Chapitre 45.1 - L'anniversaire de Martijn

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Chapitre Quarante-Cinquième - Partie I

Magda n'arrivait pas à organiser son sac pour que tout rentre: ses habits, ses produits de toilette et son carton avec le cadeau de Martijn. Elle avait beau essayer toutes les combinaisons possibles, il fallait se rendre à l'évidence: tout n'allait pas rentrer. Eh bien, tant pis pour son gros pull de laine, elle en emprunterait un à son amoureux. De toute façon, elle finissait toujours par porter ses habits. Une fois que son sac fut enfin bouclé, Magda monta au rez-de-chaussée, elle finit de s'habiller en enfilant son manteau. Elle laissa un mot sur la table de la cuisine pour Maxima qui n'était pas encore rentrée, et sortit de la maison pour se rendre chez les Gelderman à vélo. Quand elle arriva, c'est Suzanne qui lui ouvrit la porte.

« Salut Magda ! Comment tu vas ?

-Salut ! Ça va et toi ?

-Un peu fatiguée avec les révisions mais je tiens le coup, rit Suzanne. Je peux pas trop traîner parce que je voudrais finir ma rédaction avant de partir. Je vais au ciné avec des amis ce soir.

-Ok. Tes parents ne sont pas là ?

-Non, pa est pas encore rentré et mam a eu une urgence donc elle est partie. Et mon frère est sur la terrasse, ajouta Suzanne en montant les escaliers.

-D'accord. Bon courage !, répondit Magdalena en posant son sac à côté du meuble à chaussure. »

Elle accrocha son manteau à un des cintres libres sur le porte-manteau puis elle traversa la salle à manger pour se rendre sur la terrasse. Elle trouva Martijn qui semblait terminer de préparer le barbecue qu'il avait prévu.

« Hey ! C'est moi, s'annonça Magda en s'approchant de Martijn.

-Salut.

-Y a un truc qui va pas ?, se douta immédiatement Magda devant le ton glacial employé par le garçon.

-Pourquoi ? Y a un truc qui devrait ne pas aller ?

-J'en sais rien... Pourquoi tu m'agresses comme ça ? Qu'est-ce qu'il y a ? »

Martijn ne répondit pas et partit en direction du cabanon dans le fond du jardin.

« Hé ! Martijn ! Reviens ! C'est quoi le problème ? »

Magda vit Martijn disparaître dans le cabanon et réapparaître quelques secondes plus tard avec le sac de charbon.

« J'ai fait un truc qui n'allait pas ?

-Tu n'as pas répondu à mes messages hier.

-C'est juste ça, souffla Magda.

-Gewoon dat ?!, s'exclama Martijn avant de baisser d'un ton pour ne pas que Suzanne les entende. C'est pas le fait que tu ne me répondes pas le problème. Le problème, c'est que tu ne veuilles pas me répondre quand je te parle de sujets un peu plus sérieux et qui pourraient te déplaire.

-Moi ?! Je ne veux pas ?! Attends. N'inverse pas les rôles s'il te plaît. Ce n'est pas moi qui ai enterré l'idée avant même de l'avoir lancée. Ce n'est pas moi qui ai pensé de suite qu'il n'y avait pas de débat à avoir.

-Y a débat à avoir ?

-Bah oui ! Bien sûr qu'il y a. Et non, on ne va pas parler de ça maintenant.

-Pourquoi pas ?

-Parce que là t'es énervé et ça ne va servir à rien à part à t'énerver encore plus. Donc on en reparlera quand tu seras calmé.

-On aurait pu en parler hier soir, si tu n'avais pas évité le sujet comme tu sais si bien le faire. Et pour info, je suis très calme.

-Ah ouais ? Arrête de torturer ce pauvre morceau de charbon alors. Il ne t'a rien fait. Je vais mettre mes affaires dans ta chambre. »

Voyant que Magdalena ne redescendait pas au bout de dix bonnes minutes, Martijn se décida à aller la chercher. Il savait qu'elle devait un peu lui en vouloir, parce qu'elle n'avait pas totalement tort. Il ne lui avait pas vraiment laissé le temps de s'exprimer. Mais d'un autre côté, elle n'avait qu'à insister un peu. Il hésita un peu devant la première marche, mais il aurait vraiment apprécié un peu d'aide pour installer les tables dans le jardin. Il monta donc les escaliers et poussa doucement la porte de sa chambre.

« Magda ? »

À l'entente de son nom, Magdalena se retourna vers lui. Et là, Martijn sut que, quoi qu'elle puisse lui dire, elle lui en voulait. Il le savait parce qu'habituellement, Magda souriait quand elle le voyait, il s'en était vite rendu-compte. Mais là, au moment où elle s'était retournée, elle n'avait pas souri. Loin de là. Elle l'avait regardé avec un petit mouvement de tête pour lui signaler qu'elle l'écoutait en lui jetant un simple regard de quelques secondes, puis elle avait reporté son attention sur son téléphone. Martijn s'avança vers elle, lui prit son téléphone des mains pour le jeter sur le lit.

« Sorry.

-Ça ne serait pas un peu trop facile ?

-Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu avais pensé qu'on pourrait s'installer dans le même appartement ?

-Parce que j'attendais que tu le fasses. Donc, au final, la vraie question, c'est pourquoi tu n'y a pas pensé tout seul ?

-J'en sais rien.

-T'en as pas envie ?

-Non ! Ce n'est pas que j'en n'ai pas envie. Mais...

-Mais ? »

Martijn ébouriffa ses cheveux et alla s'asseoir sur le bord de son lit en mettant son visage dans ses mains.

« Je ne veux pas partir d'ici. Je ne suis pas prêt. Et oui, je sais, à mon âge, il serait temps. Mais sauf que dans ma tête, j'ai pas vingt-et-un ans. Dans ma tête, je suis toujours l'ado de seize ans. Et à seize ans, on ne part pas s'installer avec sa copine. À seize ans, on joue à la console avec ses meilleurs amis toute la nuit, on fait chier sa sœur tant qu'elle est encore là, on a pas tous ces problèmes en tête. T'as le droit de rire maintenant.

-Je ne trouve pas ça drôle. Je pense que je te comprends. »

Martijn sentit deux mains se poser sur ses genoux, il écarta ses doigts pour apercevoir le visage de Magdalena qui s'était agenouillée devant lui.

« Tu sais quand je suis partie en internat, ça n'a pas été facile non plus. Je ne dirais pas que j'en avais envie, parce que ça voulait dire quitter mes parents alors que j'avais toujours vécu avec eux. Ça voulait aussi dire cohabiter avec d'autres personnes que mes frères, et j'étais pas certaine qu'ils allaient supporter mon caractère de cochon. Partager ma chambre alors que je n'avais jamais fait ça. Et le premier soir, ça n'a pas été simple. Je ne connaissais personne, les filles de ma chambre faisaient un peu bande à part et je me suis sentie terriblement seule. Comme jamais je ne m'étais sentie seule. Parce qu'en plus, je n'avais même pas mon violon. Mais, tu sais quoi ? Aujourd'hui, je suis contente de l'avoir fait. D'avoir eu le courage d'aller vivre ailleurs que dans mon petit cocon, que dans ma bulle familiale parce que ça a été les meilleurs moments de mon lycée. À un moment on a tous besoin de partir de chez nous. Pour vivre la suite de l'aventure.

-Je ne suis pas toi, Magda.

-Tu n'es pas moi. Mais si je l'ai fait à quatorze ans, je suis persuadée que tu peux le faire à ton âge. Après si ça te panique à ce point, alors prend le temps de te faire à l'idée. Moi, je pense que je peux réussir à vivre toute seule si tu restes avec moi de temps en temps, sourit Magda en replaçant correctement les cheveux de Martijn.

-Je t'aime.

-Moi aussi, Marty. Moi aussi.

-Et est-ce que tu m'aimes au point de bien vouloir m'aider à monter les tables dans le jardin ?

-Ouais, je pense que je t'aime à ce point, sourit Magda. »

Café et Bicyclette - [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant