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Il se leva aussitôt d'un bond et porta instinctivement la main à son cœur, comme pour contenir ses battements soudain effrénés.

-Que faites-vous ici ? demanda Chance.

-Je suis venu voir Ren. Et ma fille.

C'était la voix de Livai. Dure. Implacable. Il se sentit revivre en l'entendant. Il n'arrivait pas à y croire. Il était venu jusqu'ici. Mais pourquoi ? Il se tourna vers la porte et se figea dans l'attente de le voir apparaître.

-Laissez-moi passer, Chance.

-Je vous ai prévenu de ce qui se passerait si vous faisiez du mal à mon frère ou à ma nièce.

-Ne vous mettez pas en travers de mon chemin.

-Vous ne les méritez pas.

-Vous avez sans doute raison, concéda Livai. Mais c'est ma famille, et personne ne pourra nous séparer.

Eren retint son souffle, bouleversé par ce qu'il venait d'entendre.

-Cette fois, prévint Chance, ne faites pas n'importe quoi.

Une seconde plus tard, Livai était là, le regard fixé sur lui. Il n'arrivait pas à y croire. Pour la première fois, ses yeux verts exprimaient ses émotions les plus profondes.
Pour la première fois, il ne cherchait pas à se cacher derrière un masque. Tout ce qu'il avait toujours rêvé de voir dans son regard bleu gris était là, comme s'il lui ouvrait son cœur avant même d'avoir prononcé le moindre mot.
Attiré par le bruit, Boris et Luke entrèrent à leur tour dans le salon, et les trois frères d'Eren formèrent un demi-cercle derrière Livai. En signe de soutien ? De menace ?
Il n'aurait su le dire et, en réalité, il s'en moquait.
Il ne voyait que Livai, et l'expression de son visage ne lui inspirait que de l'espoir.


***


Livai ne faisait pas attention aux frères d'Eren réunis pour faire front face à lui. Il s'était préparé en arrivant à devoir forcer le passage afin de le voir.
À présent, en le regardant, il sentait son cœur cogner contre sa poitrine et il eut l'impression de retrouver enfin son souffle après l'avoir retenu pendant 24 heures.
Il traversa la pièce et ne s'arrêta que quand il fut à quelques centimètres de lui. Il mourait d'envie de le serrer dans ses bras, mais avant cela il avait des choses à lui dire.
Ignora ses frères, il fixa du regard le seul homme qu'il ait jamais aimé et lui parla comme s'ils étaient seuls au monde.

-J'ai eu tort.

Il ne se cacha pas son surpris en entendant ses premiers mots.

-Je sais, dit-il avec un sourire triste. Je ne dis pas ça souvent. Mais j'ai été stupide. Aveugle. Têtu. Je n'aurais jamais dû te laisser partir il y a cinq ans. Et je ne peux pas te laisser me quitter maintenant.

-Lili...

-Non. Laisse-moi continuer, Ren. J'ai besoin de te dire des choses que j'aurais dû te dire depuis très longtemps.

Il acquiesça, faisant naître en lui une lueur d'optimisme. Il ne pouvait pas le quitter du regard. Ses yeux enchanteurs étaient grands ouverts, emplis de confiance et d'espoir mêlés.

-Tu sais, poursuivit-il, après la mort de ma mère, mon père a vécu le reste de sa vie dans la peine. Il l'aimait tellement qu'il ne s'est jamais remis de l'avoir perdue.

Il posa les mains sur ses épaules et lui sourit, heureux d'être là avec lui, de pouvoir de nouveau le voir et le toucher. Ce discours était le plus important de sa vie, et il devait absolument choisir les bons mots.

-Je me suis promis de ne jamais laisser un homme prendre une telle place dans ma vie. C'était la réaction de l'enfant que j'étais à l'époque, mais cette décision a guidé toute ma vie à partir de là. Jusqu'à hier. Hier, je me suis rendu compte que je n'avais jamais su regarder au-delà du chagrin de mon père. J'ai alors compris que le bonheur qu'il avait connu avec ma mère valait tous les risques, que c'était plus précieux que tout.

L'enfant de Livai Ackerman. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant