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En voyant Reiner entrer dans son bureau avec un sac du Royal Dîner, Livai le regarda avec stupeur.

-Vous avez fait livrer un déjeuner depuis Royal ? demanda-t-il sans y croire vraiment.

-Non. Eren est passé à l'instant. Il a déposé ça pour vous, mais il est reparti en voyant que vous étiez occupé.

Occupé. Livai repensa aussitôt à tout ce qui venait d'être dit dans son bureau. Eren avait-il entendu ? Était-ce pour cette raison qu'il était parti ? Oh ! non. Il bondit de sa chaise et se précipita vers la porte.

-Je reviens ! lança-t-il à Reiner.

N'ayant pas la patience d'attendre l'ascenseur, il dévala les escaliers jusqu'au parking sous-terrain. Pourquoi diable avait-il choisi aujourd'hui pour lui faire une surprise ?
S'il avait entendu les paroles échangés pendant la réunion, il devait être furieux. Mais il se calmerait après avoir entendu ses explications.
Il arriva au sous-sol à l'instant même où il sortait de l'ascenseur. Dès qu'il le vit, il lui jeta un regard terrible.
Il allait peut-être avoir plus de mal que prévu à se justifier.

-Ren...

-Tais-toi, lacha-t-il en passant près de lui sans s'arrêter. Je ne veux pas parler avec toi maintenant.

Il le prit par le bras pour le retenir et ignora l'expression furieux de son visage. Leur voix résonnait dans le parking froid et sombre.

-Tu ne comprends pas, dit-il.

-Au contraire, j'ai très bien compris, affirma-t-il en se libérant d'un geste brusque. Gros titan à contrarié tes plans.

-Oui, c'est le moins qu'on puisse dire.

-Et tu n'as fait que nous mentir, à Mika et moi, pour te servir de nous. Pour sauver cette fusion ridicule qui a tant d'importance à tes yeux.

Il se sentit à la fois insulté et coupable. Il y avait trop de vérité dans ce qu'il venait de dire pour qu'il y reste insensible.

-Cette fusion était importante, reconnut-t-il. J'y ai consacré beaucoup d'efforts pendant 2 ans. Mais à aucun moment je ne me suis servi de vous.

-Bien sûr, répliqua-t-il, sarcastique, en le dévisageant avec dureté. Je te crois.

-Je vois bien que non, dit-il, dévoré par un affreux sentiment d'impuissance. Je ne sais pas ce que tu as entendu...

-Tout ce que j'avais besoin d'entendre.

Il essaya de se remémorer rapidement ce qui avait pu se dire au moment où il était venu.

-C'était hors contexte, dit-il pour se défendre.

-D'accord.

Cette fois, il laissa éclater sa colère.

-Est-ce que tu vas m'écouter au lieu de faire semblant d'acquiescer pour que j'arrête de parler ?

-Je veux bien faire ce qui me permettra de partir d'ici au plus vite, répondit-il en s'arrêtant net, les bras croisés.

Irritant, fascinant, exaspérant. Voilà ce qu'il était.

-Est-ce que ces photos de nous 3 ensemble m'ont rendu service ? Oui, admit-il. Mais ai-je tout organisé ? Non. Je ne t'ai pas menti, Ren.

-Ah bon ? Explique-moi pour la chambre de Mika, dans ce cas.

-Pardon ?

-Les peintures murales, les tapis, le mobilier, les jouets.
Tu as commencé à préparer notre arrivé bien avant de nous inviter au Texas. Tu avais tout prévu depuis le début.

-Oui, répondit-il, refusant de lui mentir. Quand j'ai appris que j'avais une fille, une adorable petite fille que son père m'avait caché pendant cinq ans, j'ai fait aménager une chambre pour elle. Cela fait-il de moi quelqu'un de mauvais ?

Il secoua la tête.

-Tu ne comprends rien. Tu n'as jamais rien compris, dit-il en repartant.

-Alors c'est comme ça ? Tu t'en vas sans finir notre conversation ?

-Notre conversation est fini.

Il marcha d'un pas rapide jusqu'à sa voiture, faisant claquer ses chaussure sur le sol. Il n'essaya pas de le retenir. Il préférait lui laisser le temps de se calmer. Une fois rentrée, il pourrait respirer et réfléchir à tout cela.

-Oui, se dit-il tout haut alors qu'il démarrait. D'ici quelques heures, ce sera passé. J'arrangerai tout ce soir.

L'enfant de Livai Ackerman. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant