𝙼𝚞𝚏𝚏𝚒𝚗

Bière

L'auteur vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année, n'oublier par que dans la vie il faut positiver, et que s'énerver ne sert à rien :) 

Taehyung attendait plus ou moins patiemment dans la petite chambre de Joy. Ses doigts allaient et venaient nerveusement sur le tissu de son jean, essuyant la sueur qui ne cessait de se reformer sur la pulpe tendre. La demoiselle ne devrait plus tarder à rentrer si l'audience était à l'heure, il en était certain. Il espérait que tout se soit bien passé, qu'il n'y eut aucun retournement de situation et surtout, que la voix de sa belle ait su se faire entendre. La première fois lui avait été favorable, mais lors de l'appel, rien n'était moins sûr. C'était pourtant d'une stupidité incroyable, le client de la jeune femme se devait d'être acquitté et dédommagé. Si Joy avait perdu ce procès, le futur professeur des écoles n'imaginait même pas dans quel état il la retrouverait.

Soupirant une énième fois de frustration, il quitta finalement les draps pourpres et jeta un rapide coup d'oeil à la chambre. Il ne servait à rien d'attendre stupidement, sans rien avoir à faire. Le petit réveil posé sur la table de chevet indiquait dix-huit heures passées et, il serait sans aucun doute bien plus intelligent de préparer le dîner. Tout du moins d'essayer, il n'avait jamais été très doué en cuisine, juste quelques bases et la plupart du temps, c'était Joy qui s'en chargeait.

Dans les placards de la cuisine, il n'y avait pas grand-chose. Tout du moins, pas grand-chose de bien intéressant à ses yeux. Juste quelques légumes et morceaux de volailles dans le fond du réfrégirateur, un paquet de riz encore intact et une diversité incroyable d'épice ici et là. Joy ferait probablement des merveilles avec si peu, mais ce n'était pas son cas. Loin de là et, le stress qu'il ressentait à l'idée de retrouver sa petite-amie en pleure ne l'aidait pas à penser rationnellement. Devait-il appeler sa mère ? Elle pourrait sans doute l'aider même à travers un téléphone. Mais à cette heure, elle accompagnait probablement sa sœur à son cours de danse. Ses ongles vinrent frapper contre le plan de travail à plusieurs reprises, à un rythme inconnu. Il était fichu. À moins qu'il ne commande quelque chose ? Avec un peu de chance, cela devrait arriver avant que la belle ne rentre de son audience. Le tribunal était au bout de la ville et la sentence devrait être prononcée d'ici une dizaine de minutes. Certes moins d'une heure devant lui, mais cela semblait bien assez.

Le poulet frit et les bières en route, le jeune homme eut au moins l'intelligence de dresser la table, sortant une nappe que la demoiselle avait achetée à Noël dernier lorsqu'elle avait accueilli quelques amis de son université. Ça aussi, ça l'avait tout d'abord choqué. Ici, Noël, ça ne se fêtait pas en famille mais bel et bien entre amis ou entre amoureux. Eux, ils accordaient bien plus d'importance au Nouvel An chinois et au Chuseok. Qu'importe. Déposant la draperie blanche sur la table de la cuisine, il sortit ensuite deux assiettes, des couverts propres et deux verres. Cela n'avait pas grande utilité contenu du repas de ce soir, mais le jeune homme avait bon espoir que Joy ne comprendrait pas la supercherie. Et puis, si cela ne fonctionnait pas, et bien qu'importe, cela ferait sans doute rire la demoiselle. Tout du moins, il l'espérait.

Bien heureusement pour lui, il fallut moins d'une demi-heure au livreur pour venir frapper, la précieuse nourriture sous le bras. Bien vite, Taehyung le remercia, paya sa commande et installa le tout sur la table parfaitement dressée. À présent, il n'avait plus qu'à attendre et, là, les mains vides et l'esprit inactif, il sentit l'angoisse monter de nouveau. Il n'avait toujours aucun message de sa belle, et la peur commençait à lui nouer l'estomac. Ne lui aurait-elle pas envoyé un message si le procès avait été un succès ? Fort heureusement pour lui, la porte d'entrée finit par s'ouvrir sur la demoiselle, encore vêtue de sa robe noire et de ses talons étincelants, ses cheveux tirés douloureusement en un chignon serré. Quelques mèches vénitiennes venaient à présent encadrer son visage de poupon.