Banane

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Comment allez-vous ? Je suis au regret de vous annoncer que Muffin, atteint aujourd'hui son cinquantième chapitre. J'ai un peu de mal à y croire, je ne parviens pas à réaliser que j'ai été capable d'écrire jusque là sans me lasser et plus important encore sans vous lasser vous, lecteur. Sachez qu'à partir d'aujourd'hui, et bien vous pouvez commencer le décompte puisqu'il reste moins de vingt-chapitres avant la fin de cette belle aventure. 

Bonne lecture, Byeol-na. 

Il y a ce moment, entre le conscient et l'inconscient, durant lequel notre esprit flotte sans réellement savoir où il se trouve, ce qu'il y fait, ce qu'il ressent. Un cocon apaisant, chaleureux duquel nous ne souhaitons nous échapper et ce qu'importe le prix. Généralement, cela se situe au petit matin, lorsque les premiers rayons du soleil nous lèchent la peau avec douceur, laissant cette douce sensation de chaleur nous envelopper alors que nous ne souhaitons quitter cet instant. Un pas dans notre monde, un autre encore fermement déposé dans celui des songes. Il n'y a aucune place pour la pensée, simplement pour le ressenti, l'empreinte de tendresse. Pourtant, il arrive un moment, celui qui s'avère alors décisif, où nous nous sentons extirper de cette étreinte protectrice, où notre bulle éclate pour nous ramener à la réalité. La lumière naturelle devient alors agressive, nous pousse à plisser les paupières avant qu'elles ne se détendent, encore lourdes de sommeil.


Pourtant, allongé dans ses draps aux couleurs de l'océan, Namjoon ne ressent pas cette sensation de fraîcheur désagréable que nous ressentons généralement au réveil. Il lui faut quelques secondes pour réaliser qu'il n'est pas seul dans ce lit qui lui semble habituellement bien trop grand. C'est d'abord la réalisation d'un entremêlement de membres. Jambes contre jambes, un bassin contre le sien, une paire de bras fermement enroulés autour de sa taille, des mains pâles posées sur son torse. Puis cette odeur à la fois sucrée et boisée, un mélange de miel et de pin vert. Terriblement apaisante, un brin trop entêtante. Pourtant, le père de famille sait qu'il pourrait très vite y prendre goût, apprendre à ce réveiller de la sorte chaque matin sans se poser la moindre question. Puis soudain, il se souvient. La fenêtre est entre-ouverte, les effluves de la veille se sont évaporées. Sur sa table de chevet, il reconnaît un cendrier qu'il n'aurait accepté autrefois pour la santé de Wooju, ainsi que la présence d'une cigarette au trois quarts consumée. Soudain, il prend conscience de la personne partageant sa couche.


Malgré leur différence de taille, le cadet est dos à l'aîné. Omoplates contre clavicules. Il sent son souffle sur sa nuque, il devine sa respiration encore lourde, laissant un sillon léger et humide sur cette dernière. Le jeune homme à ses côtés dort encore. Avec plus ou moins de précautions, par peur de troubler le sommeil de l'autre, Namjoon se retourne prudemment dans ses bras. Il fait alors face au visage détendu de Yoongi, loin du masque qu'il porte encore trop souvent au goût du père de famille, celui qui crie que rien ne l'atteint, qu'il peut tout vaincre à lui seul. Namjoon l'a encore remarqué avec cette histoire de procès. Quand bien même cela ne le concernait pas, le pâtissier a tout pris sur ses frêles épaules, se montrant présent pour sa personne en évinçant ses propres doutes et autres craintes. D'un mouvement lent, il lève la main, ses doigts hésitants retracent le contour de son visage, avant de s'attarder sur ses lèvres. Puis ses yeux se posent sur les nombres marques encore rougeâtres présentes ça et là sur la peau d'ivoire du plus petit.


Les images de la veille lui reviennent en tête, la volupté dont-ils avaient fait preuve, la douceur avec laquelle Yoongi avait fait glisser le tissu de sa chemise sur ses épaules, l'hésitation avec laquelle lui-même avait dégrafé le jean de son aîné. La ferveur des baisers qu'ils avaient échangés et la brutalité qu'ils avaient rencontrée dans la précipitation. Ces quelques images de leurs corps nus s'imbriquant l'un dans l'autre, chaire contre chaire, lui tournent subitement la tête et, pour quelques secondes, il a l'impression d'étouffer. Il fait trop chaud, il panique. Quelques jours plus tôt, il n'aurait jamais accepté un contact si rapproché avec le jeune homme. Il n'y était pas prêt et alors qu'il a à présent goûté à la fièvre de leurs ébats, il n'est toujours pas certain de l'être. L'alcool a sans doute aidé dans cette décision soudaine néanmoins, il ne regrette pas.

𝙼𝚞𝚏𝚏𝚒𝚗Où les histoires vivent. Découvrez maintenant