Framboise

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Certaines personnes souhaitaient me revoir en dehors du 365 pour une œuvre à chapitre, plus mature sans doute. Et bien elle est ici. Muffin, une fiction que j'ai vraiment à cœur et sans doute mon plus gros projet.

Bonne lecture !

Ses doigts tapotèrent inlassablement le volant de sa voiture, au rythme entraînant de la musique que diffusait l'autoradio. Son coude appuyé contre la vitre, et sa tête soutenue par le dos de sa main, Namjoon regarda un instant le rehausseur vide installé sur la banquette arrière. À cette heure, Wooju devait déjà être un cours, présenté à sa classe et, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de se demander si tout allait bien. Il avait toujours du mal à laisser son fils seul dans un endroit qu'il ne connaissait pas, et où lui même ne se trouvait pas. Encore plus en ce jour de rentrée.

Quelques voitures le dépassèrent, tandis qu'une autre venait se coller à la sienne en klaxonnant dans le but de le faire avancer un peu plus vite. Il tiqua, le feu tricolore venait de passer au vert depuis quelques secondes déjà, et lui n'avait toujours pas bougé, perdu dans ses pensées. Enclenchant la troisième vitesse, il débraya et reprit sa route à travers les rues de Séoul.

Dehors, le ciel était bleu, la brise légère et douce pour un début d'automne, juste assez pour rester quelques jours de plus en simples chemises. Quelques feuilles mortes jonchaient déjà le sol, fréquemment nettoyé par les services d'entretien de la ville. Quelques commerces ouvraient leurs portes à une journée de travail éreintante, et, sur les trottoirs, des adolescents couraient en bousculant quelques passants, visiblement déjà en retard pour le premier jour de classe.

S'engageant dans le parking souterrain, Namjoon descendit deux étages avant de trouver une place sur laquelle se garer. Visiblement, les résidents de son immeuble n'étaient pas encore tous partis, et bon nombre d'étudiants avaient déjà pris possession des souterrains pour y déposer leurs voitures, sans se soucier du fait qu'il s'agissait d'une propriété privée. La tension qui habitait le garçon aux cheveux blancs monta d'un cran, tandis qu'il s'approchait de la borne de payement dans laquelle il passa sa carte d'abonnement, avant d'attraper le ticket que lui donna la machine. Il le déposa sur son pare-brise, coincé sous l'un de ses balais d'essuies glaces. Il perdait un temps précieux, mais une contravention dans sa situation ne serait définitivement pas la bienvenue. Se dirigeant ensuite vers l'ascenseur du bâtiment, il s'y engouffra seul avant d'en ressortir quelques secondes plus tard, près de la station de métro de Hongdae. L'odeur de pollution mêlée aux petits stands de nourritures ambulants lui monta au nez, lui arrachant une grimace et un grognement de mécontentement. Jetant un coup d'œil à sa montre, il prit conscience de la légère avance dont-il disposait, déposer Wooju en voiture alors qu'il se trouvait à dix minutes à pieds de l'école n'était peut-être pas nécessaire, mais chaque minute comptaient. Si bien que ce matin, il n'avait pas pris le temps de déjeuner.

Reprenant sa marche, il bifurqua dans une petite rue adjacente au quartier si populaire, et remonta l'allée avant de s'arrêter devant une pâtisserie. Il vivait juste en face, dans la résidence constituée de quatre appartements, et d'un local commercial. Ce dernier fut vidé il y avait maintenant deux semaines, sa voisine de palier y tenait un petit restaurant de grill qu'elle n'avait pas eu d'autres choix que de fermer, manque de clientèle. Avec un peu de chance, il lui appartiendrait dans quelques heures.

Poussant finalement la porte en verre, un son de cloche tinta dans ses oreilles rendues sensibles par son état d'esprit. Visiblement, un rien pouvaient actuellement le mettre de mauvaises humeurs. Une douce mélodie reposante lui parvint ensuite, ainsi qu'une vague de chaleur provenant des fours et des lumières chauffantes dans les vitrines fermées. L'intérieur du bâtiment était composé de murs en deux teintes, d'un joli vert menthe et d'un profond brun chocolat. Quelques tables étaient disposées ici et là, souvent juste assez grandes pour accueillir deux personnes. Derrière les étalages de pâtisseries et autres petits pains se trouvait un escalier en colimaçon donnant sûrement accès à un appartement, ainsi qu'une porte menant à l'atelier. Les effluves de brioche chaude et de sucre caramélisé réveillèrent un peu plus son estomac qui se tordit à l'intérieur.

𝙼𝚞𝚏𝚏𝚒𝚗Où les histoires vivent. Découvrez maintenant