquillement ma soirée. C'est dangereux de lui faire un compte rendu de ma sortie avec mon équipe. Il pourrait en déduire nos habitudes en soirée pour pouvoir mieux nous attaquer.
Mais je ne pense plus que ce soit son but. Il ne me ferait pas ce genre de coup-bas. Pour la simple et bonne raison que je ne le ferai pas non plus.

-Tu es très proche de tes amis, remarque Styles.

-Ouai. Depuis que je suis petit, ils sont toujours à mes côtés. Je ne peux pas les quitter.

-Un peu comme cette ville, rajoute-t-il.

-C'est ça.

Nous discutons calmement, sans se sauter dessus. C'est tout aussi agréable.

-Toi tu vas t'en éloigner. Tu veux partir loin.

-Oui. C'est ce que je voudrais faire. Je veux être libre.

Styles caresse du bout des doigts la peau nue de mon ventre.

-J'ai trouvé ma voie, me confirme le bouclé. Et toi?

-Quoi moi?

-Quelles sont tes aspirations?

-Tu m'as déjà posé cette question.

-Ça fait longtemps. Tu as peut-être évolué...

Je fixe le bout de mon lit pour réfléchir à sa question. Contrairement à avant, mes idées paraissent plus claires. Je n'ai plus une impression de néant.

-Je pense que ma place est ici. Toutes mes racines sont ancrées dans cette ville comme ma famille, mes amis. Ladova représente ce que je suis. Je la connais par cœur. Je ne peux pas passer une journée sans sortir me promener entre les rues.