𝙼𝚞𝚏𝚏𝚒𝚗

Sakura

Hoseok craignait particulièrement cette journée. Non pas qu'il n'en avait pas l'habitude, qu'il s'agissait de la première fois. Mais trop de choses se mêlaient à cela et, oui, cela l'effrayait un peu, il devait l'avouer. Poussant la vieille porte en bois défoncée, il glissa ensuite une main dans ses cheveux nouvellement roses. Il n'était pas certain que la teinte lui allait, ni même de l'apprécier, mais Jiwoo lui avait certifié qu'il était plutôt mignon comme cela. Et que tout serait parfait pour cette journée. Il avait du mal à y croire, étrangement.

Son emménagement avec Yoongi était proche, trois jours exactement. Tout avait été signé, ils avaient commencé à bouger les cartons, les meubles. Jiwoo avait eu la bonté de payer leur caution sans qu'ils ne demandent quoi que ce soit -ce qui avait d'ailleurs créé quelques tensions entre le frère et la sœur, ainsi qu'un malaise pour le pâtissier.-. La demoiselle les avait aidés à refaire les peintures dans des tons plus osés, mais qui leur correspondaient. Et la décoration prenait lentement forme. En soi, il ne manquait que les effets personnels de son meilleur ami qui ne pouvait décemment pas tout amenés avant d'en avoir parlé avec son frère. Ce qui n'avait toujours pas été fait. Et plus le temps passait, plus Hoseok craignait que ce dernier ne s'en mêle et ne retarde les choses une fois qu'il serait au courant.

À cela s'ajoutait le fait qu'avec Jimin, la situation semblait à la fois stagner et en même temps évoluer. De temps à autre ils parlaient, un message par-ci ou par-là. Rien de bien fou et parfois, le danseur avait l'impression de discuter seul en embêtant sa jolie frimousse rousse, mais c'était toujours mieux que l'ignorance et le mépris auquel il avait fait face pendant des mois. De plus, depuis cette soirée dans le bar, il ne pouvait s'empêcher de repenser à cette danse qu'ils avaient partagée au centre de la piste. Lorsqu'il faisait noir, qu'il était seul dans sa chambre, Hoseok se plaisait à se rappeler de chaque détail. De l'odeur légèrement mentholée du garçon mêlée à une fragrance d'alcool, à la chaleur et la proximité de leurs corps, le rythme effréné de la musique passant à ce moment-là. Cela ne le quittait pas.

Alors non, le jeune homme n'avait pas vraiment la tête à se concentrer sur le shooting photo commandité par sa sœur. Il en avait l'habitude pourtant. Lorsqu'une nouvelle collection se présentait, Jiwoo l'utilisait comme mannequin pour promouvoir sa boutique. Quelqu'un de moins à payer, plaisantait-elle parfois auprès de ses amies. Et Hoseok n'y avait jamais vu aucun mal, jusqu'à maintenant. Mais peut-être était-ce de sa faute, peut-être qu'il n'aurait pas dû confier l'existence ce vieux bâtiment à sa sœur aînée, celui-là même dans lequel il s'entraînait à l'abri des regards. C'était son lieu à lui, là où il venait à se réfugier lorsque le contrôle de sa vie lui échappait. Savoir que quelqu'un d'autre que lui aller pénétrer dans ce qui ressemblait à son monde, prendre des clichés ensuite dispersés sur internet et un peu partout à Seoul le rendait presque malade. Bien entendu il aurait pu refuser que la séance se déroule ici, recommander un parc ou toute autre usine laissée à l'abandon. Mais il n'avait pas eu le cœur à dire non à sa grande sœur, pas alors qu'elle avait tant fait pour lui au fil des ans et plus encore ces derniers mois.

Sous ses chaussures, quelques morceaux de verres craquèrent et il observa son aînée observer les lieux avec émerveillement, son appareil photo autour du cou, un sac plein de vêtements et autres accessoires à la main. C'était comme si l'endroit représentait actuellement la septième merveille du monde aux yeux de la demoiselle, bien loin du malaise et de l'angoisse de son cadet. Dans le plafond, un morceau s'était décroché pour former un puits de lumière envoyant directement sur l'un des murs porteurs à l'opposé même du vieux miroir fissuré. Un tuyau métallique encombrant le passage manqua de faire tomber la jeune femme qui se rattrapa à l'épaule de son petit frère, sans pourtant perdre ce sourire éblouissant.

« -Tu vois, je t'avais dit qu'on n'aurait pas besoin de prendre les éclairages. Le flash et la lumière naturelle suffiront ! Allez, va te changer. »