𝙼𝚞𝚏𝚏𝚒𝚗

Mangue

Jimin tentait tant bien que mal de se concentrer sur ce qu'il tentait désespérément d'apprendre depuis près de deux jours à présent. Jamais encore le rouquin ne s'était retrouvé dans une telle situation, incapable de retenir une centaine de termes provenant du domaine psychiatrique. Certes, sa licence n'était pas des plus simples, mais tout de même, c'était bien là l'une des première fois qu'il ne parvenait pas à se concentrer suffisamment pour réciter ne serait-ce que la moitié de ces mots compliqués. S'il devait s'écouter, l'étudiant saurait pertinemment pourquoi ses révisions semblaient soudainement insurmontables. La conversation qu'il avait eu avec son petit-ami quelques jours plus tôt ne quittait pas son esprit. Portant le bout de son crayon de mine à ses lèvres, il laissa échapper un petit soupir.

Son avenir lui semblait soudainement bien incertain et il n'était même plus certain de vouloir continuer sur la voie dans laquelle il s'était engagé et, au fond, c'était frustrant. Des années d'études prenantes, difficiles et stressantes pour en arriver là. Serait-il seulement utile en tant que psychologue ? Certes, il était parvenu à cerner Namjoon et à lui apporter son aide. Mais après ça ? Il y avait tant d'incompétents et il ne voulait pas risquer d'en devenir un lui même. Alors que lui restait-il ?

Tenter de publier La Huitième Traversée.. ? Il y avait encore quelques mois de cela, il aurait catégoriquement refusé de le faire. Oui mais voilà, les choses avaient changé. Le temps passant, il avait corrigé son style, apprit à l'apprécier et peut-être même était-il parvenu à avoir un peu d'estime pour ses écrits. Se sentait-il prêt à les faire partager au grand public ? À ses proches, la réponse était toute trouvée : Hors de question. Il avait bien trop peu du jugement, des rires de son petit-frère ou encore du regard quelque peu déçus de ses parents. Certes, ils étaient plus qu'ouverts d'esprits, absolument géniaux et le jeune homme ne les échangerait pour rien au monde. Mais écrire, c'était si peu conventionnel dans ce pays. Ils ne comprendraient sans doute pas tout ce que cela représentait pour lui. Néanmoins, Hoseok ne l'avait-il pas soutenu sans le moindre jugement ? Sans la moindre critique ? La partie la plus malhonnête de lui même assurerait que ce n'était pas à prendre en compte, après tout il s'agissait de son petit-ami.

Cependant, caché derrière un pseudonyme, à l'abri de ses connaissances les plus proches, pourquoi pas ? Plus le temps passait plus l'envie de faire partager son récit se faisait sentir et puis, que risquait-il ? Si les critiques s'avéraient négatives, alors il n'aurait qu'à supprimer son compte, agir comme si jamais il n'avait posté quoi que ce soit et oublier les quelques commentaires haineux qui se seraient glissés par là. Dans l'anonymat tout était toujours plus simple. Après tout n'était-ce pas ce qu'avait fait J.K lors de la parution d'Harry Potter ? D'accord, les motifs et enjeux n'étaient pas les mêmes, mais qu'importe, pour Jimin ses enjeux à lui, ils étaient là.

Laissant un soupir outrepasser ses lèvres, il laissa rageusement tomber le crayon qu'il tenait entre ses doigts, l'objet se fracassant sur le rebord de son bureau, la mine éclatant en quelques particules de poussière tandis que le garçon passait une main dans ses cheveux colorés. Quelques racines commençaient à refaire surface, contrastant avec l'orangé de sa couleur. Décidant qu'il serait finalement temps d'arrêter, puisqu'il ne parvenait à rien de toute façon, Jimin remballa ses fiches et les glissa dans l'un des tiroirs. À quoi bon s'acharner de toute façon ?

Peut-être était-ce le fait d'observer son petit-ami trouver sa place, savoir où il devait exactement se trouver qui le rendait ainsi, l'amenant à penser que sa propre voie n'était pas ici mais, Jimin commençait à douter de son avenir. La psychologie était-ce une chose faîte pour lui ? La profession était difficile ici et, y avait-il seulement porté le moindre intérêt ? Outre que pour la confection de son roman, bien entendu. Parce qu'après tout, n'était pas pour cela qu'il avait postulé dans cette licence, signant pour les trois prochaines années et plus encore, dans le simple but d'en apprendre plus sur le fonctionnement de l'esprit humain ? Ainsi se disait-il qu'il pourrait rendre plus crédible encore la psychologie de ses personnages, créer un point d'accroche, d'attache auquel son potentiel lectorat pourrait se raccrocher, s'identifier. Oui, sans doute mais il y a encore quelques semaines, il avait refoulé cette hypothèse. Il écrivait pour lui et non pour être lu, et pourtant ça le travaillait de plus en plus sans qu'il ne puisse aujourd'hui en faire abstraction. Peut-être que son amant avait raison au bout du compte. À quoi bon s'embourber sur un chemin qui n'était pas le sien, qui finirait tôt ou tard par le rendre malheureux ?