Bonus 3 - White Christmas

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White Christmas

    La joie de Noël. Quand tu es enfant, tu crois forcément à la joie de Noël. C'est basique. Au moment des fêtes, tu es heureux. A vrai dire, tu es heureux plus ou moins un mois avant Noël. C'est comme ça. Depuis six cent ans. Annabeth avait une théorie supplémentaire sur la joie populaire qui entourait les fêtes de fin d'année: tu es plus heureux quand tu as une famille que la société qualifie de famille nombreuse.

    Mais Annabeth n'avait pas de famille nombreuse. Pas vraiment non. Elle avait un papa, une maman, une tante et un cousin, et puis deux grands parents. Et dans la famille pas très nombreuse d'Annabeth, on fêtait tous les 24 décembre chez ses grands-parents paternels à San Francisco. Et ce depuis qu'elle était vraiment toute petite. Ce soir-là, elle regardait toujours un épisode de Calamity Jane à la télévision avec son cousin Michaël puis ils rejoignaient les adultes à table. Ils étaient toujours les derniers installés. Ils commençaient le repas, puis partaient pour l'église avant que la dinde n'arrive sur la table. Quand ils revenaient, les cadeaux étaient toujours au pied du sapin. C'était la magie de Noël. Juste avant l'ouverture des cadeaux, sa grand-mère leur chantait encore quelques chants de Noël, histoire de prolonger la messe. Puis arrivait - enfin - l'ouverture des cadeaux tant attendus. Son cousin avait toujours la fâcheuse tendance à littéralement réduire les papiers cadeaux en miette.

    Cette tradition avait commencé à s'effilochée lors du décès de ses grands-parents. Le Noël suivant avait été fêté à cinq chez les parents d'Annabeth. Et puis l'année suivante, tout s'était arrêté. Un arrêt brutal lié à la mort de la mère d'Annabeth. C'était un 14 janvier. Alors qu'elle avait huit ans. A vrai dire ce 14 janvier avait changé pas mal de chose dans la vie d'Annabeth, dont sa foi en l'esprit de Noël. Parce que le premier Noël sans sa mère était aussi la première fois où elle se retrouvait vraiment seule avec son père. Seule dans un moment où elle avait l'habitude d'être entourée.

    Alors oui, son père avait essayé de faire de son mieux. Il l'avait même emmenée faire du patin à glace à Union Square. Puis ils avaient cherché un restaurant mais sans rien trouver qui leur convenait. Alors ils étaient rentrés chez eux et avaient attendu que le temps passe devant la télé. La tante d'Annabeth avait quand même appelé pour leur souhaiter un joyeux Noël, et du haut de ses neuf ans, Annabeth avait entendu sa voix brisée et sa gorge nouée.

    Le premier Noël sans sa mère était vraiment le pire Noël qu'elle n'avait jamais vécu. Elle s'était sentie terriblement seule et en colère. En colère contre le monde entier. Elle s'était alors entichée de l'idée que la vie était vraiment injuste.

    C'est aussi à partir de ce Noël que la relation entre Annabeth et son père s'était sérieusement dégradée. Le comble fut quand son père décida de refaire sa vie avec une grande blonde au visage effroyablement sympathique et qu'il permit à cette blondasse de venir s'installer dans leur maison. Annabeth n'avait pas supporté. Elle avait commencé les fugues bien décidée à ne pas se laisser faire. Son père avait fini par la prendre entre quatre yeux, histoire de comprendre ce qui se passait dans la tête de sa fille. C'est pendant cette discussion qu'Annabeth, dix ans, avait assuré à son père qu'elle partirait vivre chez sa tante. A New York. Là où sa mère avait grandi. Son père avait enfin pris conscience du mal être de sa petite fille alors il avait longuement discuté avec elle. C'était vraiment une très longue discussion de plusieurs heures. Et il avait fini par accepter qu'Annabeth parte un peu plus souvent à New York.

    Il avait été décidé qu'elle traverserait le pays à toutes ses vacances. Quand elle arrivait, sa tante lui proposait toujours de participer à un maximum d'activités. Elle voulait que sa nièce se fasse le plus d'amis possible. Elle espérait qu'ainsi le sourire qu'avait perdu Annabeth réapparaisse ; même légèrement. Mais rien ne plaisait vraiment à la pré-adolescente. La seule activité qu'elle daignait pratiquer, c'était le basket - parce qu'elle aimait vraiment beaucoup le basket - et encore... Parce qu'au basket, il y avait ce petit français encore plus débile que les autres qui l'insupportait vraiment au plus haut point.

Café et Bicyclette - [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant