Camomille

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Dans la chambre à coucher, il ne semblait pas y avoir un bruit autre que la respiration paisible des deux jeunes garçons partageant le petit lit collé contre le mur. L'un des deux avait son dos qui reposait le long de la surface plane, un bras replié sous sa tête lui servant d'oreiller tandis que l'autre était fermement accroché autour de la taille de son homologue. Ce dernier était par ailleurs niché contre son petit-ami, le visage caché dans son cou, les jambes remontées contre son torse dans une position fœtale quelque peu précaire. L'espace n'était pas vraiment prévu pour accueillir deux corps, mais ça ne semblait pas avoir la moindre importance, après tout ce n'était pas la première nuit qu'ils passaient dans cette position. Le plus petit des deux garçons s'était déjà réveillé une première fois aux alentours de quatre heures du matin pour éteindre son téléphone portable, avant de se rendormir presque aussi sec. Il était hors de question pour lui d'aller travailler, pas dans ces circonstances et, il était certain que son patron comprendrait. De toute façon, il était mineur, et sous l'accord de ses parents, Yoongi ne pourrait rien dire.

Toujours était-il qu'à présent, le soleil semblait être haut dans le ciel, à en juger par les quelques doux rayons qui filtraient sans mal à travers les volets pourtant clos. Une pénombre presque rassurante s'était donc installée en ces lieux, éclairant à peine les visages sereins des deux endormis. Accroché ça et là, quelques posters d'une célèbre équipe de base-ball Coréenne, deux ou trois photos de famille et d'amis maintenues pas des punaises et une montagne de vêtements traînant dans un coin. La chambre typique d'un adolescent de seize ans, rien d'anormal aux premiers abords. Si ce n'était peut-être la bassine d'eau claire reposant sur le bureau exceptionnellement rangé, ainsi que les dizaines de bandages et pansements neufs qui n'attendaient que l'éveil du plus âgé des garçons. Il était d'ailleurs étrange que Madame Park ne soit pas encore entrée, mais c'était mieux ainsi.

Le premier à ouvrir les yeux fut Jihyun, dans un papillonnement pour le moins difficile. La première chose qu'il vit entrer dans son champ de vision fut la tignasse brune de Jungkook emprisonné entre ses bras. Ce dernier semblait encore parfaitement endormi, à en juger par le souffle calme et régulier qu'il produisait et qui venait se répercuter contre sa peau tendre, lui arrachant un délicieux frisson matinal. Un faible sourire étira les lèvres de l'apprenti pâtissier tandis qu'il raffermissait sa prise autour de la taille fine. De sa main libre, il frotta ses paupières encore lourdes et gonflées avant d'attraper le téléphone reposant un peu plus loin sur la table de chevet. À en juger par son écran d'accueil, il était bien dix heures passées et Jihyun ne put que se rassurer de savoir Jungkook encore endormit tout contre lui. La première nuit n'avait pas été particulièrement simple. Son petit-ami était encore tétanisé et, probablement avait-il trop mal pour se laisser aller aux bras de Morphée tandis que lui-même était trop frustré et inquiet par la situation pour ne serait-ce que le quitter des yeux. C'en était suivi un silence lourd de sens et douloureux pour chacun d'eux, et le lendemain n'avait pas été meilleur, bien au contraire. Le contrecoup avait commencé à se faire sentir et il s'était déroulé entre larmes et sanglots. Jihyun avait été là, tout ce temps, se contentant de l'épauler comme il le pouvait sans même savoir quoi faire. Finalement, Jungkook avait finis par tomber de sommeil et, au bout du compte c'était probablement mieux ainsi.

Un soupir discret échappa au cadet qui se mit à observer son plafond, pour le moins pensif. Où est-ce que cette situation allait finalement les mener ? Les, oui, parce qu'après avoir vu tout cela il se refusait à être mis de côté. La première fois qu'il avait rencontré Jungkook, dans ce gymnase à l'abri des regards, jamais il ne se serait attendu à quelque chose de si grave. Innocemment, il n'avait fait que penser à quelques soucis d'argent. Ce qu'il avait pu être naïf, c'était bien plus grave que cela et, tout ce temps où il l'avait fréquenté, son petit-ami avait enduré cela seul sans jamais venir lui en toucher le moindre mot. Jihyun se détestait. Il y avait eu pourtant tant de signes avant-coureurs qu'il n'avait pas été capable de voir. À moins qu'il n'ait pas voulu y porter la moindre intention ? Inconsciemment, c'était quelque chose dont chaque être humain était capable, Jimin le lui avait dit une fois lorsqu'il avait tenté de s'intéresser aux études de son aîné. Tout avait pourtant été là, sous ses yeux. Les sursauts à un toucher inattendu, les sourires quelque peu forcés lorsqu'il lui demandait si tout allait bien. Et dieu, cette excuse pourtant tellement recyclée de la chute dans les escaliers pour justifier chacun de ses bleus. Du moins, ceux apparents, parce que Jihyun en avait redécouvert depuis, pas plus tard qu'hier à dire vrai. Ils étaient présents par dizaine sur le corps de son petit-ami, et tous ne dataient pas de la semaine dernière il en était certain. Ce qu'il pouvait être stupide.

𝙼𝚞𝚏𝚏𝚒𝚗Où les histoires vivent. Découvrez maintenant