Bonus 13 - Forever

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Forever

Romy avait pris sa décision le week-end dernier. Sur une plage de Terschelling. Elle avait marché, et si quelqu'un avait fait un tout petit peu attention à elle, il aurait peut-être remarqué ses yeux rougis et ses larmes qui se mêlaient aux embruns des vagues qui s'échouaient sur le sable. Mais personne n'avait remarqué Romy. Elle était seule ce dimanche-là. Seule face aux vagues ; seule avec les mouettes ; seule avec sa conscience pour prendre l'une des décisions les plus douloureuses de sa vie. Elle allait quitter Ruben. Ruben qui était doux, drôle, tendre, aimant et sincère. Ruben qui lui avait fait vivre trois années merveilleuses. C'était merveilleux mais il fallait que ça arrive. Il fallait une fin.

Attention, il n'y avait pas eu d'engueulade. Pas d'infidélité. Pas de cassure nette non plus. C'est juste que Romy avait changé. Tout s'était accéléré cette année. Cette année, Romy avait subi des deuils ; elle s'était faite à sa nouvelle vie d'adulte. Celle qui implique d'avoir un vrai travail, avec un vrai patron, avec de vrais collègues et tout un tas de vraies responsabilités. Le genre de responsabilité et de nouveau quotidien qui obligent à grandir. Et quand on grandit, on change. Elle avait changé. Beaucoup. Peut-être trop. Sûrement trop. Romy était devenue une personne trop différente alors que Ruben était resté le même. Et il lui était impossible de lui demander de changer parce qu'elle l'avait aimé de cette façon. Elle l'avait follement aimé. Le premier vrai amour. Elle l'avait aimé et n'avait pas le droit de lui demander de se réinventer. Elle n'en n'avait même pas envie en plus. En fait, Romy avait envie de nouvelles choses. Elle avait envie de choses qui ne faisait pas partie de Ruben et qui n'en feraient jamais partie. Elle avait envie de spontanéité, de passion, de... Et de temps aussi. Romy avait besoin de temps. Du temps pour elle et du temps pour découvrir cette nouvelle elle. Cette nouvelle Romy. La relation qu'elle entretenait avec Ruben ne lui permettait pas ça. Elle ne lui permettrait plus jamais d'ailleurs. Tout comme elle ne lui donnerait plus cette insouciance et cette passion dont Romy avait tant envie. Et tout cela la rendait triste, horriblement triste, parce que ce n'était la faute de personne - sauf peut-être la faute du temps qui passe - et que rien ne pouvait être fait. Romy avait pris conscience de tout cela il y a quelques mois. Au début de l'été. Non. Bien avant l'été. C'était plus tôt... Bien plus tôt. Quand Magda et Martijn étaient à Prague à Pâques. Un peu tous les jours, elle voyait des photos d'eux, des rues pavées, des toits en tuiles, des rires, des sourires et de l'amour. Ce qu'elle n'avait plus. Elle avait tenté de retrouver ce qui avait été beau avec Ruben. Elle avait essayé longtemps et de toutes ses forces. Elle y avait cru parce que pour que ça marche, elle devait y croire. Elle avait essayé de trouver des solutions. Sauf que leurs chemins s'étaient imperceptiblement et irrévocablement éloignés. Un peu comme s'ils avaient pris un embranchement différent sur l'autoroute de leur vie ; et comme si leurs routes ne pouvaient plus se croiser et qu'il était trop tard pour faire demi-tour. Ils ne pouvaient plus se suivre.

Alors Romy avait voulu être sûre. Du genre bien sûre. Bien bien sûre. Et c'est pour cela qu'elle avait été voir la mer. Et elle s'était éloignée le plus possible d'Amsterdam. Sur une île au nord. À quatre heures de route. Elle avait réfléchi, les fesses et les pieds bien ancrés dans le sable froid avec des larmes sur ses joues. Parce que bon... Quitte à briser le cœur d'un homme qu'elle aime, Romy préférait être bien certaine de sa décision.

Romy avait fini par reprendre la route le dimanche en fin d'après-midi, la gorge nouée et le cœur qui battait à deux cents à l'heure. C'est sur le ferry qui la ramenait vers Harlingen qu'elle avait envoyé un message à Ruben.

De ROMY :Je suis à Dam dans un peu plus d'une heure. Je peux venir chez toi ?

Elle avait tellement peur. Elle avait peur parce qu'elle n'avait jamais fait ça. C'était une grande première. Romy avait déjà connu quelques ruptures après des relations type mini-relations et il s'agissait toujours de ruptures soit extrêmement chaotiques, soit d'un commun accord, soit des deux ensembles. Et quand bien même, tout ça, c'était y a longtemps. Là... Là, il n'y avait ni haine, ni colère, ni reproche, ni rancœur, même pas une once d'évidence. Juste de la tristesse. Une indicible et immense tristesse. Un besoin de se dire au revoir, tout ça malgré la beauté de ce qu'ils avaient partagé. Ruben restait à beaucoup d'égard quelqu'un qu'elle aimait ; quelqu'un qui ne lui avait fait que du bien.

En arrivant chez lui, Romy s'était juste assise sur le canapé et avait demandé à Ruben de s'asseoir à côté d'elle. Elle s'était excusée. Elle était tellement, tellement, tellement désolée. Ils avaient pleuré. Beaucoup. Presqu'autant qu'ils s'étaient aimés.

Dans cet appartement, il y avait eu deux cœurs brisés en mille morceaux, mais Romy avait trouvé Ruben parfait. Il avait respecté son choix et sa décision. Il lui avait fait des promesses. La promesse de ne pas l'embêter. La promesse de ne pas insister. La promesse de ne pas essayer de la retenir. Il avait juste pleuré avec elle tout ce qu'ils avaient été et tout ce qu'ils ne seraient plus. Puis doucement il lui avait fait part de ses craintes, de sa peine. Il avait aussi respecté sa tristesse à elle. Parce qu'au fond, rien n'était tout noir ou tout blanc. Romy avait beau être celle qui avait fait LE choix - même si elle n'avait pas vraiment l'impression d'avoir eu le choix - elle était immensément triste. Mais Romy ne pouvait pas choisir qui elle était devenu. Tout comme elle ne voulait pas changer qui était Ruben.

X+X+X+X+X

C'était une « rupture propre », c'est comme ça que l'avait baptisée Erda. Louis avait préféré le terme de « rupture d'adultes ». Une rupture entre personnes ayant assez de maturité pour se comprendre et ne pas se déchirer.

« Vous savez quoi, commença Romy lors d'une soirée filles à l'appartement de Magda et Martijn. Je suis... Heureuse que cette rupture soit passée comme ça. C'est comme une toute petite lueur dans une soirée bien pourrie. C'est un peu comme si elle était à l'image de notre histoire. C'est une fin qui ne salist pas les souvenirs et l'amour qu'on a eu l'un pour l'autre. Je suis heureuse qu'il n'y ait pas eu de déchirement, des mesquineries, des...

— Des réflexes de protection hostiles ? tenta Erda. Quoi ? J'ai vu ça dans mes cours de ce matin.

— C'est exactement ça. Je suis heureuse qu'on ne ce soit pas blessé l'un l'autre. On s'est aimé tendrement. On s'est quitté tendrement. D'ailleurs, j'aurai bien aimé savoir qu'on pouvait parler comme ça avant. Je ne savais pas qu'on pouvait être si sincères, si... Honnêtes et si doux l'un envers l'autre.

— C'est que même si on a parfois tendance à l'oublier, les hommes bons et gentils sur cette Terre, ça existe, assura Magda. Les mecs qui savent écouter, respecter, partager.

— En fait, cette rupture, elle me redonne foi en l'amour.

— Carrément ?

— Ouais. Je... Je sais maintenant qu'il existe des hommes biens, vraiment biens. Et que j'ai même eu la chance d'en aimer un. »

C'était même un petit peu plus que ça. Parce que maintenant, Romy savait qu'il était possible d'aimer et de quitter sans haine, ni violence et blessure à l'âme qui vous suivent pendant des années. Elle avait aussi compris que l'amour et la volonté de respecter l'autre ne s'arrêtent pas quand le terme de « couple » s'arrête. Ce respect va plus loin et ne s'arrête pas quand la relation prend fin. 




--- NDA ---

🐣❤️

Okay. C'est pas le texte le plus joyeux qu'il m'est été donné d'écrire. Ça ne parle même pas de Noël. J'ai essayé mais c'est ça qui est venue (#PayeTesBaladesAuBordDeMer)... J'espère que ça vous à plus quand même. Je vous assure pour le roman que je suis en train d'écrire je vous prépare des chapitres sur Noël du feu de Dieu. On les lira en plein été si ça se trouve mais pas grave !!


J'espère que le Père Noël vous a bien gâté, et pour ceux pour qui il n'est pas encore passé, pas de panique : il se gare même en double file pour aller plus vite.


Allez, je vous souhaite à tous et à votre famille un très très beau Noël et vous donne rendez-vous vendredi pour la suite des Papillons,


Uthopie. 🐥❤️🎅🏼🎄

Café et Bicyclette - [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant