L'enfant de Livai Ackerman.

-51-

-Qu'est ce qu'ils ont fait ? demanda-t-il à Livai.

Le ton de sa voix le fit sourire.

-Tu trouves ça drôle ? lança-t-il sèchement.

-Ce matin, reconnut-il, ça ne m'a pas fait rire du tout.
Quand ils sont entrés dans ma chambre d'hôtel sans y avoir été invités, j'ai eu plutôt envie de leur mettre mon poing dans la figure. Mais maintenant que je vois ta réaction, oui, je trouve ça drôle.

-Génial, il ne manquait plus que ça. Que tu t'allies à mes frères. J'aurais dû m'y attendre. Vous vous ressemblez tous tellement.

-Je te demande pardon ?

-Ah, tu es vexé maintenant ? Moi, c'est ça qui me fait rire. Tu ne t'en rends même pas compte. Toi, Chance, Boris et Luke, vous êtes des hommes arrogants, autoritaires et sûrs de vous. Vous croyez savoir tout sur tout et vous ne prenez pas le temps d'écouter les arguments raisonnables des autres.

-Ah bon ? Je crois pourtant avoir été plus que raisonnable jusqu'à maintenant.

-Jusqu'à maintenant, oui, concéda-t-il. Mais qu'est ce qui me dit que tu ne vas pas tout à coup décider de me faire un procès pour obtenir la garde de Mika ?
Ou que tu n'es pas venu précisément pour me l'enlever ?

-Parce que j'ai appris son existence il y a deux jours ?
J'ai l'habitude de m'adapter à toutes les situations, mais j'ai tout de même besoin d'un peu plus de temps cette fois ci.

Comme il se garait sur le parking du magasin et coupait le moteur, il se tourna franchement vers lui.

-Combien de temps, Lili ? Quel sursis m'accordes tu avant de me poursuivre avec tous tes avocats ?

Il se tourna à son tour pour le regarder dans les yeux.
Tandis que le silence se prolongeait, Eren remarqua du coin de l'œil les gens qui allaient et venaient à l'extérieur et les nuages qui s'amassaient au dessus de la ville, annonçant de nouvelles chutes de neige.

-Qui a parlé d'avocats ?

-Je m'attendais à ce que tu le fasses en premier, reconnut-il. Mais je te préviens, si tu mêlés des avocats à cette histoire, j'en ferai autant.

-Oui, je m'en doute. Donc pas d'avocats. C'est entre toi et moi.

Eren libéra la respiration qu'il avait retenu sans s'en rendre compte. Il n'avait pas à s'inquiéter d'être traîné en justice, en tout cas pas dans l'immédiat. Livai changerait peut être d'avis à terme, mais pour l'instant il pouvait se détendre un peu.

-Bon, dit-il. Ça me va. Alors comment allons nous procéder ?

-Pour commencer, tu vas devoir t'habituer à me voir dans les parages. Avec Mika. Je retournerai régulièrement au Texas pour le travail, mais je prévois de passer du temps ici. Beaucoup de temps. N'essaie pas de m'en dissuader, Ren, prevint-il. Pour le reste, nous aviserons au fur et à mesure.

Cette perspective était loin de l'enthousiasmer. Néanmoins, il aimait mieux cela qu'une procédure interminable qui tournerait au pugilat et qui ferait du mal à tout le monde, à commencer par Mika. Eren n'avait aucune envie de faire entrer Livai dans le cocon qu'il avait si soigneusement bâti pour sa fille et lui, mais, hélas, il n'avait pas d'autre choix.

En plongeant les yeux dans son regard sublime, il éprouva la même irrésistible attirance qu'autrefois. Il allait devoir rester sur ses gardes pour ne pas céder à la tentation. Il ne devait surtout pas deviner le pouvoir qu'il avait sur lui. Même si cela s'annonçait difficile, il allait à tout prix devoir dominer les sentiments dangereux qu'il avait eu pour lui et qu'il venait de faire renaître en revenant dans sa vie.

Livai n'avait jamais voulu fonder de famille. En découvrant qu'Eren pouvait en avoir et lui avait caché Mika pendant 5 ans, il avait été heurté dans sa fierté, voilà pourquoi il était venu jusqu'ici. Il attendait des réponses. Une fois qu'il les aurait, il rentrerait certainement chez lui et chacun retrouverait le cours normal de sa vie. Tout ce qu'il avait à faire, c'était tenir bon jusqu'à ce qu'il se souvient qu'il était attaché à sa vie sans engagement et sans enfant.

-Alors nous sommes d'accord ? demanda-t-il.

Il attendit sa réponse en le regardant fixement.

-Oui, dit-il. Nous sommes d'accord. Pour l'instant.

-C'est un bon début.

Sur ces mots, il ouvrit sa portière pour descendre de voiture.